ACTE 3 - SCÈNE 2

7 0 0
                                    

Tous les personnages sont soit debout, soit assis sur le canapé ou sur un siège de la cuisine pour échanger.

Sylvain : Je m'en doutais, je m'en doutais !

Alix : Mais comment tu peux dire ça ? Les sondages n'indiquaient pas du tout ça !!

Sylvain : Mais enfin, comment peut-on encore croire aux sondages ?? Ils se sont tellement trompés ces dernières années ! Mais non, j'ai lu, j'ai écouté, je suis allé chercher d'autres sources d'informations, moi ! Et Radio Londres l'avait prévu !

Juliette, ironique : Ah bah, si, Radio Londres l'avait dit...

Sylvain, en haussant les épaules : Eh oui ! Mais enfin, vous ne vous en doutiez pas ?? Toutes ces manifs, cette colère...

Eddy : Oui, comme d'hab, quoi...

Sylvain : Beh, non, pas comme d'hab'... A un moment, ça déborde, et ça déborde jusque dans les urnes !

Alix : Mais pourquoi tu n'as rien dit ?

Sylvain : J'sais pas moi, je m'intéresse, et je pensais que vous aussi... Tout à l'heure, vous parliez des programmes...

Alix : Oui, enfin, à part ça, j'avoue que je n'ai pas trop cherché à aller plus loin...

Gabriel : J'ai écouté quelques interviews, suivi le débat...

Suzie, fière d'elle : Moi, j'ai lu leur portrait dans je ne sais plus quel magazine féminin !

Juliette, haussant les épaules en écoutant cela, ironique : ça devait être super pertinent... et très fouillé... Non, moi, je suis allée à un meeting !

Eddy, surpris : Quoi ? Tu ne m'as rien dit !?

Juliette : C'est mon collège, prof de maths, qui m'a proposé. Je n'ai pas pactisé avec l'ennemi, si c'est ça qui t'inquiète...

Sylvain : En même temps, ça aurait pu être intéressant de regarder ce qui se faisait de l'autre côté.

Juliette : Mouais... je ne suis pas sûre que j'aurais tenu 5 minutes sans réagir au milieu d'un parterre avec de telles idées... Tu me connais, je n'aurais pas pu m'empêcher de l'ouvrir !

Sylvain : T'exagère ! Y a certainement des gens biens... Tu aurais appris plein de choses.

Alix : En tout cas, Swan s'est pas mal informée via les associations dans lesquelles elle milite. Je crois qu'ils avaient créé un groupe Whatsapp pour partager des infos ! Et Eloi, lui, il faut des rencontres, du concret. Je crois qu'avec ses potes de lycée, ils ont convaincu leur prof d'histoire d'aller interviewer les gens dans la rue pour comprendre les thèmes de l'élection qui les intéressaient !

Gabriel : Je reconnais bien Eloi et son sens du terrain ! Mais pourquoi veut-il faire SciencesPo ? Il va devoir rentrer dans un moule...

Alix, un peu énervée de devoir se répéter : Oui, mais ce qu'il veut, c'est changer les choses de l'intérieur ! Il faut donc qu'il y rentre à l'intérieur !!

Gabriel : Oui, mais il va finir hors sol...

Juliette : ça dépend... Je pense qu'il a aussi envie de débat, de confrontation...

Alix : Oui, c'est ça !

Sylvain : Ah c'est sûr qu'avec ce résultat, il va en avoir des choses à défendre !

Alix, regardant soudain son portable : Un message de Swan !

Elle sourit.

Alix : Bon, avec son langage habituel "Putain, fait ierch... ! On ne se laissera pas faire ! Je file au local de l'asso. Je vous dis quand je rentre, peut-être demain matin. Bisous".

Juliette, attendrie : Je reconnais bien là, ma Swan ! Une vraie passionaria !

Eddy : N'exagère pas, c'est de son âge de se rebeller !

Juliette, très énervée : Ah oui ?! Y a une date limite de rébellion ? Après, c'est "une tisane et au lit" ! Pas de manif, pas de poing levé... ?

Eddy, conciliant : T'énerve pas... C'est juste qu'après, on a moins de temps, on bosse... tout ça !

Juliette : Oui, je sais, y a plein de façon de se rebeller : la consommation, le vote (Eddy gêné...)... Mais enfin, quand il faut descendre dans la rue pour dire ce qu'on pense et surtout dire qu'on n'est pas d'accord, y a pas d'âge !!

Suzie, reprenant la parole, pour essayer de dépassionner le débat : En tout cas moi, j'ai rien vu... Je ne fréquente pas encore pas beaucoup le milieu artistique (échanges de regard entre les autres avec petit sourire), et au collège, je ne côtoie que des élèves, et quelques profs... c'est resté soft.

Gabriel : Oui, enfin quand même, j'ai surpris des conversations dans la salle des profs, j'ai été un peu étonné. Je me suis même dit que j'avais mal entendu. J'ai aussi entendu des élèves parler entre eux, c'était surprenant !

Juliette : Oui, enfin, ils répètent souvent ce qu'ils entendent chez eux.

Gabriel : Oui, OK, mais c'est un bon indicateur quand même !

Sylvain : De toute façon, cette année, vous vous mettiez à la terrasse d'un café, et vous écoutiez les discussions ! Là, vous aviez la vraie température du pays !

Eddy : Mouais... c'est quand même de la politique de café du commerce !

Sylvain : peut-être, mais vaut mieux cela que pas de politique du tout ! Et moi, je trouve que c'est intéressant d'écouter dans les cafés. On capte des bouts de vie, des bouts d'histoire, on comprend beaucoup de choses... Et là, cette année, il aurait fallu que nos hommes politiques...

Juliette, le coupe : et nos femmes... !!

Sylvain soupirant : oui, nos hommes et nos femmes politiques passent plus de temps au café !

L'élection (pièce de théâtre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant