Après ça j'avais continué de vivre comme avant, seulement, je fumais, toujours plus. D'une cigarette le soir j'étais passé à une le matin et une le soir avant d'en rajouter une le midi, puis une dès que je pouvais. Mes crises se multipliaient et les lignes rouges sur mon corps aussi.
Je ne me contrôlais plus, j'allais au boulot et j'y faisait mon travail avec automatisme, ne pensant a rien d'autre que ma douleur et mes souvenirs. Il n'y avait qu'aux côtés d'Ayden que je vivais un minimum.
* *
*J'avais fini par arrêter de travailler. Je passais mes journées dans le lit ou dans le canapé à attendre le retour d'Ayden, aillant pour seule compagnie mes démons. Mes journées s'enchainaient inlassablement. J'enchainais les crises, les cigarettes et les dessins sur ma peau. Le soir Ayden rentrait, je faisais semblant d'aller un peu mieux que mon état réel, et on faisait toujours la même chose. S'assoir dans le canapé et "discuter".
Petit à petit je passais plus de temps dans le lit allongé à ne rien faire à part fumer. Et je m'en voulais, je m'en voulais tellement, mais j'étais incapable de me lever. J'en avais envie hein, de manger avant d'aller au boulot. Mais j'en était incapable. C'était à peine si j'arrivais à me lever pour aller aux toilettes. Le corps humain est très bien fait, quand on commence à se retenir, on peut le faire très longtemps. Je me lavais à peine, quand j'allais dans la salle de bain c'était soit pour me mutiler, soit pour prendre une douche bouillante et frotter ma peau jusqu'au sang. Je ne mangeais presque plus. Déjà qu'avant je mangeai très peu, c'était de pire en pire. Je ne mangeais qu'un tout petit peu le soir quand j'etais avec Ayden, c'était le seul moment où je me levais. Et encore, petit à petit je le faisais de moins en moins souvent.
Je n'arrivais plus à me lever le matin. Ayden partais en cours j'étais en train de dormir et le soir quand il rentait j'étais toujours dans le lit, ne m'étant à peine levé de la journée. Je dormais un maximum, c'était les seuls moments où mon cerveau ne repassait pas en boucle les pires trucs de ma vie. Enfin, ça ne marchait que quand je prenais des somnifères.
Mes journées s'enchainaient comme une boucle sans fin dans laquelle je m'enfonçais toujours plus. Et petit à petit j'arrivais de moins en moins à penser à Ayden, petit à petit c'était même comme si je l'oubliais. Comme si j'oubliais tout ce que nous avions fait ensemble, les soirées à discuter, quand on s'était mis en couple, toutes nos premières fois. Tout disparaissait à petit. Tous les moments de joie, de tendresse, les soirées à l'écouter parler. Il ne me restait plus que la souffrance. J'en arrivais à me demander si j'avais un jour été heureux, si j'avais déjà passé une journée sans penser à tout ça.
Et je savais qu'Ayden voyait mon état, je savais qu'il faisait tout son possible pour m'aider, qu'il ratait carrément des cours pour rester avec moi. Mais j'étais dans un état tel que même en étant contient de sa présence à mes côtés je n'arrivais plus à me concentrer sur lui et seulement sur lui. J'était encore moins bavard qu'avant si c'était possible. Je répondais à peine quand il me parlait et quand je le faisais c'était souvent d'un mouvement de tête. Le pire c'est que je me rendais à peine compte de tout ça.Je n'était plus qu'une épave qui survivait à peine, je n'arrivais plus à différencier le jour de la nuit, je n'arrivait plus à différencier les différents sentiments qui pouvaient me parcourir, j'arrivais même plus à ressentir de l'amour face à Ayden tellement j'étais au plus bas.
À un moment que je ne pourrais définir, Ayden c'était assis à mes coté et m'avait parlé de sa voix calme et posée : " Tu es dans un état de pire en pire mon cœur, ça te dit on va passer un weekend tous les deux à la mer pour te faire changer d'air ?"
J'avais hoché la tête pour accepter et Ayden s'était relever du lit reprenant la parole :" On va aller prendre une douche d'accord ? Ça va te faire du bien. Et on part demain matin. "
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Carnet
Ficción GeneralEt il avait oublié, il avait oublié la sensation de ressentir quelque chose. Il avait oublié ce que c'était de vivre. Il avait oublié ses sentiments, ses émotions. Il avait oublié de vivre, il survivrait seulement. Il avait oublié le temps. Il avait...