7 : Crise d'angoisse

55 2 4
                                    

La rentrée avait fini par arriver et Ayden avait commencé ses études dans sa fac de médecine. Moi j'avais continué de travailler dans le bar mais à plein temps maintenant. Malgré que nos horaires ne correspondaient pas vraiment et qu'Ayden était très pris par ces études nous trouvions toujours du temps l'un pour l'autre.

Mais un jour, mon sentiment de culpabilité avait fini par devenir plus fort que ma honte. C'était pendant le mois de décembre, vers le début. C'était un soir, étonnamment tout ce passe toujours le soir, c'est dingue vous ne trouvez pas ?

Bref, nous étions dans le canapé en train de se câliner avec la télé en fond sonore, comme tous les soirs quand j'ai décidé d'en parler : " Ayden ? j'ai un truc à te dire. "

Il m'a regardé l'air inquiet. C'est vrai qu'il était plutôt inhabituel que je prenne la parole de façon spontané et surtout avec sur le ton sérieux et plutôt triste que j'avais emprunté. Aillant son attention j'avais repris la parole : " J'ai recommencé à me mutiler et je fais des crises d'angoisses de plus en plus souvent. Ça fait depuis le début des vacances. Je n'ai jamais voulu t'en parler tellement j'ai honte d'avoir replongé là-dedans, mais ma culpabilité de pas t'en parler a finis par devenir plus forte que ma honte. "

Ayden me regarda en aillant l'air triste pour moi, il resserra ses bras avec douceur, ma tête finie contre coup à respirer son odeur douce et apaisante. On resta là un bon bout de temps, nous n'avions pas bougé de position et il me berçait doucement. Ayden avait fini par prendre la parole : " Je ne t'en veux pas Nael, tu n'es pas obligé de tout me dire et encore moins quand il s'agit de truc dans ce style. La prochaine fois que ça arrive, n'hésite pas à m'en parler chaton, je suis là pour ça aussi, ça fait aussi partie de mon rôle de petit-ami de te réconforter quand tu n'es pas bien et de t'aider à aller mieux en toutes circonstances. Tu veux en parler, de ce qui ne va pas ? Quoi que ce soit je ne te jugerais jamais hein. "

J'ai eu les larmes aux yeux après avoir entendu Ayden dire ça. C'était la première fois de ma vie que quelqu'un était là pour moi de cette façon. Toutes les fois où j'avais parlé de mes souffrances à mes parents ou à Aristide personne ne m'avais jamais pris au sérieux et personne ne m'avais jamais dit qu'iel était là pour m'écouter ou me réconforter. Ayden était vraiment la meilleure personne que je connaissais. Et c'est à ce moment que je captais le surnom qu'il avait utilisé, et j'avais beaucoup apprécié. Bref il fallait que je lui réponde : " Merci Ayden, merci beaucoup d'être là pour moi comme ça. Ça fait tellement de bien de savoir que j'ai quelqu'un sur qui compter. Merci. Je viens de capter le surnom que tu m'as donné. J'aime beaucoup."

J'avais ponctué la fin de mes paroles d'un petit smack sur sa bouche. C'était la première fois que j'osais prendre une initiative de ce style, j'avoue que c'était plutôt agréable même si je préférais quand c'était Ayden qui faisait le premier pas. Ayden avait rattrapé mes lèvres des siennes et il m'avait embrassé à son tour, même si son baiser était plus poussé que le mien. Mes larmes avaient commencé à couler le long de mes joues sans raison, même moi je ne savais pas pourquoi elles coulaient. Ayden les avait senties et avait voulu s'écarter de moi, mais j'avais légèrement résisté, lui faisant comprendre que je ne voulais pas stopper ce baiser. Il avait donc resserré ses bras autour de mon corps avec douceur et nous avions continué de nous embrasser jusqu'à manquer de souffle. Ayden avait enlevé ses bras de mon dos et était venu essuyer mes joues couvertes de mes larmes qui avaient fini par se stopper. En me regardant avec une légère inquiétude il m'avait demandé :"Qu'est-ce qu'il y a ? Ça va ?

- Je ne sais pas, mais oui j'ai l'impression que ça va. Enfin je suis dans le même état que d'habitude quoi."

Ayden avais repassé ses bras autour de mon maigre corps. Il était encore légèrement inquiet mais il savait que je ne mentais pas. Ses lips s'était posée brièvement posée sur mes lèvres puis il avait commencé à discuter de tout et de rien comme à son habitude. Et nous avions finis par nous endormir là, le corps d'Ayden entourant le mien comme s'il cherchait à me protéger d'un mal extérieur.


Quelques jours plus tard j'avais refait une de mes crises d'angoisse devenue habituelle. Mais cette fois j'avais réveillé Ayden. Il avait tout de suite compris et était venus s'adosser à la tête de lit avant de me prendre sur ses genoux, face à lui. Les larmes qui dévalaient mes joues étaient de plus en plus abondantes et l'une des mains d'Ayden caressait avec douceur mon dos parcouru des soubresauts de mes sanglots, il avait pris la parole : " Parle chaton, raconte-moi ce que ne va pas, dit moi ce que tu ressens.

- Je me sens mal, je repense à Aristide et à l'époque où j'étais seul et à toi. Je ressasse tout jusqu'à avoir trop mal. Je repense à Aristide, à ses mains sur mon corps, à tout ce qu'il m'a dit, à son regard qui pouvait être emplis de dégout puis de désir avec même pas dix minutes d'intervalles. À ce que je ressentais pour lui, au fait que je n'ai jamais ni osé ni voulu partir malgré tout ce qu'il m'a fait. Je repense à toutes les traces qui emplissaient mon corps. À toutes les fines lignes qu'il voyait se dessiner sur ma peau. Ces traces qu'il regardait avec un sourire arrogant comme s'il était fier de savoir que je souffrais par sa faute. Je repense à toutes les fois où j'ai bu et ou je me suis drogué pour oublier et être moins conscient de ce qu'il me faisait pour un temps du moins. Je repense à toutes les fois je me suis dit que ce n'était peut-être pas une bonne idée de rester avec lui mais où je suis resté car je pensais que tout finirait par se calmer, que c'était juste une mauvaise passe. Je repense à quand il est parti et que je me suis retrouvé seul à pleurer dans notre lit, les draps poisseux de mon sang, de son sperme et de mes larmes. Je repense au temps que j'ai passé totalement seul à ne plus rien ressentir. À comment je suis tombé amoureux de toi petit à petit, au fait que je me rends maintenant compte que je n'aimais pas Aristide ou du moins que j'ai arrêté de l'aimer quand il a commencé à se monter possessif et violent. Je repense au putain de cercle vicieux dans lequel je suis tombé en même temps que je suis tombé amoureux de toi. Plus je t'aime plus je vais mal, plus je t'aime plus je ressens les autres sentiments et plus je les ressens plus je vais mal, plus je t'aime plus je repense à tout ça et plus je repense à tout ça plus je vais mal. Mais je t'aime et je suis prêt à continuer de ressentir tout ça et à aller mal si je peux continuer de t'aimer. Parce que quand je suis avec toi je vais bien, quand je suis avec toi je me sens bien et j'oublie tout ce que j'ai vécu, et même si ça me fout mal, même si ça me fait aussi souffrir à côté de ça je t'aime et c'est la plus belle chose au monde, alors je continue de souffrir en faisait tout pour souffrir le moins possible, en me mutilant, mais je supporte pour t'aimer. Quand je fais des crises je repense à tout ça et je sens les mains d'Aristide sur mon corps, je ressens plein de stress et d'angoisse, je sais très bien qu'il ne reviendra pas mais j'ai peur qu'il revienne, j'ai peur de revivre tout ça. J'ai peur que tu finisses par en avoir marre de moi, j'ai peur que tu partes, que tu arrêtes de m'aimer, je sais que si ça arrive ni toi ni moi ne pourrons rien n'y faire, mais j'ai peur. "

J'avais continué de pleurer tout le long de mon discours. Les bras d'Ayden c'étaient resserrées autour de mon corps et sa main qui au début carressait mon dos avait fini par venir de loger contre mon crâne pour jouer avec quelques mèches de mes cheveux sombre de façon apaisante. Il avait passé plusieurs heures à me réconforter dans son lit, qui devenait le nôtre au fur et à mesure du temps.

Je ne vais pas vous raconter tout ce qu'il a dit pour me réconforter, j'ai encore beaucoup d'autres choses à dire qui est plus importantes, mais il a passée beaucoup de temps à me réconforter ce soir-là.

Et ce fut loin d'être la dernière fois. Après ce soir-là j'avais continué de le réveiller à chaque fois. Mais au fur et à mesure du temps mes crises d'angoisse n'avaient plus lieux que la nuit, elle me prenait aussi dans la journée.

Il n'y avait qu'aux côté d'Ayden que j'étais pleinement serein. Au boulot aussi ça allait vu que j'étais concentré sur le taff, mais dès que je me retrouvais seul mes envies de mutilation et crise d'angoisses revenaient.

Heureusement j'avais Ayden, je sais même pas comment j'aurai tenu sans lui à ce moment-là.

________________

Un bon chapitre de transition. Il est pas ouf mais il montre bien l'état de Nael je trouve. J'ai hâte à la suite!

1597 mots

CarnetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant