La fille des Astres

Forbidden ✨

Morphée me dépose sans la moindre douceur dans la chambre des Galaxies, se dirigeant aussitôt vers la porte, sans plus aucun regard pour moi. Le son de la clef dans la serrure, résonne telle une condamnation. Puis plus rien, c'est le vide. Glacial, ce type ! À se demander s'il possédait un cœur...

Bien avant ma naissance, mère avait elle-même aménagé cette pièce à mon intention. Elle y avait mis tout son amour.

Lorsque je venais ici, les murs de cette chambre-salle de jeux dégageaient une douce chaleur. Mais lorsque j'étais là pour punition, tout ici devenait froid, assimilable à une cage.

C'était une immense pièce circulaire au décor à l'identité double.
Mère était à cheval sur la représentativité de notre famille. Je m'explique, éclairée la chambre des Galaxies était solaire. Pleine de couleurs vives, les murs était beige, avec des dessins de soleil représentants les divers avatars de père à travers le monde des humains. D'un côté il y avait Râ sur sa barque, puis Surya* tenant des lotus fleuris dans ses mains, de l'autre il y avait Amaterasu. Père avait lui-même peint sur les murs un majestueux phénix et un dragon, symboles du dieu Soleil.

Le toit était pourtant resté blanc, tout triste et sans vie. Père a dit qu'il me confiait le soin de l'égayer, quand le cœur m'en dira. S'attendait-il à ce que son amour pour l'art eut été transmise dans mes gènes ? Peine perdue alors ! Je n'avais aucun talent si ce n'eut été l'art de la maladresse.

Lorsque tout s'assombrissait, la chambre devenait lunaire et surtout stellaire. Là le toit prenait des couleurs,  il était fait de constellations. Les murs étaient marqués des visages de mère, ses soeurs ainsi que le mien qui faisait tâche au milieu de tous ces cheveux argentés et ces yeux bleus.

La chambre des Galaxies était une galerie de souvenirs. Par ci par là, des babioles qui m'amusaient étant enfant jonchaient le sol ; mon berceau, lui, trônait imposant dans le fond de la pièce. Accrochés à côté du berceau des portraits de mère exhibant sa divine maternité. Parfois au côté de père, la main possessive sur son ventre arrondie. Tout y avait été pensée, pour moi. Dans la salle des eaux une gigantesque fontaine de marbre en forme de loup illuminait la pièce. Au fond un grand bassin d'eau chaude aux propriétés revitalisantes.

Je  contemple cet endroit qui avait le don de me calmer. Mais rien ne se passe. Je demeure troubler. Alors de suite, je m'écroule sur le tyhal*, laissant exploser ma peine. De toutes mes forces, je pleure, attendant ma sanction.

Sur Terre : point de vue de Théodore

Les rayons du soleil s'infiltrant par les fenêtres, me réveillent doucement. La nuit m'a semblé étrangement longue et si reposante. Plus que tout, ce soir un rêve merveilleusement fantaisiste m'eut habité.

J'y avais fait la rencontre d'une demoiselle au charme irréel. Son visage ne me revient pas. Cependant, je peux sans exagérer, affirmer qu'elle était d'une splendeur sans égale.

Je m'en veux d'avoir oublié une telle beauté. Intérieurement, j'en ris car c'était plutôt futile. Pourtant étrangement important aussi...
J'ai beau cherché et essayé encore de me rappeler, mon esprit demeure confus.

_Je vous salue mon prince. Dit Hermann, entrant en trombe dans la pièce.

_Bonjour cher ami...

_Comment vous portez-vous ce matin ?

_Fort bien. J'ose espérer qu'il en est de même pour toi. Dis-je enjoué.

_Il semblerait que sa majesté soit de bonne humeur. Cela me réjouit vivement. Je ne peux alors que bien me porter.

Tu ne crois pas si bien dire. Le soleil me paraît plus que radieux en ce jour pourtant si chargé. Ç'aurait été beau d'en profiter un peu. Mais, le devoir ne saurait attendre.