Chapitre 4

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Peu à peu des éléments sortent du brouillard. Je me rappelle de mes dernières vacances avec mes amis du collège et de nos adieux déchirants. Aucun ne serait dans mon lycée. Le mois d'août avait été horrible, mes parents avaient pris quelques jours à la plage sans moi, m'abandonnant à mes jeux en ligne. Leur excuse, je n'étais pas seul vu que je jouais avec des millions de gens...

"S'il m'était donné sept chances..."

Ces premiers souvenirs qui m'ont traversé la nuit dernière me troublent. Comme si un moi qui m'était inconnu les avait écrit. 

"Si je me retrouvais perdu au cœur d'une forêt..."

Ceux-là, je les situe bien. C'était à la rentrée. Mais la terreur des monstres aux yeux incandescents occupe tout le reste. 

"Forêt des Lunes, pourquoi ce nom me dit quelque..."

- OOH ! Tu comptes boire tout le ruisseau ?! Grouille-toi !

Retour au présent. Une dernière gorgée, l'eau est d'une limpidité incroyable. Comme avec l'écorce, l'effet est immédiat. Tous mes muscles se délient comme s'ils étaient jusque-là rouillés. "Ça serait donc ça regagner des points de vies". Je me redresse, Au-dessus de moi, le soleil approche de son zénith, une légère brise chatouille les feuilles des arbres, devant moi j'aperçois un écureuil grimpant le long d'un tronc. Je réalise tout juste que je ne suis plus piégé dans la boucle.

Je rejoins Mad, il trompe son impatience en tapant du pied dans un arbre, un léger cliquetis sort du gros sac à dos en toile qu'il tient d'une main. Son regard est contrarié, un coup d'œil de mon côté, il saisit sa hallebarde et tourne les talons pour recommencer à marcher ou, devrais-je dire, courir sans décoller le pied.

- Ne pars pas si vite ! Ai-je le temps de lancer

- Quoi encore ? Alix, c'est ça ? C'est déjà la troisième fois qu'on s'arrête, t'as quoi dans les jambes ? De la roche ?

- Je ne peux pas marcher à cette vitesse, même en courant... Attends ! Ne pars pas déjà !

- Va dire ça aux arbres !

En deux pas à peine il me distance. Nous nous étions à peine présentés qu'il avait changé d'attitude et s'était mis en route. Le voilà qui recommence, je m'élance à sa suite tant bien que mal. L'allure est impossible à suivre, le sol irrégulier est entravé de ronces et d'arbustes à chaque mètre, tout pour avancer... Un bruissement sur ma droite attire mon attention, je surprends mon corps à s'emballer, mais au loin, seul un chevreuil détale en nous voyant. Je l'observe un instant disparaître entre les arbres avant d'expirer longuement.

- OOOOH !!!

Je sursaute et repars.

Dix minutes plus tard, je n'en peux plus, mes jambes me brûlent, le souvenir de mes cours d'endurance me revient. "Moi qui trouvais déjà horrible de faire deux tours de piste...". Au collège avec mes camarades, on se soutenait au moins, mais perdu ici, je suis seul avec ma douleur.

Vingt minutes plus tard, ma course est devenue une marche laborieuse, je ne sais même pas où on va. Tout a l'air évident pour lui devant, moi je transpire toute l'eau de mon corps, je tangue, une racine m'achève, je m'effondre, exténué. Mon cœur bat dans ma tête quand le visage dur de Mad se glisse au-dessus de moi.

- T'as tout donné n'est-ce pas ?

Je tousse en guise de réponse. Il prend un air pensif.

- C'est pas que t'es fatigué. C'est plutôt que t'as aucun entraînement. Tes muscles sont faibles et ce pantalon te gêne... Comment t'as pu atterrir ici ? On va faire quelque chose.

Try Again !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant