Try Again !

Chapitre 8

"WoW m'avait permis de sympathiser avec des camarades de ma classe. Parler leur jargon m'avait fait exister à leurs yeux et ils m'avaient laissé rejoindre le "club".
Nous étions six, quatre garçons, moi-même et la bohème. Je pourrais écrire beaucoup sur chacun d'eux, mais la bohème prenait toute la place. C'était une fille drôle, elle se joignait à nos jeux quand elle voulait, repartait puis revenait, quand elle voulait. Elle nous rendait fous.
C'était encore la belle époque ... (Une larme tombe sur le papier) ... si j'avais su... si j'avais su ce qui se passerait ensuite..."

Nous nous faufilons entre de jeunes arbres. Mon tee-shirt s'accroche dans une branche, en le détachant, je trouve un nouveau trou et une nouvelle tâche sur mes habits. Je dois puer, je n'avais jamais passé autant de temps sans me doucher.

- J'espère qu'on te trouvera des chaussures chez le vieux, tes pompes sont à jeter. Compatit Mad.

Un louveteau, langue pendue, passe devant moi, je fronce les sourcils et fais un détour pour l'éviter.

"Je ne suis pas prêt de me faire à ceux-là".

Je me perds à nouveau dans mes pensées. Le dernier souvenir en pleine nuit m'a laissé trempé de larmes.

« Quelque chose de grave s'est passé après ça, mais quoi ? Il y a forcément un lien avec cet endroit, mais lequel ? »

Trop de choses ressemblent au jeu WoW, et dans le même temps les différences s'accumulent, la prophétie de la Pierre de Vérité et maintenant ce village. Dans le jeu, j'obtiens ma première arme, mes premiers équipements. Je rencontre des PNJ (Personnage Non Joueur) importants pour la quête principale, mais surtout j'y rencontre les premiers joueurs.

« Qu'est-il advenu de tout cela ? »

Devant moi apparaissent bientôt les lignes d'habitations au milieu d'une plaine. Les murs faits de pans de bois m'intriguent de suite, ils sont recouverts de lierre.

- Voilà le village abandonné ! répond Mad à mon air interrogateur.

Maintenant hors des bois, la houle des herbes et fleurs sauvages charme nos narines avec un bouquet de senteurs. Le bourdonnement d'abeilles et autres amateurs de pollen répond aux murmures de la forêt. L'un des petits monstres aboie à la lisière puis rattrape les autres, ils ne nous suivent pas.

Alors que je distingue de mieux en mieux le paillage sur les toitures, Mad change de position. Quelques pas plus loin, il saisit sa hallebarde à deux mains. Mon pouls accélère. La façade de la première maison est éventrée, à l'intérieur tout est saccagé, je déglutis.

"Village déserté, vies déchiquetées, silence suspendu, à ces maisons perdues"

« Encore cette voix ! Pourquoi maintenant ? »

- Que s'est-il... ?

- Chut ! m'interrompt Mad

Il s'accroupit à côté d'une trace de pas récente.

- Des bandits profitent parfois de ce genre d'endroit pour établir leur repaire. Ça a coûté la vie à un Ghoulslayer de notre équipe pas loin d'ici.

Je perds le contrôle de ma respiration, brusquement des sons que je ne remarquais pas font vibrer mes tympans. Une envolée d'oiseaux, un bourdon, les jappements des petits monstres. Comment se fait-il que je les entende si clairement ? La chaussure de Mad frotte contre le sol, mais il me semble entendre un coup de tonnerre. Le Ghoulslayer se relève.

- Pas de raison de s'inquiéter cette fois, c'est juste les empreintes du vieux.

- Qu'est-ce que c'était ?