Chapitre 11

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J'avale le fruit que m'a donné Mad, le goût de sang et la bosse sur mon crâne disparaissent et nous redescendons la colline.

- Ça ira pour aujourd'hui. Tu sais pas te battre, mais t'as assez de mordant pour te défendre. Oublie pas de viser les jambes ou les bras, tes attaques de face sont prévisibles.

Je l'insulte intérieurement.

En bas, le vieux forgeron nous accueille à la porte, Mad rassemble les outils de travail les plus transportables. Mad pense qu'en reprenant son métier en ville, il pourrait guérir. Le chasseur empile tout sur une charrette usagée trouvée à l'arrière de la bâtisse. Je ne l'aide pas.

Le ciel devenu moutonneux revêt une robe sanguine pour saluer le soleil.

- Mendy ! MENDY ! crie le vieil homme. Rentre vite !

Les dernières lueurs s'estompent, il se met à trembler de plus en plus. Je m'approche de lui, son visage est transpirant, il vacille, je le rattrape, sa peau sous ses vêtements a épousé la forme de ses os. Il se dégage, nos regards se croisent et je vois le vide dans ses yeux, comme un tas de cendres balayé par le vent, mais un bref instant, un bourgeon.

"Il n'est pas complètement perdu".

L'envolée des feuilles vers la Lune le ramène à sa folie. Mad me fait signe de ne pas insister et nous rentrons à la suite de notre pauvre hôte. À l'intérieur, ce dernier allume quelques bougies puis rapporte des tranches de viande séchée qu'il mange dans son coin, tandis que le Ghoulslayer croque quelques fruits secs que je m'oblige à consommer.

- Heureusement qu'on part demain, il lui reste presque plus rien...

Silence.

- T'as retrouvé la mémoire sur d'autres choses n'est-ce pas ?

Je m'étonne qu'il le devine, mais ne lui réponds pas. Il laisse filer quelques secondes avant d'attraper son sac pour y chercher quelque chose.

- C'étaient pas des bons souvenirs, on dirait...

Je ne réponds toujours pas.

Mad sort deux petites gourdes en peau, des mèches semblent en dépasser. Il récupère ensuite une plus grosse gourde, une odeur d'huile mélangée à quelque chose comme un hydrocarbure s'en échappe.

- S'il suffit de te cogner assez fort pour combler les trous, on aura peut-être pas besoin d'herboristes, au final...

- Plus jamais je ne refais ça. Je n'ai pas envie de jouer ton jeu de mort... Je veux juste quitter cet endroit. Après ça, je ne toucherai plus d'épées ou de lances. C'était une mauvaise idée de rejoindre ce « club »...

- Ah ! Un nouveau souvenir ? Un « club », c'est quoi ? Quelque chose comme les salons bourgeois ? Esther m'en a parlé. Si tu fais vraiment partie de ces riches-là, ta langue a quand même intérêt à être bien affutée, tu sais ?

- Je ne veux pas en faire partie. Je désire juste un travail cool qui me rapporte assez d'argent pour vivre bien avec des amis qui ne me prendront pas la tête.

Mad sourit en coin tout en continuant ses manipulations. Il ouvre une petite gourde, resserre des fils, ses doigts se promènent entre les objets avec assurance.

Un instant, il relève la tête.

- Bizarre je pensais que les loup-ghouls rappliqueraient plus tôt, s'étonne-t-il en fronçant les sourcils.

Je tends l'oreille, aucun bruit en effet.

- Que fabriques-tu ?

- Des "bombes à feu". T'allumes la mèche ici, tu les balances sur une Ghoul ou un bandit et il sera cuit en un rien de temps. Ça demande un peu d'entretien pour qu'elles ne coulent pas.

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