[Sterek] Instinct de survie

Chapitre 1

Stiles Stilinski est un adolescent lambda. Âgé de dix-sept ans, il va au lycée comme tous les jeunes de son âge, s'intéresse aux filles comme tous les jeunes de son âge, passe du temps avec ses amis comme tous les jeunes de son âge ... Il n'a rien de plus extraordinaire qu'une voiture de plus de vingt ans, qui tombe en panne presque plus souvent qu'elle ne démarre. Ou peut-être que si, finalement. Peut-être qu'il a quelque chose d'extraordinaire, comme un meilleur-ami loup-garou ou quelques autres copains tous aussi lycanthropes que ce dernier.
A y réfléchir, la seule chose qui n'est pas banale dans l'existence de Stiles, c'est justement sa vie, son quotidien. Entre recherches de cadavres et courses poursuites avec des créatures surnaturelles, ils sont loin les jours où Stiles trainait dans les rues sans autre objectif que celui de discuter jeux-vidéos avec son ami d'enfance.
Il aime sa vie. Il aime ses amis et il donnerait n'importe quoi pour eux et pour protéger leur secret surnaturel. Mais il doit bien avouer que parfois, ce secret lui pèse bien plus qu'il ne veut bien l'admettre. Le moindre faux-pas lui fait risquer la vie de l'un de ses proches, et son humanité le rend plus vulnérable que quiconque dans chacun de leurs combats pour protéger la ville.

- Stiles ! Tu vas encore être en retard !

L'adolescent serre les dents, enfouissant sa tête dans son oreiller. Il voudrait rester là, encore. Se cacher quelques heures, quelques jours. Peut-être des mois entiers. Ou même pour toujours.
Il ne répond pas, dans l'espoir vain que son père l'oubliera.

- Stiles ?

Noah Stilinski passe la tête dans l'encadrement de la porte et pose ses yeux sur ce fils encore à moitié endormi. Depuis quelques temps, Stiles n'est plus aussi énergique qu'avant. Evidemment, Noah ne se fait aucune illusion : aucun adolescent de cet âge n'est enchanté à l'idée de passer ses journées assis derrière un bureau, et encore moins son hyperactif de fils. Mais tout de même, Stiles n'a jamais rechigné à quitter la maison familiale le matin. Peut-être est-il simplement fatigué par ses cours.

- Allez, coco, c'est l'heure. Je dois y aller, ne te rendors pas.

Stiles grogne longuement, faisant mine d'être encore dans les limbes du sommeil. Mais il n'y est plus. Il attend seulement que son schérif de père quitte la maison, pour se résigner à quitter ses draps si réconfortants.
Voilà des semaines que ça dure. Des semaines qu'il se noie dans l'angoisse la plus totale à chaque fois que son réveil sonne et qu'il doit rejoindre le lycée. Il ne veut plus y aller. Ce n'est plus un endroit pour lui.
Même la meute, aussi importante soit-elle à ses yeux, ne suffit pas à désamorcer la bombe qu'il tient entre ses mains. Elle est même une circonstance aggravante de sa situation actuelle.
A travers les stores, le soleil caresse son visage. Une migraine lui mange les tempes depuis qu'il a ouvert les yeux. Il cligne plusieurs fois des paupières en contractant ses mâchoires. Si seulement il pouvait être moins dérangé par ses propres états d'âme. Mais il n'a pas le choix. La vie continue, et surtout il doit donner le change pour protéger ses amis. Voilà à quoi il en est réduit depuis plusieurs semaines : faire semblant, pour que tout fonctionne correctement.
Alors, Stiles se lève à contre coeur. Il se douche sans aucune énergie. Avale un maigre petit déjeuner sans le moindre appétit. Et prend sa jeep avec toute la mauvaise foi du monde. S'il pouvait se faire flasher pour vitesse trop basse, il n'aurait peut-être déjà plus son permis.
Sur le trajet, son téléphone se met à vibrer. Il ne parvient pas à l'attraper à temps pour répondre à Scott, qui s'inquiète probablement de son énième retard. Il parvient finalement à poser ses doigts sur l'objet et le ramène devant ses yeux, pour écrire un texto rassurant tout en regardant la route par intermittence. Scott assure qu'il le couvrira en classe, s'il n'arrive pas à temps, et Stiles ose espérer qu'il arrivera effectivement en retard. Ca lui épargnerait bien des désagrément et il préfère de loin les heures de colle à ce qui l'attend réellement.

Lorsqu'il arrive sur le parking du lycée, alors qu'il ne reste qu'une poignée de minutes avant la sonnerie annonçant le début des cours, il espère encore qu'il pourra échapper à cette sombre journée qui l'attend. Comme tous les matins, il se fait optimiste malgré la poisse qui semble le pourchasser comme une fan enragée.
Mais malgré lui, toutes ses angoisses remontent à la surface et lui coupent le souffle. Il n'y arrivera pas, ne se sent pas capable de faire face.
Il cherche ses amis des yeux, parmi les quelques étudiants encore restants. Les groupes se dispersent, désertant peu à peu le parking. Les nombreuses voix ne deviennent plus que quelques murmures discrets, jusqu'à ce que les portes principales se referment sur les derniers retardataires.
Il est seul. Scott et les autres sont probablement déjà en classe ou devant une porte close, attendant que leur professeur d'histoire leur ouvre la salle. Stiles grince des dents, serre son volant entre ses mains. Il aurait peut-être dû arriver plus tôt, finalement. Il aurait pu se cacher dans la masse et disparaître à l'intérieur du bâtiment. Mais l'expérience lui rappelle que non, l'avance ne l'a jamais épargné. Alors tant pis, il ne lui reste qu'à foncer tête baissée, en espérant que personne ne débarquera.
Il attrape son sac, sort de sa voiture et la verrouille le plus discrètement possible. Et puis, d'un pas rapide, il grimpe sur le trottoir et se précipite vers le lycée. Il n'ose pas relever les yeux, il a trop peur de ce qu'il pourrait voir. De qui il pourrait voir. Alors il marche la tête baissée, serrant fortement la hanse de son sac entre ses doigts, comme s'il pouvait s'y raccrocher pour s'en sortir indemne. Après tout, ce n'est peut-être pas pour aujourd'hui. Ce n'est pas comme si c'était un rituel quotidien. La plupart du temps, il arrive à rejoindre le lycée sans trop de casse.
Il fonce, bien décidé à faire de cette journée, une nouvelle journée sans ennuis.

- Eh, Stilinski !