[Sterek] Instinct de survie

Chapitre 15

La chaleur de Derek lui fait du bien. Il aimerait rester là pour toujours et ne plus jamais rien sentir d'autre que ce corps musclé qui l'entrave. Il n'a plus la force de bouger depuis un moment, de toute façon. S'il pouvait se fondre en lui, il le ferait sans l'ombre d'une hésitation.

- Je le sais.
- Quoi ?
- Que tu as juste gagné du temps pour m'épargner.
- Je suis désolé, Derek.
- Non, tu ne l'es pas. Tu as eu ce que tu voulais.
- C'est faux. Je te voulais, et je ne t'ai pas eu.

Stiles cligne lentement des paupières en laissant échapper un profond soupire de soulagement, alors que Derek absorbe sa douleur dans un élan de désespoir. Les frissons qui le parcourent s'atténuent avec sa souffrance, même s'il sait que la fièvre reviendra bien vite pour continuer à le ronger.

- Je t'aime, Derek.

Un sourire étire ses lèvres, mais ses paupières refusent de s'ouvrir ; il n'a plus suffisamment d'énergie pour regarder la mine déconfite qu'il ne peut qu'imaginer.

- Dommage que je ne vois pas ta tête, je suis sûr qu'elle vaut le détour.

Son oeil tressaute alors que quelque chose vient d'atterrir sur sa paupière. Son sourire disparaît lorsque le froid prend place, lui faisant comprendre qu'une larme roule sur sa tempe.

- Ne pleure pas, Derek.
- Je suis désolé.
- C'est ma décision. Je veux que tu vive et que tu continues de mener ton propre combat.
- Je ne peux pas.
- Si, tu peux. Et tu vas le faire.
- Non, Stiles. Je ne peux pas te laisser faire. Je ne peux pas te regarder mourir.
- Alors ferme les yeux et serre-moi fort.

Derek se penche, dépose un baiser appuyé sur les lèvres de l'adolescent qui se remet à sourire faiblement. Dans un ultime étau, le loup-garou resserre son étreinte et absorbe les dernières souffrances de son humain, poussant jusque dans leurs derniers retranchements, les limites de ses capacités. La douleur s'invite à l'intérieur de lui, s'insinue dans les pores de sa peau, dans chaque vaisseau sanguin. Sa capacité de régénération détruit les toxines une à une malgré l'afflux croissant dans ses veines, et ses connexions nerveuses augmentent leur volume à un rythme effréné pour permettre à son corps de survivre à cette invasion violente.
Il rouvre les yeux, détache son visage de celui de Stiles. La couleur rougeoyante de son regard s'illumine dans la pénombre de son loft et ses crocs se dévoilent à mesure que son corps mute pour faire face au poison qui le dévore.
La main de l'adolescent, accrochée au t-shirt de Derek, retombe lentement sur son propre ventre juste à l'instant où le loup-garou évacue un hurlement de profonde détresse. Il serre l'adolescent inerte dans ses bras, le berce comme pour l'endormir paisiblement, laissant s'évader quelques larmes traitresses qui roulent sur ses joues et se perdent dans leurs vêtements.

***** ***** ***** ***** *****

Scott prend la main d'Allison dans la sienne et la serre doucement entre ses doigts. Son regard se pose sur chacun de ses amis présents. Isaac, Liam, Malia, Lydia. Même Erica et Boyd sont venus pour donner leur soutien. Ils se tiennent tous devant la porte du loft, incapables de hisser la porte sur ses gonds pour faire face à la désolation qu'ils devinent à l'intérieur.
Le jeune alpha inspire profondément, prenant tout le courage qu'il peut puiser dans cette main qui le serre en retour, avant d'enfin tirer la grande porte métallique.

- Dégage d'ici, Peter ! Tu n'es plus le bienvenu !

Le loup-garou s'écarte brusquement, évitant de justesse un tesson de verre qui atterrit au sol dans un bruit aigu. Peter affiche une mine offusquée en apercevant les adolescents, puis se précipite dans leur direction pour profiter de la diversion qu'ils offrent.

- Les renforts sont arrivés. Je te laisse tranquille, mon cher neveu.

Derek pousse un grognement menaçant, alors que Peter se faufile entre les plus jeunes pour disparaître dans le couloir.
Scott entre le premier, suivi de près par Allison puis de tous les autres. Ils posent sur le capharnaüm un regard effaré.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, ici ?
- Une tornade, au minimum.
- Peter me sort par les yeux, c'est tout.
- C'est toi, qui a fait tout ça ? Sérieusement, Derek, il faudrait penser à te reprendre ... Ca ne peut pas durer.

Derek jette un oeil morne sur les débris qui jonchent le sol. Il est vrai qu'il ne s'est plus posé la question de l'entretien des lieux depuis un certain temps. Il a bien d'autres choses en tête et lorsqu'il n'est pas occupé ailleurs, il passe toute son énergie à chasser son oncle qui s'obstine à revenir sans cesse chez lui. Visiblement, le plus âgé des Hale ne veut pas comprendre qu'il doit se trouver un nouveau toit et ce n'est pas dans les habitudes de Derek de faire dans la dentelle.

- Ca y est, t'as fini ? Sérieux, tu fais vraiment peur.

Le loup-garou lève les yeux vers l'escalier en colimaçon, d'où apparaissent deux jambes nues jusqu'en haut des cuisses. Stiles descend les marches en trottinant, seulement vêtu d'un t-shirt et d'un boxer. Il s'arrête sur la première marche, juste avant de poser un pied sur le sol du salon.

- Ne marche pas là, il y a du verre partout.
- Faute à qui ? Oh ! Qu'est-ce que vous faites là ?
- Peter nous a appelés, on est venu en renforts. Comment vous osez encore vivre là-dedans ? C'est devenu un taudis !

Stiles pose un regard rieur sur Lydia, dont la détermination pourrait faire peur à plus d'un être surnaturel lorsqu'il s'agit de rendre honneur à une maison. Il détourne ensuite les yeux vers Derek, d'un air de signifier "je t'avais prévenu".
Le concerné roule des yeux en attrapant un torchon sur le plan de travail, pour s'essuyer les mains avant de rejoindre l'adolescent aux yeux whisky sagement immobilisé dans l'escalier.
Derek tend les bras vers lui, passe ses doigts sur les hanches de Stiles et l'attire à lui dans un baiser passionné.

- Trouvez-vous une chambre !
- Vos cartons sont prêts, j'espère ?

Stiles pose ses mains sur les épaules de Derek pour le repousser à grand peine, avant de redonner son attention à ses amis.

- Tout est emballé, à l'étage. Il ne reste que la cuisine à trier.
- On prendra du neuf. De toute façon, la vaisselle que j'ai ici ne suffira pas pour là-bas.

Stiles dépose un baiser léger sur les lèvres du loup-garou. Bon sang, chaque fois qu'il parle, des frissons lui parcourt le corps des pieds à la tête. Il aurait presque envie de mettre leurs amis dehors pour profiter encore de la chaleur de ce corps qui lui procure tellement de délicieuses sensations.

- Ok. Allons-y, avant que ces deux-là ne nous tournent un porno en direct-live.

Dans un sourire taquin, Stiles lance un clin d'oeil à l'intention de la coyote-garou qui déjà, s'avance dans les décombres de ce qui fut un salon presque accueillant. Il n'en faut pas plus aux autres pour entamer l'ascension jusqu'à l'étage, où attendent sagement les dernières affaires de Derek et Stiles, se résumant à quelques cartons bien fermés.
Stiles pose son regard dans celui de son compagnon, qui le dévore des yeux sans même essayer de se cacher.

- Pas de regrets ?
- Tu en as, toi ?
- Ta maison familiale sera bien plus accueillante que le loft, pour la meute.
- Et puis, on pourra faire autant de bruit qu'on voudra, tant qu'ils ne seront pas venus s'installer avec nous.
- Du bruit comme ... ?
- Comme quand je te ferai l'amour tellement fort que tu en perdra ta voix.

Comme pour appuyer ses dires, les yeux de Derek brillent d'une lueur bleutée, signe de l'émotion forte qui le tiraille de l'intérieur. Stiles rougit, serre un peu plus ses bras autour du cou du loup-garou, sans le lâcher des yeux.

- C'est une promesse ?
- Et comment.