[Sterek] Instinct de survie

Chapitre 13

Stiles est réveillé par une sensation de froid sur ses bras et de chaud dans son dos. Il relève la tête pour apercevoir le visage de Derek, concentré droit devant eux. Il cligne des paupières et remarque la télévision allumée à quelques mètres d'eux. A en juger par l'environnement et sa position, il devine être dans le canapé du loft, installé tout contre le loup-garou grincheux. Il se sent fébrile mais la douleur qui lui écrasait le corps au matin, semble avoir complètement disparu. Le problème étant qu'il ne sait pas s'il doit se réjouir ou s'inquiéter de ce phénomène : soit il va mieux, soit ses neurones sont complètement bousillés par la toxine de wendigo et son corps ne perçoit plus la douleur.
Il se redresse légèrement, veillant à ne pas prendre appui sur le loup qui le soutient. Combien de temps a-t-il dormi ainsi, lové dans les bras de cet Alpha imprévisible et diablement confortable ?

- Quelle heure est-il ?
- Dix-huit heures passées. Comment tu te sens ?
- Fatigué.
- Tu peux dormir encore. Les autres n'arriveront pas avant vingt heures.
- Tu n'as pas passé la journée à absorber ma douleur, rassure-moi.
- Seulement quand tu t'agitais. Je suppose que tu souffrais trop dans ces moments-là.

Stiles soupire et s'assied dans le canapé. Un vertige l'oblige à fermer les yeux un instant, sous le regard protecteur de Derek.

- Est-ce que Deaton a appelé ?
- Il a dit qu'il viendrait directement ici après la fermeture de la clinique.
- Bon ... Si les nouvelles étaient mauvaises, il n'aurait pas attendu, non ?

Derek se contente d'un haussement d'épaules. Lui aussi, aimerait croire que la santé de Stiles serait la priorité du vétérinaire si elle était mise en danger. Mais l'expérience lui a appris que malgré les bonnes relations d'un émissaire avec la meute qu'il guide, ses priorités sont parfois difficiles à interpréter.
Dévoré par la fatigue, Stiles se laisse de nouveau aller contre le torse du plus âgé, qui lève un bras pour l'accueillir dans un meilleur confort. L'adolescent ferme les yeux et profite de cette chaleur réconfortante qui l'entoure, sans plus se soucier du politiquement correct.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu m'aide autant.
- Parce que je t'aime.

Quelques secondes de silence s'étirent entre loup et humain. Derek suppose que l'adolescent s'est déjà rendormi et dans le fond, c'est peut-être mieux ainsi : il a lâché cet aveu sans même y réfléchir, juste parce qu'il avait envie de le lui dire. Ce n'était probablement pas le bon moment pour que Stiles l'entende. Mais un léger sourire étire les lèvres du malade, suivi par une grimace agacée.

- T'abuse, t'as fait foirer ma vanne.
- Quelle vanne ?
- Je voulais te le dire juste avant de mourir, pour voir ta tête d'ahuri avant mon grand départ.

Derek écarquille légèrement les yeux. Il savait, bien sûr, que Stiles éprouvait quelque chose de fort à son encontre. Mais tout ce temps, il s'est forcé à mettre les battements de coeur de l'adolescent sur le compte d'une colère viscérale qu'il ressentirait pour lui. Il n'aurait pas eu l'audace de croire que ses sentiments pour l'être humain pouvaient être réciproques.
Il sourit, empli d'un sentiment chaud et intense, tout en caressant machinalement la main de Stiles dont le souffle se perd peu à peu dans les méandres du sommeil.

- Dors, Stiles. Tu dira toutes les âneries que tu veux quand tu aura l'énergie pour.

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- ... mais il n'y aura pas de retour en arrière possible.
- Non, mais tu ne comprends pas ! Tu ne peux pas sacrifier ça, il ne te laissera pas faire !
- Tu l'as entendu comme moi. On ne peut pas absorber éternellement sa douleur et son état ne s'améliore pas suffisamment vite.
- Alors c'est moi qui le ferai.
- Non. Tu as une meute à protéger. La mienne se résume à Erica et Boyd, et ce n'est un secret pour personne qu'ils cherchent une nouvelle meute depuis plusieurs mois. Ce n'est qu'une question de temps avant que je perde mon statut.
- Deaton, dites quelque chose ...
- Scott, les résultats sont clairs. Si Stiles est encore en vie, c'est seulement grâce à votre don d'absorption. Je peux le perfuser indéfiniment mais ça ne lui rendra pas sa santé. Je n'ai rien trouvé qui puisse/
- Qu'est-ce qui se passe ?

Stiles lève la tête, observant les trois hommes qui se font face devant le comptoir de la cuisine. Il a froid, et chaud en même temps. Il se sent toujours aussi pâteux, comme en état grippal, et cette sensation de faiblesse qui ne le quitte pas, commence sérieusement à jouer sur son moral.
Il voit les visages s'affaisser alors que les trois hommes réalisent qu'il est réveillé et qu'il a entendu leur conversation.

- Je meurs, c'est ça ?

Tous les corps se tendent face à Stiles, il n'a pas besoin d'être parfaitement lui-même pour voir les muscles se contracter et les regards se faire fuyants. C'est Derek qui réagit le premier, s'avançant d'un pas vif pour le rejoindre sur le canapé. Il s'assied à ses côtés et lui tend une main, que Stiles attrape d'un mouvement lent pour se hisser jusqu'à lui et s'asseoir à son tour.

- Non, tu ne va pas mourir. En tout cas, on va tout faire pour que ça n'arrive pas.
- Pourquoi vous vous disputez ?

L'adolescent fixe l'Alpha avec le plus grand intérêt. Derek déporte son attention sur l'émissaire, puis Scott, et inspire doucement avant de regarder Stiles dans les yeux.

- Les résultats de tes prises de sang ne sont pas aussi bons qu'on l'espérait. Mais il y a encore une chose qu'on n'a pas tentée. Seulement, si elle ne fonctionne pas, il ne restera que la morsure d'un Alpha pour essayer de stopper l'empoisonnement.

Stiles secoue la tête de gauche à droite. Il est parfaitement conscient de ce qu'implique la morsure d'un Alpha. Il n'a jamais voulu être un loup-garou et s'est toujours battu pour prouver à tout le monde qu'il était capable de vivre à leurs côtés sans elle.
Derek pose sa main sur la joue de l'adolescent, cherchant à attirer son attention sur lui. Il sent les battements de coeur accélérer leur cadence dans sa cage thoracique.

- Regarde-moi, Stiles. On n'en n'est pas encore là. Un alpha est probablement assez fort pour absorber les toxines en une seule fois. Je peux essayer de t'en défaire une bonne fois pour toutes.

Stiles détourne les yeux vers Scott et Deaton. Il sent bien que Derek ne lui dit pas tout, et il devine à leurs mines contrites que c'est un détail qui n'en n'est pas un. Il plonge son regard dans celui de Derek, lui interdisant ainsi toute tentative de mensonge.

- Qu'est-ce que ça impliquerait pour toi ?

Derek soupire avec résignation. Stiles est trop intelligent pour se lancer dans une théorie sans avoir les tenants et aboutissants du plan. Mais comme tous ceux qu'ils ont montés jusque là, celui-ci est bancal.

- Je perdrais mon statut.

Stiles se tend de tout son être, abasourdi par une telle idée. Comme s'il était assez égoïste pour voler à Derek ce pourquoi il s'est battu durant des années !

- Tu quoi !? Tu ne fera pas ça, Derek ! Je refuse !
- Je te l'avais dit ...

Le loup-garou lance un regard courroucé à l'intention de Scott, qui hausse les épaules en signe de reddition. Il connait suffisamment Stiles pour savoir qu'il n'accepterait pas de faire payer un tel prix à ses amis. Encore moins à Derek.

- Ecoute-moi, Stiles. Je ne veux être l'alpha de personne si pour ça, je dois te regarder mourir, tu m'entends ?
- Mais tu/
- Je sais. J'ai mis énormément d'énergie à gagner ce rang. Mais ça m'est égal. Mon combat aujourd'hui, c'est toi.

Stiles s'affaisse sur lui-même, dépité à l'idée de priver Derek de son statut d'alpha. Ses poumons le brûlent mais il fait fit de la douleur pour se concentrer sur ses amis. Il tourne la tête vers Deaton et scrute son regard à la recherche d'une réponse sincère.

- S'il ne fait rien, j'ai combien de temps ?
- Tant qu'ils prennent ta douleur, tu reste quasiment stable. Mais ils s'épuisent et lorsqu'ils ne pourront plus rien absorber, tu mourra probablement en quelques heures.
- Combien de temps ?

Deaton soupire. Il n'a pas envie de mettre des chiffres sur la vie de cet adolescent qu'il connait depuis plusieurs années. Il a été témoin de leur progression, de tous leurs succès et des défaites qui les ont fait grandir. Il voudrait pouvoir le sauver, parce que ce gamin ne mérite pas de mourir.

- A ce rythme, ils ne tiendront pas plus de quelques jours.

Stiles baisse les yeux sur ses genoux. La main de Derek a quitté son visage et une sensation de froid lui picote les joues. Il voudrait se blottir dans ses bras, disparaître dans sa chaleur réconfortante. Il ne veut pas mourir, mais il ne supporte pas l'idée que Derek se sacrifie pour lui.

- Laissez-moi y réfléchir.
- Mais on n'a/
- Laisse-moi réfléchir, Derek ! Je te promets d'y penser. Ne me force pas à choisir maintenant.

Derek cligne lentement des yeux, résigné. Il voudrait régler les choses immédiatement, mais le regard de Stiles en dit long sur ses pensées : s'il le soignait tout de suite, Stiles ne se pardonnerait jamais de le priver de son statut d'Alpha. Alors Derek obtempère. Même si dans le fond, sa décision est déjà prise.