Chapitre 17

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Aucune ne survint les jours suivants. Ils retombèrent leur routine, de plus en plus difficile à tenir. Les tempéraments s'échauffaient rapidement, Naos s'enfermait dans son carnet de symboles, Lixian ne pipait plus un mot et se tenait même à distance de Aryeh qui le vivait mal. Meltem était devenue d'une sensibilité à toute épreuve, gênée d'être la seule femme de leur groupe avec ce que ça impliquait comme moments gênants. Xuan Arias avait prit sur lui de lui apporter son aide pour se dissimuler auprès des autres lorsqu'elle avait besoin d'intimité pour ses « moments féminins ». Le jeune soigneur était le seul à l'aise avec ce concept, aidé par sa formation. Il était aussi le seul d'entre eux à ne pas encore ressentir les effets du manque de lumière et il s'évertuait à maintenir un semblant de cohésion dans le groupe.

Aryeh avait beau avoir conscience de tout cela, ses réactions lui échappaient et il ne parvenait pas à reprendre le contrôle. Il était épuisé, ses mains le faisaient souffrir et tout provoquait en lui une profonde frustration. Il avait beau lutter, il était incapable de diriger le groupe correctement et il s'estimait heureux que Xuan Arias soit là pour le remplacer. Bien que son travail ne soit pas vraiment à la hauteur.

La seule chose sur laquelle Aryeh pouvait agir était leur rythme d'avancée. Il poussait ses compagnons à marcher plus longtemps, plus vite. Tous protestaient mais aucun ne résistait. Il se demandait si la douleur dans leurs jambes et leurs pieds ne les aidait pas à rester quelque peu lucides.

La sensation d'être suivi ne quitta pas Aryeh. Elle lui mettait les nerfs à rude épreuve. Personne ne pouvait les voir, là où ils étaient. Ils étaient enfermés dans un boyau rocheux opaque, sans aucun symbole pour alerter quiconque de leur présence. Se pouvait-il que les Montagnards possèdent un autre moyen de surveiller leur arrivée ?

Une telle hypothèse laissait supposer qu'ils savaient d'ores et déjà qu'ils étaient là. Et ça n'avait rien de rassurant.

Aryeh attendit que Xuan Arias génère de la lumière pour s'asseoir contre un mur et sortir la carte. Il l'examina, tentant de se repérer dessus. La mince ligne qui sinuait dans la montagne n'avait qu'une échelle relative par rapport au reste. Pourtant, son doigt s'arrêta à un endroit précis et il sut que c'était le bon. La Rutrath guidait son instinct.

Au-delà de l'endroit où ils s'étaient arrêtés se tenait une fourche. Lorsqu'ils avaient décidé de l'itinéraire avant de partir, ils avaient choisi de prendre la partie basse, plus aisée bien que plus longue. Cependant, Aryeh commençait à penser que ce n'était plus la meilleure solution. Il fallait qu'ils sortent d'ici au plus tôt. Quitte à prendre des risques pour remonter à la surface.

La carte n'expliquait pas en quoi ce chemin était plus dangereux que l'autre pour arriver au même point. Le trait avait simplement était tracé dans un rouge si vif qu'il était impossible à manquer. Il le parcourut du bout du doigt. C'était là qu'ils devaient passer, il en était sûr. Ils ne tiendraient pas longtemps s'ils continuaient sous terre.

Nonobstant, les autres seraient-ils d'accord s'il le leur proposait ? Ou voudraient-ils choisir la facilité en prenant une route plus longue mais moins risquée ? Pouvait-il prendre le risque de leur demander leur avis ? Ou devait-il les y mener sans le leur dire jusqu'à ce qu'ils soient face au fait accompli ? Ça ne lui attirerait pas leur sympathie mais du moment qu'ils sortaient d'ici plus vite... Lui en voudraient-ils tant que ça lorsqu'ils auraient retrouvé la lumière du jour ?

Avec de la chance, cette voie n'était pas si dangereuse que ça et sa couleur ne voulait rien dire. Sans tenter, ils ne le sauraient jamais.

Aussi, lorsqu'ils arrivèrent à cette fourche, Aryeh choisit le chemin qui montait plutôt que celui continuait tout droit. Personne ne parut se rendre compte qu'il avait dévié de l'itinéraire d'origine. Il se garda bien de le leur dire. Ils se traînèrent le long de la pente inégale, trébuchant plus souvent qu'il n'était agréable. Les parois paraissaient encore plus friables que dans l'autre couloir. La mince allée dans laquelle ils étaient engagée était parsemée de morceaux sectionnés par l'usure et le temps. Ça n'avait rien de rassurant et, très vite, Aryeh se sentit de plus en plus oppressé. Peut-être avait-il commis une erreur, au final...

When Burns The Blood (WSTD #2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant