m o r a l f i é v r e u s e

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pdv bakugo

C'est la douleur dû aux menottes qui m'a vite réveillé, c'est insupportable putain.
En essayant de doucement étirer ma nuque, qui me fait souffrir depuis hier, j'ai plongé mon regard sur le corps endormi de Kirishima, sur le banc de l'abri bus. Il a l'air de dormir profondément, je sais pas comment il fait avec le bruit de la pluie qui tombe, sans parler des coup de tonnerres récurant.
J'ai mal à mes poignets jusqu'à mes épaules, c'est chiant putain. J'ai mal aussi dans la bas du dos, là où ce connard a appuyé de toutes ses forces.

J'ai mal aussi en général. À l'intérieur de moi, c'est douloureux des fois, c'est compliqué à expliquer, mais des fois j'ai l'impression de faire des efforts pour m'intégrer avec les gens normaux, ceux de mon âge, et que quoi que je fasse, ma nature fait et fera qu'on me rejette.
Aujourd'hui par exemple, avec Kirishima. Alors certe, j'étais en manque de nicotine dans cette bagnole de flic, et il était ma dernière chance. Mais non j'ai pas kiffé devoir m'asseoir sur lui, pour qu'il prenne mon paquet de tabac.
Surtout que ce con s'est cru discret avec sa gaule de gros puceau juste parce que pour la première fois de sa vie quelqu'un veut bien de lui.
Sérieux j'étais gêné.
Et non c'était pas voulu ma tenue "féminine" à la rentrée scolaire.
Et bizarrement Kirishima était le seul à me faire des remarques comme ça, dû moins à les assumer devant moi. Remarque c'est toujours mieux que l'entièreté de ce lycée remplis d'hypocrites, mais ça fait mal quand même. J'ai mal.
Surtout que j'étais pourtant sûre d'avoir fait des efforts, avec lui en particulier, pour pas être trop "violent".

"Salope"... il avait dit.
Ça avait l'air si vrai sorti de sa bouche.
Autant l'avis des flics j'men bat la race autant lui... C'est pas pareil.
"Salope"
Pas cool de dire ça à un gamin qui s'est fait violer toute son enfance dans les douche de ce putain de foyer.
Quel chien.
Je le déteste.
Je les déteste tous de toute façon, j'men sortirais tout seul.
Voilà.
En plus il me déteste juste parce que j'ai faillit baiser avec son ex.
Voilà.

J'avais besoin de bouger, c'est plus fort que moi. Où que je sois faut pas que j'y reste trop longtemps, surtout si c'est en compagnie de mec comme le rouge. J'ai besoin de bouger, d'être seul. Je crois que ça date depuis tous petit. Où que je sois, j'aime pas les gens, les gens m'aiment pas. Donc soit je tape, soit je me cache.
Et là, j'ai assez d'honneur pour pas aller me venger en frappant cette tête d'orties dans son sommeil. Avec ses cheveux bizare là.
J'me barre c'est décidé, même si y pleut comme jamais je peux pas rester une seconde de plus dans cet abri-bus, j'étouffe.

Hmm. Y pleuvait quand même beaucoup beaucoup, j'ai jeté un regard à l'autre. Jamais vu quelqu'un avoir l'air de dormir aussi bien dehors sous la pluie. La nuit commençait à tomber, tous les magasins devaient être fermés à cette heure. Je devais aller jusqu'à la gare, qu'est hyper loin, à pied sous l'orage. Ça va pas le faire là. Connards de flics, en plus ils ont pris toute ma beuh et mon shit. Putain.
Kirishima fit en bruit en dormant, un espèce de grognement ronflement. Chelou. Il avait un sweat, lui. À capuche. Il l'avait enroulé afin de se faire un oreiller avec.
Hmm.
Con comme il était de toute façon il se rendra sûrement même pas compte que je lui ai volé son sweat.
Hmm. Aller.
Cet abruti s'est même pas réveillé lorsque délicatement, j'ai soulevé sa tête pour choper son pull, de près on pouvait voir qu'à la racine, ses cheveux étaient noirs.
Oula ça lui va mieux le rouge, ça fait plus excentrique, comme lui.
C'est galère de voler un sweat tout en étant menotté dans le dos. Je devais tourner ma tête en faisant un angle pas humain et je voyais mal ce que je faisais, heureusement qu'il avait un sommeil de monstre. Bref.
Maintenant que j'ai le sweat fallait l'enfiler, et ça c'est pas le même niveau de difficulté. Vie de merde.
J'suis sûre les flics espèrent encore que je retourne au commissariat comme un grand, la queue entre les jambes, pour leurs supplier à genoux de me détacher.
Sinon il m'aurait pas fait sortir si facilement de la bagnole, surtout le gars qui conduit. Il m'a déjà vu plusieurs fois dans sa voiture, mais presque jamais dans son bureau. Ça devait lui foutre la rogne à force, mais manque de pot pour eux, il suffit juste que je trouve une pince- monseigneur ou une pince- coupante pour me détacher. Bref une tenaille de menottes quoi. Y'en a au moins cinq à la "maison", six, si on compte la scie à métaux. Une fois rentré chez moi j'aurais plus de problème de menottes. Si j'avais pas essayé de me débattre au moment où il m'ont pincé avec la cons' j'aurais peut être eu moins de problèmes. Guetteurs de merde. Flics de merde. Putain.

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