Chapitre 2 | Étouffer

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Cette paire de yeux qui me hantaient appartiennent à Charles.

- Fais attention où tu vas la prochaine fois ! dit-il, de sa voix chantante.

- Ah, oui, j'étais un peu trop concentrée sur mon téléphone, je ferais attention. Merci de m'avoir aidé.

- C'est toujours un plaisir d'aider une charmante demoiselle, me répondit-il.

Sans perdre de temps, il reprend son chemin, sûrement vers son équipe. Je n'arrive pas à croire que j'ai croisé Charles, depuis le temps que je l'observe et que je l'étudie, c'est un peu irréel. C'est tout aussi surprenant, étant donné que je suis toujours à tous les Grands Prix, mais je ne l'avais jamais croisé jusqu'à maintenant. La machine à café est juste devant moi, mais j'ai bien vite oublié la raison de ma venue, surtout avec ce petit accrochage.

Quand je retourne voir Max, il semble s'être calmé et j'en suis bien contente.

- Alors, tu t'es calmé ou tu vas continuer à t'agiter ?

- Eleanor, te voilà enfin ! Eh oui, je me suis calmé, j'ai eu des nouvelles, et ils vont faire en sorte de réparer le moteur avant le Grand Prix de Djeddah.

- Bien, parce que j'en ai marre de te voir mal me parler, je sais que tu es à cran, et je comprends que tu ais besoin de te défouler, mais à l'avenir, évite de déverser ta frustration sur moi, veux-tu ?

J'essaye d'être ferme avec Max, mais parfois c'est difficile de s'imposer, mais je sais pertinemment que si je ne dis rien, il va continuer d'abuser de moi et je refuse de me taire.

- Je sais et j'en suis désolé Eleanor, je sais que je m'excuse toujours, mais j'espère que tu sais que je ne veux pas te blesser, tu es ma petite sœur après tout.

Pour tous ses défauts, Max est malgré tout, une personne attachante et mon frère, et c'est pour cette même raison que je ne peux pas lui raconter l'accrochage dans le couloir avec son rival. Ça ne ferait que le stresser.


Deux semaines plus tard.


Voyager en pleine saison, c'est rude, mais depuis que je suis mon frère, je m'y suis habituée et j'en viens même à apprécier toute cette entreprise que sont les Grand Prix de Formule 1. C'est une grande organisation que de transporter tout le matériel nécessaire à chaque nouvelle destination, et voir tout ce qui se passe derrière les coulisses me rend contente de savoir que notre équipe soit aussi soudée.

Nous sommes arrivés en Arabie Saoudite et les préparations ont déjà commencées. Mon rôle, en tant qu'assistante, est de veiller à ce que Max soit reposé et calme avant le début de la course, et je sais que rester autour de lui ne va qu'empirer son humeur, je m'empresse de partir vadrouiller.

L'Arabie Saoudite est un pays très chaud, et je sue abondamment, mes longs cheveux bruns, malgré le fait que je les ais en queue de cheval, parviennent tout de même à me coller le long du visage et c'est une sensation désagréable. Ma tenue du jour est pensée pour combattre la chaleur du climat désertique, c'est ainsi armé d'un short et d'un simple t-shirt RedBull que je me rends vers le stand de l'équipe, qui se prépare pour les essais, qui ne vont pas tarder à démarrer.

Je reste en retrait comme à mon habitude, et à l'aide de mon casque, j'entends l'équipe donner les instructions pour le début des essais et des qualifications. Je sais que Max ne va pas tarder à arriver et se mettre sur la piste.

Quelques temps plus tard, quand la phase de qualification a déjà commencé.

Ce que j'aime le plus dans ce sport, c'est l'extase que l'on ressent lorsque l'on voit les pilotes conduire à une vitesse impressionnante, le maniement de la voiture et la précision des décisions. Mais malgré tout, rien n'est infaillible, car en fin de compte, le pilote n'est qu'humain.

Je suis en haleine, j'ai le souffle coupé à regarder les pilotes sur l'écran dans le stand, et soudainement, je vois devant moi, un accident arriver. Mick Schumacher, le pilote de chez HAAS, se prend un mur et il perd le contrôle de la voiture. Tout le monde dans le stand est muet, et je ne peux qu'espérer que rien de grave n'est arrivé.

J'entend la voix de Max dans mes oreilles, et l'urgence dans sa voix me surprendra toujours, il a l'air inquiet.


Après l'accident.


Cette journée fût éprouvante et je suis éreintée lorsque j'arrive enfin à l'hôtel. Comme toujours, celui-ci est luxueux, et je vois plusieurs personnes d'équipes différentes dans le hall dont des gens de Ferrari. C'est bizarre, parce que généralement, nos équipes ne restent pas dans le même endroit.

Je me dirige vers l'ascenseur principal, j'attend que les portes se referment, lorsqu'au dernier moment, une main interrompt la fermeture, avant de laisser place à un homme vêtu d'une casquette.

- Excusez-moi, j'avais vraiment besoin de prendre cet ascenseur, me dit-il.

Je lui fais un signe de la tête pour lui signifier que j'ai compris quand je réalise que sa voix me rappelle quelqu'un. Je lève alors les yeux de mon téléphone pour de nouveau rencontrer des yeux familiers.

- Ah, la jeune femme du couloir !

- En effet, c'est bien moi.

Je me dis qu'avec cette courte réponse, il va me lâcher, parce que je n'ai pas envie d'attirer son attention.

- Tu portes un jersey de chez RedBull, tu fais partie de l'équipe ? me demande-t-il.

- Oui, je suis qu'une simple assistante.

- Surprenant qu'on se croise de nouveau comme ça. Tu travailles chez RedBull depuis longtemps ?

- Depuis 2017, répondis-je.

- Intéressant, sa voix énigmatique me répond.

L'ascension se fait dans le silence après cet échange, qui me déstabilise, et lorsque le ding de mon étage retentit, je me rends compte qu'il n'a pas appuyé sur son étage.

- Vous descendez ici ?

- Oui, comme toi je suppose.

Je sors en silence, surprise que nous logions au même étage. C'est quand j'atteins ma chambre que je vois qu'il s'est arrêté à la chambre à coté de la mienne. Je lui lâche un rapide « bonne nuit » avant de me précipiter dans ma chambre. Lorsque j'ai fermé la porte, que je me rend compte que mon cœur bat la chamade et en jetant un coup d'œil à mon reflet dans le miroir que je vois que je suis rouge et essoufflée. 

Te succomber | Charles LeclercOù les histoires vivent. Découvrez maintenant