1- Classement

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Avant de commencer, je veux remercier @AstralArc pour cette fabuleuse couverture!



Porter un enfant. C'est quelque chose de fabuleux, non? C'est quelque chose que toutes les femmes veulent faire, non?

Dans mon monde, c'est réservé aux pauvres. La noblesse, eux, adoptent leurs enfants. Ces enfants sont, à la naissance, de simples paysans. Je suis une simple paysanne. Orpheline.

Chaque année, la noblesse peut adopter un héritier.

Les orphelins sont ceux qui peuvent être adoptés. Nous vivons pendant toute notre enfance dans une sorte d'école qui nous apprend comment être un noble. Pour chaque âge, cent enfants sont sélectionnés, mais seulement cinquante pourront être choisis. Les cinquante autres finissent dans la rue, faisant partie des paysans.

Les meilleures dans les premiers numéros, les dix premières sont celles qui valent le plus, qui réussissent le plus les examens de comportement.

Pour les garçons, c'est la même chose, il y en a cinquante qui deviendront nobles. Chaque noble prend un garçon et une fille qui se marieront. Chaque famille ne le fait qu'une seule fois par génération, évidemment. J'espère être choisie dans les dix premières, je suis dans les meilleures de mon âge.


Je suis dans ma chambre, la tête posée sur mon oreiller. La pièce est encore sombre. C'est aujourd'hui que nous serons choisis. Je tremble, je ne sais pas vraiment pourquoi. En fait oui, je sais. C'est aujourd'hui que je saurai si je deviens une noble ou si je finis dans la rue. Mon avenir est en jeu.

La cloche signalant notre lever sonne, je fais comme d'habitude, je me mets debout, puis je m'habille dans la robe que l'orphelinat nous a donnée pour cette journée spéciale. Je me regarde dans le miroir, le seul que j'ai. J'ai de longues boucles blondes, un sourire radieux, des yeux verts comme une émeraude. Mon nez est fin, mes lèvres pulpeuses et rosées au naturel. Je suis belle, j'ai un physique à ravir.

La robe est simple, marron clair, elle s'arrête à mes genoux, le haut est une sorte de veste qui recouvre mes épaules jusqu'à bat de ma poitrine, je porte en dessous une chemise blanche. Je mets mes cheveux dans une belle tresse, puis je la tourne pour donner une toque. Je sors ensuite de ma chambre. Je me tourne vers cette dernière. C'est la dernière fois que je la vois. Les autres filles semblent toutes aussi nostalgiques, certaines gémissent, d'autres pleurent à chaudes larmes.

Je ferme la porte, la main tremblante.

Tout au long de mon séjour, je n'ai jamais eu d'amis, je ne m'attache pas facilement aux personnes, surtout aussi parce que je sais que je risque de ne jamais les revoir à partir d'aujourd'hui. Certaines font comme moi, mais la plupart se font des amies.

Je descends les escaliers, je me dirige vers le Réfectoire où nous sommes supposé nous rassembler pour manger. Il y a quelques personnes, mais la plupart sont des plus jeunes. Je vais chercher ma nourriture à la cafétéria, puis je m'installe. J'ai pris un toast et un jus d'orange. Je ne veux pas trop m'empiffrer, je pourrais ne pas bien digérer ma nourriture, et si je vomis devant les nobles, c'est sûr qu'on m'enverra à la rue, peu importe mon score!

Quand j'ai fini, je vais porter mon plateau et je remarque que tout le monde est arrivé. La plupart ont déjà vu leur place dans le classement. Je m'en vais justement la regarder. Nous partons dans une demi-heure. Je vois la liste affichée sur le babillard. Sur les cent orphelines que nous sommes, j'aperçois mon nom à côté du trois. Je suis troisième dans le classement. Je suis la troisième meilleure des cent élèves. Je souris. Je suis fière de moi, je suis la troisième meilleure!!

— June! J'arrive pas à y croire! Tu es la troisième meilleure! annonce une fille que je ne connais pas, quoique je ne connais pas grand monde.

— Pas mal, hein? je réponds.

— On doit y aller, ne traîne pas trop! annonce-t-elle en se dirigeant vers la grande porte d'entrée.

Je la suis, mais sans trop insister, je ne veux pas aller trop proche d'elle, je ne veux pas qu'elle continue à me parler.

Je suis enfin dehors, c'est une belle journée, le soleil est haut dans le ciel, les nuages sont presque inexistants. Les calèches sont toutes là, une vingtaine! C'est un chiffre énorme! Je ne me suis jamais intéressée au départ des aînées, voilà pourquoi je ne me souviens pas d'en avoir vu autant.

— Un à quatre, dans la première calèche! annonce le Directeur de l'établissement.

Je me dirige vers cette dernière, comme celles qui sont dans la liste juste avant et juste après mon nom. Claudie, Arline et Lora. Je m'installe à la gauche de Lora, Claudie est juste en face de moi et Arline à sa gauche, aussi.

Cette dernière est la première et Lora la deuxième. Claudie est juste après moi. Arline a un air hautain, probablement dû à son classement.

Après quelques dizaines de minutes silencieuses, la calèche avance. Mon avenir est en jeu à partir de maintenant.

La Duchesse du Nord (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant