11- Une visite inattendue

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Après trois longues heures de danse avec Caspian, je me précipite dans ma chambre, j'ai juste hâte de me coucher et, si j'ai le temps, je pourrai peut-être parler à Gayle.

Je monte les escaliers, suivant un garde qui va me mener à mes quartiers. Nous passons dans plusieurs couloirs, puis j'arrive enfin dans ma chambre. Les murs blancs de cette dernière sont illuminés par des lampes dorées, le lit est d'un bleu clair, tout comme les rideaux fermés. Cette chambre est nettement plus petite que celle que j'ai au Manoir d'Angwin du Nord.

Gayle est assise sur le seul fauteuil, elle se lève à mon arrivée.

— Comment était-ce? me demande-t-elle en se dirigeant vers moi.

— Chaotique, je soupire en tentant de détacher ma robe dans mon dos.

Ma femme de chambre vient rapidement m'aider, en quelques secondes, je me retrouve en robe de nuit.

Je m'apprête à entrer dans mon lit quand on cogne à la porte. J'étire le cou en tentant de voir, mais évidemment, la porte est fermée. Gayle me demande si je veux voir la personne ou si elle lui dit que je dors.

— Si c'est la Duchesse, le Duc ou Caspian, dites-lui que je dors, si ce n'est pas eux, je veux bien voir la personne.

Gayle acquiesce et ouvre discrètement la porte. Elle chuchote et la referme.

— C'est l'héritière de Monsieur le Duc et Madame la Duchesse de Santré de l'Ouest.

Je me lève.

—Je vais répondre moi-même.

Je me lève et vais ouvrir la porte. Elle donne sur Claudie, petite et souriante dans sa robe de bal toute simple.

— Salut June! dit-elle en me faisant un signe de la main.

— Allô?

Elle sourit toujours, comme si elle attend une réponse.

— Je peux entrer? me demande-t-elle à la place.

Je regarde derrière moi.

— Je suis en robe de nuit, je me prépare à aller me coucher, en fait, je lui dis pour tenter de la faire changer d'avis.

Elle lève les yeux au ciel, puis elle pousse la porte pour me forcer à la laisser entrer. Elle entre, puis s'assit sur mon lit.

— Pourquoi es-tu aussi froide? demande-t-elle sans se soucier de mon air fâché. Je veux dire, tu ne parles jamais à personne, tu reste seule et tu n'aime pas danser avec celui que tu vas marier. Tu dois m'expliquer!

Je grogne intérieurement en adressant un regard plaintif à Gayle qui se sent tout aussi mal-à-l'aise.

— Mademoiselle Santré, je ne sais pas si c'est approprié de demander cela à Mademoiselle Angwin...

Claudie regarde Gayle avec un regard furieux.

— Je ne t'ai pas parlé, femme de chambre. Parle que lorsqu'on t'adresse la parole.

Gayle baisse la tête minablement, le regard triste.

— Qu'avez-vous dit, Mademoiselle Santré? Je tiens à dire que Gayle, ma femme de chambre, a légitimement le droit de me défendre comme elle l'a fait. Je tiens aussi à vous mentionner que c'est très inapproprié de s'introduire dans ma chambre sans mon autorisation et de réprimander mon personnel qui ne tente que de faire son travail! je lui dit sur un ton grave et sévère. Je vais vous demander de partir avant que je n'ai à appeler des gardes qui vont probablement vous humilier en vous sortant de force d'ici, Mademoiselle Claudie de Santré de l'Ouest.

L'interpellé serre la mâchoire et les poings, puis elle quitte en direction de la porte rapidement.

Gayle me regarde, perplexe.

— Mademoiselle, elle avait raison de me réprimander, je n'ai pas le droit de parler sans qu'on ne me l'autorise... marmonne-t-elle. Mais je vous remercie de m'avoir défendue, je vous en suis reconnaissante.

Je souris en levant les yeux au ciel.

— Je vous défend parce que vous êtes mon amie et que vous avez franchi les règles pour me protéger, Gayle. Vous pouvez compter sur moi.

Elle sourit.

— Est-ce approprié que je vous prenne dans mes bras...?

Je ne réponds pas, mais je la prends moi-même dans mes bras. Je la serre comme je serrerais ma meilleure amie, parce que je la vois comme telle.

La Duchesse du Nord (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant