Avec Lora, nous avons discuté jusqu'à tard, en fait, jusqu'à ce que son Duché et celui de l'Ouest décident de partir.
Je me retrouve donc seule dans ma chambre, heureuse de m'être fait des amies, ou une amie plutôt.
Nous nous sommes promis de nous écrire et de nous revoir bientôt, mais je crois que je serai occupée, ces prochains jours.
Je porte une robe bleu sombre et des accessoires en or, les couleurs d'Angwin. Aujourd'hui, nous allons nous promener en char à travers la ville dans laquelle se trouve le manoir. Nous allons parader. Je n'aime pas cette idée à cent pour cent, surtout parce que Corelia voit cette occasion comme une façon de montrer notre supériorité au peuple... En se promenant les poches remplies de bijoux et d'argent! Cette femme est horrible envers son propre peuple. Je comprendrais pourquoi certains veulent se révolter, je ferais peut-être même partie de ces personnes si je n'appartenais pas à son monde.
Je me dirige jusqu'aux Écuries du manoir où nous sommes supposés nous réunir pour embarquer dans le char. J'aperçois alors en franchissant la porte une énorme plateforme munie de bancs et de barrières ornées d'or aux couleurs de la région traînée par environ quinze chevaux. J'hésite à embarquer, mais je crois que la Duchesse ne me permettrait pas de leur fausser compagnie.
— Vous devez vous asseoir dans le quatrième banc, Mademoiselle June, m'avertit une personne qui doit se charger des préparations.
J'acquiesce en obéissant, je m'installe à celui mentionné. Je suis la première, mais je n'attends pas bien longtemps, Caspian et le Duc, alias Larry, arrivent en même temps. Le Duc et la Duchesse doivent se mettre en avant, Caspian et moi derrière. Des gardes se mettent sur les extrémités.
— Je n'aime pas cette idée, grogne Caspian.
Je hausse les sourcils.
— Tu disais pas plus tard qu'hier que tu trouvais ça une bonne idée de se promener en ville et de rencontrer nos sujets!
Il soupire.
— Plus maintenant. Pas de cette façon.
J'acquiesce.
— Je suis bien d'accord, nous devrions plutôt y aller en calèche et s'arrêter à certains endroits clés où la population est amassée, on pourrait discuter calmement avec eux, je propose.
— Il est un peu tard pour soumettre de nouvelles idées, marmonne-t-il.
Je soupire à mon tour.
Quelques secondes plus tard, le char commence à avancer, je fais un peu le saut lorsque l'embarcation cahote.
Nous sortons de l'immense territoire du manoir, suivant un chemin de gravelle, entouré par des arbres.
Nous continuons de les longer pendant un instant, mais nous finissons par déboucher sur la ville. Des dizaines de personnes sont amassés autour de la fontaine, le centre de la ville. Je souris, leur fait des signes de mains. Nous continuons de zigzaguer dans les rues, passant à côté de quelques spectateurs curieux de nous voir, de nous saluer. Des gardes suivent le char, s'assurant que personne ne s'approche trop.
J'aperçois une petite fille de sept ans, peut-être. Elle me fait penser à Gayle, avec ses cheveux roux, elle tient une mignonne petite poupée. Elle regarde sa mère, comme émerveillée de nous voir. Une personne passe à côté d'elle, elle l'accroche et sa poupée tombe sur le sol, elle se fait botter par d'autres spectateurs, la gamine se penche et tente désespérément de la reprendre lorsque...
En moins de temps qu'il faut pour le dire, je demande à l'homme qui mène les chevaux de les faire s'arrêter. J'ouvre la porte, puis je descends malgré ma robe par l'échelle de secours, pas le temps d'attendre qu'on installe les marches! Je bondis dans la boue, salissant ma robe, mais je ne m'en soucis pas. Je me précipite sur la gamine, menacée par des gardes. Un a sorti une matraque, prêt à la frapper. Malheureusement, elle s'est trop approchée selon les gardes du char, leur donnant une occasion d'agir.
— Hey! je leur hurle dessus. Laissez cette pauvre enfant toute seule! Elle tentait de récupérer ceci!
Je me penche pour prendre la pauvre petite poupée piétinée, puis je me relève et la montre au garde.
— Ouste! je dis dans sa direction. Hors de ma vue!
Le garde fait une maladroite courbette, puis il retourne à son poste.
Je m'approche de la jeune fille, je l'aide à se relever.
—Es-tu blessée? je lui demande en lui redonnant son jouet.
Elle fait non de la tête.
— Oh mon Dieu! Merci! lance une femme ressemblant à la jeune fille, il s'agit sûrement de sa mère. Comment puis-je vous remercier?
Je hausse les épaules.
— Madame, je ne fais que ce qui est juste, vous n'avez pas à remercier, je lui réponds.
Une main se pose sur mon épaule, je me retourne, c'est Caspian qui vient de me rejoindre. Je vois dans le char le regard rempli de colère de la Duchesse et celui de surprise du Duc.
— Nous devons y aller, je dis en direction de la petite fille. Je peux savoir ton joli nom?
Elle sourit.
— Je m'appelle Tessa, Mademoiselle!
Je la serre dans mes bras avant de retourner dans le char en empruntant les marches nouvellement installées, puis rapidement retirée une fois moi et Caspian dedans.
VOUS LISEZ
La Duchesse du Nord (En réécriture)
FantasyDans ce monde, porter un enfant est réservé aux pauvres, les nobles adoptent leurs héritiers, des orphelins élevés pour cette sélection. June est une orpheline, préparée pour cette journée toute sa vie. La Duchesse du Nord, reconnue pour être cruell...