La Duchesse du Nord (En réécriture)

3- Choisie

Tout s'est passé si vite! Commençant par le nombre de nobles qui ont tenté de m'adopter. Vers la fin, c'était un combat entre la Reine, venue seule, sans son mari, et la Duchesse du Nord. Ces dernières ont beaucoup enchéris, jusqu'à ce que la Reine lâche prise. Elle s'est probablement rappelé qu'il y avait toujours deux autres jeunes femmes. Je deviens donc l'héritière de la Duchesse et du Duc du Nord. Je suis une des personnes les plus influentes!

Notre hiérarchie est simple. En haut complètement, le Roi et la Reine, en dessous, les quatre Ducs et Duchesse, celui du Nord, de l'Est, de l'Ouest et du Sud, ensuite les huit Marquis, les douze Comte et Vicomte et, finalement, les quatorze Barons. Bon, je dis simple, mais elle ne l'est pas vraiment.

Bref, c'est juste pour dire que, après le Roi et la Reine, je suis dans les quatres premières personnes d'influences dans le royaume de Etem.

Dès que je suis nommée, on m'indique que je dois aller à la porte identique à celle par laquelle je suis entrée, mais dans l'autre sens. Je pénètre dans la pièce, des gardes y sont déjà.

— La Duchesse et le Duc vont arriver d'une seconde à l'autre, mademoiselle Angwin.

Angwin. C'est mon nouveau nom de famille. C'est aussi l'une des quatre régions. Angwin du Nord, c'est sur elle que je vais régner quand le Duc et la Duchesse du Nord vont... mourir. C'est étrange à dire, mais c'est la vérité.

Je reste debout, là, entourée de ces gardes aux couleurs des Angwin.

J'entends du brouhaha après quelques minutes dans un couloir proche, le Duc et sa femme apparaissent dans le cadre d'une des portes. Le Duc est vieux, sa chevelure blanche comme neige. Ses rides sont sévères, lui donnant un aspect méchant. La Duchesse, elle, a des yeux de chat, son sourire est cruel, ses cheveux remontés en une toque beaucoup trop serré, sa robe est d'une froideur immense. Elle est tout un personnage, celle-là!

— June, lot 3, marmonne-t-elle. Laisse-moi t'examiner, mon enfant.

Elle s'approche d'un pas décidé vers moi, j'hésite entre le fait de fuir ou de me laisser faire. J'opte pour cette dernière option.

— De beaux yeux, je dois dire. Vos cheveux sont magnifiques! Je vois que vous avez opté pour un maquillage simple, cela vous va bien. Cependant, je n'aime pas ce regard effrayé sur votre visage, si j'étais vous, je ne le montrerais plus jamais, vous avez l'air d'une gamine, ainsi!

Je tente de le cacher du mieux que je peux, mais l'inquiétude face à cette étrange femme prend le dessus dès que je ferme les yeux. Son regard... noir comme une nuit ténébreuse... Elle fait froid dans le dos avec ses joues creusées et son long cou. Je dois admettre qu'elle est belle, mais ses traits sont effrayants.

— Amenez-là dans une autre calèche que la nôtre, ordonne-t-elle à un garde.

Ce dernier acquiesce en optant pour une maladroite courbette. Il se dirige ensuite vers moi, le regard très sévère. Le garde m'attrape par le bras et me mène vers la sortie. Lorsque je mets les pieds dehors, mes yeux ont du mal à s'adapter, le soleil est radieux! Une journée chaude s'annonce. Je vois que nous sommes environ onze heures grâce à la position de l'astre.

Il me fait entrer dans une calèche d'un bleu aussi foncé que minuit et dorée. Je remarque avec amusement que ce sont les mêmes couleurs que ma robe. J'y grimpe gentiment. Elle n'a rien à voir avec celles de l'orphelinat, les sièges sont extrêmement confortables, les rideaux sont très opaques, question d'intimité. Tout est luxueux, orné d'or. Je mets la jupe de ma robe vers le côté, je ne voudrais pas la froisser.

Après quelques minutes, la calèche démarre. Nous sommes actuellement à la Capital, le centre du pays de Etem. Cela veut dire que le voyage pour arriver au Manoir d'Angwin sera de cinq heures. Je dois me mettre à l'aise, car cinq heures, c'est long!

Effectivement, c'est long. Cinq heures plus tard, nous arrivons enfin à l'immense demeure des Angwin. Elle est complètement faite de pierres blanches, les toits sont d'un noir profond, les tourelles plus haute que je ne m'y attendais. Les fenêtres sont magnifiques, si propres qu'on pourrait les croire invisibles. Les jardins sont d'un vert magnifique, des immenses endroits sont réservés seulement pour des fleurs d'un bleu marin, la couleur symbolique de la région.

Je ne m'en peux plus de m'émerveiller face à la beauté des lieux, je n'arrive pas à croire que je vais y vivre et un jour y régner.

La calèche finit par s'arrêter devant une immense porte, le conducteur vient m'ouvrir la porte. Je sors poliment et gracieusement de la calèche. Je vois le Duc et la Duchesse aussi sortir de la leur, ils s'avancent vers la porte. Je viens pour me diriger vers eux, mais le garde m'attrape par le bras.

— Je dois vous reconduire, annonce-t-il.

Je baisse la tête, puis la remonte. J'ai un air fier.

Je suis le garde jusqu'à l'intérieur du manoir. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais encore une fois, j'ouvre grand la bouche face au luxe de cette demeure. Les plafonds sont si hauts! Les escaliers si... extravagants! Les murs sont blancs, ornés de vrai or. Le large tapis sur le sol est à la couleur fétiche de la région, les fleurs de mêmes.

Tout cela m'appartiendra un jour.