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« Ne bouge plus. » Une voix, un ordre, une menace.

Je tente vainement de me relever afin de garder un semblant de dignité. Mais il m'assène un dernier coup. Je ressens alors la présence rassurante des draps et une douce odeur de cerisier me parvient aux narines. C'est presque irréel.

Un instant de répit précédant le rituel familier.

Je le vois s'approcher d'une démarche saccadée et maladroite. Le pauvre est sûrement bourré, faiblement conscient de ses actes. J'entends son pas lourd se rapprocher. Il me semble parvenu à ma hauteur.

Je sens le lit qui s'affaisse.

Il passe alors sa main brûlante et moite sur ma peau froide. De mon mollet à ma hanche, puis du bas de mon dos à ma nuque. Ses doigts sillonnent longuement mon corps.

En plus d'être tendu, mon épiderme se met rapidement à trembler alors que des frissons parcourent mon corps tout entier pendant qu'il entame sèchement ce pourquoi il est venu.

Détournant le regard, je fixe cette lueur flamboyante au fond de la pièce, seule source de lumière dans ce qui semble être l'enfer.

Alors qu'il se trouve à l'apogée de son plaisir insensé, mon corps vacille dans les profondes noirceurs du désespoir. Et tandis qu'il continu sa lente torture, mon être tout entier semble pris de convulsions irrégulières.

Il est incontrôlable.

Mes sens se confondent, ma vue se brouille et je ne vois à présent plus qu'un tourbillon de formes indistinctes. Cette pièce si familière me semble présentement inconnue, étrangère et menaçante. Son mobilier paraît virevolter à mes côtés tandis que ma tête s'avère prise d'un élan de démence absurde, emportant le reste de mes pensées. Mon souffle irrégulier s'accorde aux battements saccadés de mon cœur, faillant à sa tâche.

Poignets et chevilles liées, il m'est impossible de faire le moindre mouvement ou d'entamer la moindre démarche d'opposition.

Malgré ma confusion, je peux entendre ses grognements bestiaux, gutturaux et incontrôlés. Preuve irrévocable de son contentement. Je ne suis plus qu'une poupée aux mains d'un tortionnaire peu scrupuleux. Un objet qu'on utiliserait sans même en comprendre le fonctionnement si particulier.

De la pure folie.

Après ce qui me parut être une éternité, une dernière secousse, non sans violence annonce la fin de ce supplice déraisonnable.

Il se lève, trébuche et finit par quitter la pièce, me laissant pantelante et souillée.

* * *

« Aiden »

Sa voix grave et suave parvient à mes oreilles. Il a haussé le ton. Pas d'une manière agressive, mais qui se veut ferme afin de m'inciter à parler. Or je ne suis pas franchement consentante à disserter à mon sujet. Apprendre à cet inconnu les détails de ma vie ne fait pas partie des principaux objectifs de mon existence. Ces détails sont censés rester exclusivement privés.

Je suis encore pleinement bouleversée et stupéfaite de la manière dont le cours des choses a radicalement altéré. C'était brusque. Inattendu et incontrôlé.

Bien que j'en sois parfois la victime, je maudis la perte de contrôle, essentiellement pour ne pas que les événements soient ce qu'ils sont actuellement. Il faut avouer que se retrouver dans ma position, c'est-à-dire passée au crible par un homme antipathique et déterminé, n'est en aucun cas une expérience agréable.

Je me trouve donc face à cet individu à la carrure imposante. Une armoire le truc. Pourtant flic, il n'en est pas moins agréable à regarder, alléchant même. Une ravissante armoire donc. Épaules carrées, torse sculpté et mâchoire anguleuse sont les premières choses qui vous sautent aux yeux. Le noir des siens contraste avec le brun de ses cheveux, qui d'ailleurs sont disposés aléatoirement sur son crâne. Un coiffé décoiffé en somme. Une barbe de trois jours vient parer les traits de cet homme. Cet homme qui me fixe, attendant patiemment des réponses.

Réponses que je me dois de fournir.


« Je veux que tu me répondes Aiden.

- J'ai tué. Il n'y a rien de plus à savoir.

- Je dois savoir Aiden. Je veux absolument tout savoir. Les détails les plus abominables, les vérités les plus pénibles ainsi que les pensées les plus perverses. Je veux que tu m'expliques ton histoire.

- Cela prendra du temps. Ai-je rétorqué.

- Nous avons tout notre temps. »


DésaxéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant