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Elle est là. Souriant à un serveur plutôt mignon et pas mal foutu qui doit certainement lui demander ce qu'elle souhaite. Et elle doit répondre qu'elle attend quelqu'un.

Je traverse la rue, manque de me faire percuter et passe le seuil de la porte du Dark Heaven. Cela fait un certain temps que je ne me suis pas rendue dans ce café.

Pourtant rien n'a changé.

Ni la couleur des murs, un rouge sombre très chic, ni l'emplacement des tables rondes. Un magnifique parquet frotté brun foncé couvre le sol de la pièce et les poutres apparentes repeintes en noir ont pour effet de rapetisser l'espace tout comme l'énorme piano à queue entreposé au fond de celui-ci. Une lumière tamisée s'ajoute au décor et donne à la pièce un certain mystère. Ce café est décoré avec beaucoup de goût.

L'endroit n'est pas désert, mais pas loin. Seul quelques courageux ont bravé le dehors, refusant de passer leur matinée au lit.

Au chaud.

Karen s'était installée prêt d'une fenêtre. On ne change pas une bonne habitude. C'est toujours appréciable pour reluquer les gens. Ce petit passe-temps inoffensif n'est en aucun cas dégradant ou blessant pour la personne concernée puisqu'elle ne saurait jamais ce qui se dit derrière cette double-vitre.

Lorsqu'elle m'aperçoit, Karen veut se lever mais finit par simplement me sourire. Je crois que le serveur-mignon l'a remarqué, ce sourire. Et qu'il lui fait pas mal d'effet. Comme c'est étonnant. Il ne cesse d'observer discrètement mon acolyte.

C'est compréhensible car Karen a toujours attiré les hommes. De quelques âge ils soient. De grande taille, atouts mis en valeur, chevelure soyeuse et brune, regard vert émeraude et lèvres pulpeuse cette femme est d'une classe remarquable à des kilomètres et n'est en aucun cas la petite catholique coincée que ses parents ont voulu élever. De ce fait, elle a brisé de nombreux couples.

Bien que cela ne soit pas toujours voulu.

Enfin, nous nous faisons face. Cela fait un moment que nous ne nous étions pas vue, seule à seule du moins. Sûrement dû au fait que chacune a ses propres occupations et que la vie fait que nous ne pouvons nous rencontrer tous les jours.

Après quelques minutes, Karen fait signe au serveur. Ce serveur. Il accourt presque. On dirait un gamin ayant le droit de parler à son super-héros favoris. Les yeux pétillants, les mains tremblantes et la voix vacillante, le jeune homme s'avance. Or c'est moi qui passe commande. Eh oui mon coco.

Un Cappuccino, un chocolat chaud ainsi que deux beignets à la framboise. Il est déçu. Je souris en pensant qu'il écrira certainement cette terrible mésaventure dans son journal intime.

Qu'il planquera sous son lit.

Et que sa mère lira.

Après avoir échangé les quelques nouvelles de nos vies paisibles, la discussion tourne autour des amours.

Quelqu'un à un jour dit que l'amour est une chose simple, mais que ce sont les gens qui le rende compliqué. Ce quelqu'un est une personne sage et j'adhère tout à fait à cette théorie.

Pour ma part, les histoires amoureuses se font rares. C'est une chose qui ne m'est simplement pas destinée.

Karen le sait.

De son côté, elle s'est trouvée un nouveau copain. Grand, châtain aux yeux noisettes, un corps parfaitement dessiné et le regard enjôleur, il est synonyme de physique de rêve. Tout comme chaque prétendant de Karen en fin de compte.

DésaxéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant