L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 30 : La prise de contact (époque : 2022) (2/2)

- Enfant, ma mère souffrait d'une psychose aigue.

L'homme incline légèrement de la tête en signe d'écoute active et d'empathie. J. Stevens a attiré toute son attention.

- J'ai activé à ce moment-ci ma faculté pour la première fois. Enfin, disons plutôt qu'elle s'est activée en moi pour m'aider à stabiliser l'état de ma mère.

L'homme bascule sa tête d'avant en arrière avec lenteur, comme si sa réflexion aboutissait à des conclusions personnelles évidentes qui, visiblement, ne se partagent pas en retour.

- Ce n'est pas ce que je me suis conté lors d'une autre rencontre, Docteur.

- Je m'excuse de vous décevoir, assure-t-il dans un mouvement inutile de fumeur en l'absence d'une vraie cigarette.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ne vous vexez pas ce n'était point-là mon intention.

Il respire profondément, replace ses jambes de manière croisée et se touche doucement la barbe.

- Donc si je résume, Docteur, voici un jeune enfant qui se confronte à une mère en souffrance et pense devenir soudainement capable de la soigner...

- Vous doutez.

- Vous m'avez proposé d'entretenir le doute. Mais ce n'est pas le plus important.

- Qu'est-ce alors, cet élément important ?

L'homme arrête de caresser sa barbe. Il avance son buste en direction du psycho-criminologue et lui souffle :

- Vous doutez aussi, Docteur. C'est là le point à souligner.

J. Stevens est surpris par tant de clairvoyance, d'esprit et de perspicacité de la part d'un inconnu. Il voit ses mains trembler, ses coudes s'agiter, et il sent son front autant s'humidifier que son dos transpirer de ces sueurs froides nocturnes.

Alors qu'il s'élance pour une réponse, il perd le contrôle de sa mâchoire et quelques mots confus sortent de sa bouche sèche et pâteuse.

- Docteur ? s'inquiète l'homme.

L'expert saisit le yahourt à la fraise, qu'il avait prévu à cet effet, en cas de perte de maitrise face aux mémoires qui resserrent leur étau.

- Effectivement, acquiesce J. Stevens après quelques secondes salutaires. Mais si ce n'est pas le cas, qu'est-donc que cela signifie ?

L'homme observe sans commentaires les réactions du spécialiste du coin de l'œil, le visage ayant repris sa position en direction du plafond.

- Je ne pense pas être en mesure de vous donner cette réponse, à vous de la découvrir. Mais vous êtes Docteur, vous savez chercher, sourit-il chaleureusement. Vous obtiendrez votre réponse en revenant à la base... à ce que vous êtes.

- Amor Fati, sourit à son tour J. Stevens.

Son expression favorite est partagée par le terroriste, qui l'eut cru ?

- Nietzsche semble adéquat dès lors que l'on mobilise ses compétences humaines afin de nous aider à vérifier les informations. « Amor Fati » ... seulement deux mots, d'apparence si simples.

La Gardienne ne cesse d'effectuer des mouvements de refus envers J. Stevens.

- Nul doute que vous en connaissez le sens, nul doute que vous vous y confrontez.

La silhouette sombre se place les mains sur son crâne à un endroit vide où devraient se trouver des oreilles.

- Mais, Docteur, les avez-vous intégrés ?