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Je sors de cet endroit le cœur vide, le cœur serré.
J'ai ma tête qui me fait affreusement mal. Je ne sais même pas si c'est cet endroit sombre et froid qui m'a provoqué ce mal de tête ou tout simplement parce que je n'ai pas mangé depuis hier midi. Mon frère a d'abord passé vingt-quatre heures en garde à vue avant d'être déplacé en cellule dans l'attente de son jugement qui n'a pas mis longtemps à arriver : quatre jours. Cela fait maintenant trois semaines que la dernière image que j'ai en tête de mon frère est lui, sur le sol, mal et seulement à quelques pieds de moi. Il a pris pour trois ans mais il risquerait de faire beaucoup moins, peut-être la moitié de sa peine si il se comporte bien et qu'il ne fait pas de vague. Je le connais, ça va le rendre aussi fou qu'il ne va être effrayé d'être enfermé là-bas. Lui qui n'arrivait pas à trouver de boulot malgré un très bon CV, son casier judiciaire risque de lui entacher sa sortie et son avenir.
Je ne vais pas le laisser tomber. Je vais faire mon maximum de mon côté pour lui. J'irais le voir, même si cet endroit m'effraie pour ne pas le laisser seul, pour qu'il continue à avoir de la visite et un visage familier. Je ne laisserais pas tomber mes études, j'irais jusqu'au bout en espérant décrocher mon diplôme. Je vais travailler encore plus, peut-être que je devrais trouver un deuxième vrai boulot pour d'abord garder l'appartement que nous avons, m'assurer que je mangerai à ma faim et surtout, pouvoir envoyer de l'argent à Léo. Je lui ai laissé avec ses affaires seulement ce que j'avais dans les poches, vingt euros et quelques pièces.
Le sol est sec aujourd'hui, contrairement à ces derniers jours entre cet fin de novembre et ce début décembre. Ce jour de mi-décembre est ensoleillée, ce bout de soleil réchauffe mon teint caché à moitié sous mon bonnet, mon corps sous plusieurs couche de vêtements sombre et une grosse écharpe autour de mon cou, malgré ce grand soleil les températures restent négatives et mes membres sont gelés.
Nabil - Perle, je ralentis juste ma marche et je ne me retourne pas, je sais qu'il était là lui aussi pour son frère, nous nous sommes croisés en arrivant, tu veux peut-être que j'te ramène ?
Il est vrai que je suis énervée contre lui d'une certaine manière, de la façon dont il est parti et comment il est revenu. Je comprends qu'il a voulu suivre son frère, je pense qu'à sa place, j'aurais fait exactement la même chose avec Léo et Rania mais ne pas avoir de nouvelle pendant presque deux ans, juste dans une carte postale, trois phrases qui ne m'ont avancé à rien sur la situation a fait gonflé mon énervement, encore plus qu'il est parti sans prévenir, j'aurais aimé l'avoir face à moi, qu'il me regarde droit dans les yeux pour me le dire, je l'aurais sûrement mieux compris, mieux vécu, il sait que je préfère la vérité même si elle est dure à entendre.
