Chapitre 18

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Liméa se reprend quelques instants plus tard. Elle semble s'être rendue compte qu'elle s'est laissée aller. Andres sourit intérieurement quand il voit qu'il lui fait toujours de l'effet. Il serait bien le dernier des imbéciles à ne pas en profiter. Il répète sa question, avant de lui faire un suçon dans le cou à un niveau très visible. Liméa geint à son contact. Elle tente de se séparer de lui, mais c'est sans compter les chaînes qui l'empêchent de bouger peu importe la force qu'elle met dans ses mouvements.

- J'avais l'habitude de te dire par le passé, que cela s'arrêtera quand j'en aurais envie et quand j'en aurai fini. Et non le contraire. Il ne parle pas que de cette fois. Lui-même se laisse aller et des habitudes du passé refont surface. Réponds-moi.

- Je ne peux pas...

Andres n'a pas besoin d'une confirmation orale en réalité. La réaction de Liméa a confirmé ses doutes. C, est impliquée dans toute cette histoire. Il ne sait pas à quel point. Mais cela ne lui plaît pas. Cette femme peut devenir un véritable problème si elle décide de mettre des bâtons dans les roues de la vie de personne. Même dans la sienne. Il ne sait pas quel est son objectif dans tout cela, mais il sait qu'elle ne s'implique jamais dans de petits projets.

Il relâche Liméa d'un coup. Elle soupire de soulagement. Il n'a aucune envie de continuer à la torturer physiquement. Cela ne l'amuse plus. Il pourrait continuer psychologiquement, mais il faut qu'il sache absolument de quoi il en retourne au plus vite. Pour une fois, il se sent dans l'urgence. Il connaît très bien C pour savoir que si elle a envoyé Liméa tuer Natalia et comme elle a échoué et n'est plus revenue, elle doit avoir mis en place un autre plan pour arriver à ses fins. Ils ont une semaine de retard, non peut-être des mois de retard. Partir en guerre contre C n'est pas un petit événement, il en a très bien conscience. Il ne sait pas s'il a les ressources pour cela. Même dans les conditions idéales, il aurait du mal à se prononcer donc ce n'est pas maintenant qu'il pense gagner. Leur groupe est divisé en deux, ils ont des morts sur la tête, la plupart de ses lieutenants ne sont pas là et une partie de ses hommes également.

- Putain, il jure entre sa barbe. Comment a-t-il fait pour ne se rendre compte de rien tout ce temps ? Liméa... Pourquoi avoir tenté de tuer Natalia ?

- Tuer ? La surprise se lit dans le regard. Qui cela ?

Andres est pris également de surprise. Est-ce qu'elle lui ment ? Est-ce qu'elle se fout de lui encore ? Il n'a pas trop cette impression. Elle semble autant perdue que lui. Il n'aime vraiment pas ce qui se passe.

- Sofia ? Toujours autant d'ignorance dans le regard de la femme en face de lui. Tu l'as tuée. Ma mère également.

Le choc apparaît sur le visage de Liméa. Andres est complètement largué à cet instant.

- Non c'est impossible... Elle est prise de secousse et se met à murmurer. Non... Je n'aurais jamais pu... Tu te trompes de personnes... Elle pleure et délire même. Le choc est violent. C'est une autre personne... Je la tuerais...

Andres a l'impression d'halluciner. Il la voit se débattre violemment et s'effondrer en pleurs. Elle essaie de le convaincre de toutes ses forces. Il finit par s'approcher d'elle, descend à son niveau et la prend dans ses bras. Elle s'apaise à son contact, avant de perdre connaissance. Le choc émotionnel a été trop fort.

Il la détache et la soulève avant de lui faire quitter la cellule. Il ne sait pas s'il fait bien de lui faire confiance. Mais il se fie à son instinct et en mémoire des moments passés ensemble. Il ordonne aux hommes postés devant la porte de nettoyer la cellule et de préparer une chambre. Il la dépose sur le lit d'une des chambres, apprêtée par une domestique. Il la regarde endormie. Il demande à un des hommes d'aller chercher Ivan. Il attend que ce dernier arrive. Il ne lui a pas parlé depuis qu'ils ont découvert qui était l'assassin. Maintenant qu'il a les idées plus claires et qu'il est plus calme, il doit gérer la situation. Ivan arrive, accompagné du garde qu'il a envoyé. Il ordonne au garde d'un signe de la main de sortir de la pièce. Il se retrouve à trois dans la pièce. Ivan regarde sa sœur couchée sur le lit. Il voit bien qu'elle est salement amochée, mais il est surtout soulagé qu'elle soit en vie. Ça aurait pu ne pas être le cas. Andres lui fait dos et conserve le silence. Ivan ne sait pas ce qui l'attend. Il craint le pire, mais fait tout pour ne rien laisser percevoir.

- Quelque chose de plus important se trame. Je ne sais pas encore quoi. Ta sœur dit n'avoir aucun souvenir des meurtres qu'on pense qu'elle a exécutés.

- C'est impossible. C'est elle, je suis prêt à mettre ma main à couper. À chaque fois.

- Je sais, j'en suis également certain. Elle semble pourtant n'en avoir aucun souvenir. Il y a beaucoup d'ombres dans cette histoire.

- Qu'attendez-vous de moi patron ?

- Je veux que tu lui parles à son réveil. Que tu essayes de voir si elle te parle plus à toi qu'à moi. Je dois savoir ce qu'il s'est passé.

- Très bien. Andres se lève et se retourne. Ils se retrouvent face à face. Je suis tellement désolé de vous avoir déçu.

- Tu ne m'as pas déçu... Je mentirais si je ne me suis pas senti trahi pendant un moment. Mais je sais que tu n'étais au courant de rien. Je m'en doutais quand j'ai vu ton regard quand tu t'es rendu compte qu'il s'agissait de ta sœur. Elle me l'a confirmé en plus.

- Je ne comprends pas pourquoi elle a disparu de la sorte... Pourquoi faire semblant d'être morte ? Pourquoi disparaître sans rien dire à personne ? Pourquoi réapparaître uniquement pour ces meurtres ?

- Je ne sais pas non plus. C'est ce que nous allons nous efforcer de comprendre. Ce qui est sûr, c'est que C a quelque chose à voir là-dedans. C'est la seule qui peut inspirer autant de loyauté à ta sœur. Elle a longtemps été comme une mère pour nous deux durant notre initiation. Elle aimait jouer ce rôle. Liméa était sa favorite.

- Je pensais que c'était vous...

- Nous étions complémentaires. On ne faisait pas les mêmes choses. Nous n'étions pas doués pour les mêmes choses. Elle était mon homonyme féminin. Elle était ma partenaire. A l'époque.

- Je suis désolé.

- Ne le sois pas. C'est à moi de m'excuser pour avoir douté de toi.

Ces mots soulagent Ivan d'un poids.

- Allons-nous enquêter ?

- Évidemment. Je vais te confier des choses à faire ces prochaines semaines. Je ne peux pas me permettre pour le moment de mobiliser des effectifs pour cela. On va organiser dans 2 à 3 semaines la réunion trisannuelle des gangs.

- Je pensais que c'était aux Cuchillos de l'organiser cette année.

- Oui, mais changement de dernière minute. Ils ne peuvent pas. Le vieux Felicio a su pour mon déplacement sur son territoire. Avec tout ce qui nous arrive, je n'ai pas envie que ce soit un sujet de discussion ou de tension à la prochaine réunion. Déjà qu'ils vont forcément nous demander pour les corps.

Ivan se tend quand il l'entend en parler. Il se tourne vers le corps de sa sœur pour voir si elle dort toujours. Juste par mesure de précaution.

- Elle dort sérieusement. Elle s'est évanouie. Je l'ai mise sous sédatifs.

- Ils pourraient être sous dosés.

- J'ai remarqué qu'elle résistait plutôt bien. Donc j'ai mis la dose qu'il faut. Elle ne se réveillera pas avant demain matin. En attendant les gardes la surveilleront. Allons-y.

- Je partirai dès que nécessaire.

- Pas un mot de tout ceci aux autres pour le moment. J'ai rappelé les autres. Alessandra arrive demain. Les deux autres, un peu plus tard. Il faut que j'aille voir Mateo également. Je veux que tu restes à proximité et que tu la surveilles. Je te charge de sa gestion avant ton départ. Fais comme tu veux, mais ce serait bien que l'on obtienne d'autres informations entre temps. C n'est pas une personne à laquelle on peut se frotter sans réels arguments et preuves.

L'emprise De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant