Chapitre 17

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Il est au courant qu'il a séjourné sur ses terres, quand il est allé chercher Natalia. Andres retient un juron. Il n'avait pas le droit de s'enfoncer aussi profondément sur son territoire sans le prévenir. Que Lorenzo y soit allé ou que Natalia réside dans la zone ne change absolument rien. Mais il y a une interdiction claire entre chefs de se déplacer dans le territoire d'un autre sans l'avoir prévenu à l'avance. Parce qu'en général, leur passage s'accompagne d'un mouvement d'hommes, et peut-être d'armes. Beaucoup de guerres ont commencé par surprise de la sorte.

- C'est tout ce que tu veux ?

Il avait espéré que même en y étant allé avec presque personne, ils auraient pu passer inaperçus. Mais cela n'a pas été le cas. Il y a deux scénarios possibles : soit Felicio vient de l'apprendre ou il le savait depuis son passage, mais préférait garder cette information pour lui et d'attendre le bon moment pour s'en servir. Andres penche plutôt pour la seconde possibilité. Déjà qu'il a l'histoire de gang double à gérer avec les morts qui continuent à s'enchaîner à Mexico. Histoire dont ils vont sûrement devoir répondre à la réunion en question, mais en plus il n'a aucune envie de se faire sermonner par les autres groupes.

- Ça me rendrait grandement service. Je te remercie pour ta gentillesse. Vieux serpent, se retient de dire Andres. J'aimerais également que tu m'aides avec un petit truc. Andres se dit que c'est maintenant qu'ils vont arriver à la vraie discussion. Cette année je ne pourrais pas venir en personne. Comme tu dois le savoir, mon gang est en période de transition de pouvoir. Felicio n'a même pas admis de doute. Bien sûr que tous les gangs savent que son groupe a quelques problèmes ces temps-ci. Notamment dans la succession. Mon fils, mon héritier viendra avec mon second pour nous représenter. Je veux que tu tues mon second.

La discussion n'a pas duré plus longtemps que cela. Il n'a pas fallu à Andres plus pour ne pas faire les connections nécessaires. Felicio essaie d'imposer son fils à la tête du gang. Mais son second avec ses actions dernièrement l'empêche d'agir à sa guise. Il ne peut pas le tuer lui-même parce que ce dernier bénéficie d'un certain soutien et que cela ne ferait aucun bien au gang de s'entretuer entre eux. Andres lui a dit qu'il réfléchirait et lui donnerait sa réponse pour la deuxième demande, sachant que s'il le fait il lui sera grandement redevable. Parce que là, et Felicio en a bien conscience, c'est plus dangereux à réaliser que juste organiser le week-end. Personne ne va voir d'un bon œil qu'ils se mêlent de l'histoire d'un autre gang. Même si c'est à la demande de l'ancien dirigeant du groupe. Mais cela l'arrangerait bien que ce soit le fils de Felicio qu'il connaît bien, il est ami avec Mateo, qui reste à la tête du groupe. Plus simple pour lui à gérer.

Sa cigarette continue à brûler dans sa main. Il se sent légèrement irrité après l'appel de Felicio. Il y a beaucoup de choses à gérer. Il sait que cela ne fait pas longtemps qu'il les a libérés et il n'aime pas les rappeler de la sorte mais il va devoir faire revenir les autres. Il a besoin d'eux plus que jamais maintenant. Surtout de Alessandra. Il doit aussi prévenir, non plutôt convaincre Mateo d'organiser cette soirée. Cela signifie aussi lui dire pour la capture de Liméa. Il ne la connaît pas, mais il préférerait que tant qu'il ne se soit pas décidé à agir, la nouvelle reste cachée. Il aime bien se mêler de ce qui ne le concerne pas. Scario a eu un enfant qui lui rend la vie bien compliquée. Le plus drôle c'est qu'il l'avait prévenu avant de mourir. Il esquisse un sourire en y repensant. Il faut que sa fiancée vienne organiser la soirée avec l'aide de Michelle. Natalia n'a pas encore les capacités pour faire cela et vu comment il l'ignore ces derniers jours, il doute qu'elle joue le jeu et accepte gentiment d'aider. Il n'a pas envie pour le moment de s'expliquer avec elle. Ce sera forcément un moment difficile pour lui. Il le lui doit, il le sait pertinemment. Il s'en fout qu'on le traite de peureux à cet instant. Il fera tout pour retarder ce moment.

D'autres questions le préoccupent aussi. Comment gérer la situation avec les corps ? Il s'en occupait avec Ivan avant la capture de Liméa. La situation de Ivan qu'il ne sait pas comment gérer aussi. Liméa a bien avoué qu'il n'était au courant de rien, mais il a du mal à la croire et il a l'impression de s'être fait poignardé dans le dos. Il ne sait pas s'il peut arriver à lui faire confiance à nouveau. La seule chose qu'il sait c'est qu'il en saura plus une fois qu'ils auront discuté ensemble. Il a besoin de lui. Il a besoin de lui faire confiance. Dire qu'il est devenu si dépendant de ses hommes, tellement capable de se reposer sur eux. Il a changé au fil de toutes ces années. Il a accepté le fait qu'il n'était plus seul et qu'il devait déléguer son pouvoir. Il n'est plus le loup solitaire qu'il était il y a une dizaine d'années. Il amène la cigarette à sa bouche avant de souffler une nouvelle fois.

Quand à Liméa qui ne veut toujours rien lui dire sur son commanditaire. Il ne comprend pas. C'est le principal mystère. Pourquoi elle a simulé sa mort ? Pourquoi elle a attaqué ces personnes ? Pourquoi elle agit comme si de rien était après tout ce temps ? Trop de questions auxquelles il n'a pas de réponses et cela le frustre énormément. Si un jour, on lui avait dit qu'il reprendrait du service sur le corps de cette femme en particulier, il n'aurait jamais cru la personne. Même aujourd'hui, ce n'est pas comme si cela ne lui faisait rien. Il est juste obligé de comportementaliser ses émotions et le reste de sentiments pour agir de la manière la plus logique possible. Rester dans son rôle de chef et faire ce qu'on attend de lui pour protéger son groupe. Qui aurait pu faire faire de telles choses à Liméa ? Pourquoi autant de loyauté envers cette personne ? Qu'est-ce qui lui est arrivé pendant tout ce temps ? Encore plus de questions sans réponse.

Il finit par écraser sa cigarette et retourner dans la cellule. Il était tellement pris dans ses pensées, qu'il n'a pas vu le temps passé. La drogue n'aura plus d'effet dans moins de 1 heure. Autant lui demander en personne. À mesure qu'il marche direction la cellule et se remémore leur passé commun, une certitude jaillit dans son esprit par intuition. Il s'arrête juste devant la porte, et se sent tellement con. Comment a-t-il pu se poser toutes ces question ? Alors que la réponse a toujours été juste là devant lui. Il n'y a personne d'autre pour qui et à qui Liméa serait autant loyale. Loyale au point d'endurer toutes ces souffrances sans lâcher un seul mot. Loyale au point de mettre sa vie en jeu. Loyale au point de tuer les siens ? Tuer sa mère ? Cela il ne sait pas encore, mais il sait que la Liméa qu'il a connue à l'époque, bien qu'elle soit toujours présente, a disparu en quelque sorte.

Les bandages sur son corps prouve bien que le médecin est passé et que Lorenzo a exécuté ses ordres. Il s'approche d'elle et se rend compte qu'elle n'est plus profondément sous l'effet sédatif de la drogue. Il ne compte pas lui faire plus de mal. Elle doit guérir pour demain. Il ne va pas se dépêcher, cela prendra le temps qu'il faudra après tout il a bien 1 ou 2 semaines devant lui. Il se place dans son dos et il peut voir qu'elle est parcourue de frissons. Elle ne dort définitivement plus.

- Tu n'as rien perdu de ta sensibilité, il lui murmure à l'oreille.

- Rien à ton contact mon chou, elle lui répond, avec beaucoup d'effronterie. Elle sait qu'il est au courant qu'elle ne dort plus. J'imagine que tu aimes toujours autant les mêmes jeux.

Andres est agréablement surpris de sa résistance et de sa résilience. Elle est devenue très forte, il doit bien le reconnaître. Il adorerait se battre à nouveau contre elle. Il se sent attiré par cette idée d'avoir retrouvé sa partenaire. Ils se sont longtemps battus ensemble, mais surtout entraînés ensemble. Liméa lui avait fait revoir son avis sur les femmes à cette époque. Ils faisaient jeu égale, elle était même peut-être plus forte que lui.

- Pourquoi est-ce que C t'a envoyée ici ? Il lui pose la question avant de tirer violemment ses cheveux en arrière et de coller son dos à son torse. Il sent sa respiration s'accélérer. Il a touché juste. Réponds moi Liméa...

Il la sent se crisper quand il prononce son prénom de façon aussi sulfureuse.

L'emprise De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant