Bonus 4

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- Jamais, dit la voix tiraillée de Andres. Je vais la rendre à sa famille. Nous organiserons leur déplacement au Mexique pour l'enterrement pour que tout soit plus réel et sincère. Elles viendront à l'enterrement et je suppose que je subirai le courroux de leurs émotions. Après nous leur dirons la vérité.

- Je ne comprends pas ton choix, lui dit Lorenzo en voyant bien la peine qu'il ressent en leur disant cela.

- Notre gang est affaibli, il nous faudra du temps et des moyens pour le reconstruire. Les deux en ont bien conscience. Le constat après cette guerre est amer, en dépit de leur victoire. Je refuse qu'elle soit encore en danger à cause de notre proximité.

- Avant tu n'auras jamais hésité à la garder en dépit de tout cela.

- Oui sûrement, avant de la voir dans un lit dans le coma. Avec de faibles chances de se réveiller. Je ne me le pardonnerai pas si je dois être à nouveau la cause de sa douleur... ou encore pire, de son décès. Il serre les poings de frustration et de souffrance. Je ne veux plus d'une relation d'emprise avec elle. Je veux d'une vraie relation si nous avons la chance de l'avoir. Une relation normale, une relation où elle choisit d'être avec moi. Pas une où je n'arrive plus à distinguer ses sentiments d'un syndrome de Stockholm. Je veux être sûr qu'elle m'aime, autant que je l'aime, elle.

- Andres... Le choix que tu t'apprêtes à faire sera lourd à porter... Tu en souffriras énormément.

- J'en ai bien conscience. Une part de moi veut la garder pour lui, quel qu'en soit les moyens à employer. C'est la sombre version de moi, celle que j'ai construite avec C. Une partie de mon passé. Mais je ne veux pas qu'elle devienne mon futur. Je veux choisir d'être une meilleure personne, et je dois construire cette meilleure personne pour Lestia également. Cette partie de moi en croissance en souffrirait encore plus de la voir me détester ou de la voir misérable d'être avec moi, juste parce que je l'y oblige.

- Je vais prévenir la famille de Natalia, conclut Ivan. Je vais préparer une autre date pour cet enterrement.

C'est ainsi qu'ils se sont retrouvés quelques jours après, sous un ciel gris en plein Mexico, dans le cimetière. Andres perçoit la tristesse des visages des membres de son gang. En quelques jours, ils sont revenus plusieurs fois ici et le cimetière a accueilli une quantité impressionnante de nouvelles tombes. Des hommes du côté des Ouroboros blancs, de celui des noirs, les infiltrés... Tous, même leurs ennemis, ayant fait partie de leur groupe à un moment, ont été enterré dans leur cimetière. Il a tout pris en charge, tout organisé. Aujourd'hui, c'est le plus douloureux des enterrements qui a lieu. Tous ses lieutenants sont revenus depuis le début des enterrements. Il cache ses yeux rougis par les larmes derrière une paire de lunette de soleil. Il tient la petite Lestia par la main. Elle le regarde par moment, le regard plein d'incompréhension. Elle se cache derrière son manteau, quand elle voit des gens les approcher pour leur présenter leurs condoléances. Une fois cela terminé, le cercueil fermé est enterré et la stèle funèbre est installée. Elle porte le nom de : N. Mercado, avec l'inscription en espagnol : <<Tan cerca de los suyos para siempre. >>. Il a choisi personnellement ces mots. C'est une manière de lui dire au revoir solennellement, tout en s'assurant que cette partie de sa vie en tant que son épouse ne sera jamais oubliée. Il n'oubliera jamais, ainsi que tous ceux qui verront cette tombe.

Andres voit subitement arriver la famille de Natalia. Il retire ses lunettes en signe de respect. La main de la mère finit contre sa joue dans un retentissement claquant. Il interdit à quiconque de bouger d'un signe de la main.

- Je suis désolé, c'est la seule chose qu'il trouve cohérente à leur dire à cet instant.

- Tout cela est votre faute. La sœur aînée de Natalia lui dit endeuillée. Son cœur se brise encore plus, il en a terriblement conscience. Mais les mots prononcés ne font que renforcer sa peine. Pourtant, elle vous aimait tellement. Même quand nous lui avons demandé de revenir à nos côtés, elle a refusé. Il n'était pas au courant de cela. Elle a dit qu'elle ne voyait plus sa vie sans vous. Que même si parfois, elle ne vous comprenait pas, elle était prête à attendre que vous lui parliez. Que vous lui ouvriez la porte. Et peut-être qu'ainsi, vous pourriez changer. Elle espérait que vous puissiez mener une vie moins dangereuse avec elle.

L'emprise De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant