Chapitre 15

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Andres la regarde et se rend compte qu'elle n'a pas tellement changé sur certains points. Il connaît ce petit sourire en coin, elle avait le même quand ils couchaient et jouaient ensemble. Elle est aussi perverse qu'avant. Liméa était son homonyme, elle aimait le sang et la douleur tout comme lui. Elle se sentait extatique quand elle était sur le fil. Tout comme lui. Au lieu de trembler ou de cogiter au sujet de sa mort prochaine, elle lui sourit et le taquine. Andres sait qu'elle sait très bien, que maintenant qu'ils l'ont capturée, sa vie est terminée. C'est la première chose que C leur a enseignée. Un assassin ou un tueur qui se fait attraper peut dire adieu à ses chances de survie. Liméa et lui se connaissent depuis cette époque là. Quand il a intégré les rangs de C. Elle est arrivée un peu après. Sa mère voulait qu'elle acquière de l'expérience pour diriger un empire basé sur la prostitution. C était et est la meilleure à ce petit jeu là. Ce n'est qu'après qu'il a connu son petit frère, Ivan. Ils étaient souvent ensemble, les chouchous de C avant que l'appellation ne tourne au singulier à sa mort. Elle était très douée pour l'assassinat. Il était bon dans la torture. Ils se complétaient, travaillaient ensemble, combattaient ensemble. Ces moments de proximité dans cet environnement malsain, avaient fait naître une intimité entre eux, puis des sentiments, enfin une relation. Andres se sentait apaisé et compris en sa présence, parce qu'ils vivaient le même enfer et parce qu'il savait qu'elle l'acceptait totalement, lui et sa part maléfique. Ils étaient et avaient été éduqués et formés du même bois. Ce que Natalia ne pourrait jamais sûrement faire. Elle ne pourrait pas comprendre le besoin du sang, l'envie de souffrance, l'extase de la douleur. Cette face de lui qu'il ne compte jamais lui montrer. Liméa l'avait vue, elle l'avait acceptée. Comme il en avait fait de même pour elle.

- Tu n'es pas morte ?

Il lui pose la question, assailli par le doute. Pas le doute de savoir ce qu'il doit faire par la suite. Mais plutôt le doute de comprendre ce qu'il se passe. Il a l'impression d'être dans un rêve ou un cauchemar. Il ne saurait dire lequel des deux.

- Non. Tu vois bien que je suis devant tes yeux.

- Est-ce que Ivan était au courant ?

- Non.

Au moins, il savait qu'elle ne mentait pas. Elle ne lui mentirait pas. Il le sait au fond de lui-même. Ce qui les lie est au dessus de cela.

- Personne ne savait. Ne lui fais pas de mal.

Andres ne peut s'empêcher de sourire. Il se demande sur quelle base, elle ose lui demander cela.

- Pourquoi ? Pourquoi avoir fait cela ?

Son regard auparavant plus léger devient plus grave. Elle se mure dans le silence.

- Ne me pousse pas à bout Liméa. Tu sais très bien de quoi je suis capable, quand je ne suis pas de bonne humeur. Pour l'instant, je ne le suis clairement pas.

- Je ne peux pas te répondre. Je ne répondrai pas.

Voilà un autre côté de la femme qu'il a aimée qui ressurgit. La loyauté. Liméa a toujours été loyale. Envers qui aujourd'hui, lui même ne sait pas. Ce n'est pas envers lui en tout cas.

- Pour qui travailles tu ?

Toujours aucune réponse. Andres commence à perdre patience. Le regard de glace qui lui fait face lui montre bien qu'elle ne dira rien de bon gré.

- Je t'aurais prévenue.

Il se lève, avant de replier les manches de sa chemise jusqu'aux avant-bras. Cela fait longtemps qu'il n'a pas sérieusement torturé quelqu'un. Il sait qu'il peut y aller fortement avec Liméa. Elle le connaissait à l'époque où c'était son quotidien. Si elle est prête à garder la bouche fermée, sachant très bien ce qui l'attend, cela veut dire qu'elle se croit capable d'encaisser. Et lui, il aime les défis.

L'emprise De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant