Chapitre 3

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Ce matin, pas besoin que Ketya vienne ouvrir ma porte pour me dire de sortir. Il fait à peine jour que j'ai déjà ouvert mes volets, laissé ma fenêtre ouverte et je me suis préparé pour la journée. J'ai pris la même tenue qu'hier. Je suis alors descendu pour prendre le petit déjeuner avec mes parents. C'est bien la première fois des vacances que je prends le petit-déjeuner avec eux, mais ils n'ont pas l'air de le remarquer, trop absorbés par les journaux du matin pour voir les côtés en bourse. Ils se parlent qu'à demi-mot, et je m'assois devant ma mère avec un verre de jus d'orange. Elle a toujours son regard de glace braqué vers les lettres du journal et puis...

"Justelien. Debout ? En dehors de ta chambre ?"

J'ai l'impression qu'elle s'adresse à un inconnu.

"Je suis venu donner la bague de Joseph Snively. Ketya était occupé hier alors c'est moi qui me suis occupé de ce client."

Je sors la bague avec le rubis de ma poche et la montre à ma mère. Si c'est une vraie, il pourra racheter la maison. Pourquoi a-t-il donné un bijou si important ? Je ne connais même pas sa valeur réelle, mais mes parents doivent le savoir. Même mon père a tourné sa tête pour mieux voir la petite bague que je tiens entre mes doigts. Ils n'osent même pas la toucher, comme si c'était radioactif, comme si c'était dangereux, ou trop beau pour leurs mains.

"Eugène...

– Oui, je vois bien Carmaline.

– Où a-t-il trouvé ça ? Pourquoi avoir donné un bijou de cette ampleur ?

– Peut-être parce qu'il ne peut plus la mettre."

Dis-je en référence à son bras manquant. Mais c'était une très mauvaise blague et je m'en rends compte un peu tard. Si les yeux pouvaient lancer des balles je serais mort depuis au moins trente bonnes secondes.

J'entends des bruits de pas dans les escaliers et décide de ranger la bague à toute vitesse dans ma poche. J'ai peur que ce soit les filles. Si elles voient ça elles vont vouloir me le piquer sans même se demander ce que c'est. Mais ce n'est que le blondin. Il a l'air d'avoir mal dormi... Je l'ai entendu bouger dans son lit toute la nuit. Il a les mêmes vêtements qu'hier, avec la même odeur qu'hier. Lui est lavé, mais pas ses vêtements. Il passe devant nous en disant simplement "bonjour" et ne nous adresse pas un seul regard. Puis il sort de la maison pour aller je ne sais où.

C'est le moment, je dois pas le lâcher. Je cours un sprint jusqu'à lui qui était déjà au milieu de la rue.

"Jo !"

Mais il ne me répond pas. Tout ce qu'il fait c'est s'arrêter et me regarder.

"Je voulais... Je voulais te dire que je suis désolé.

– Je ne veux pas de ta pitié."

Il se retourne pour repartir mais je lui chope son bras valide pour ne pas qu'il parte.

"Je ne m'excuse pas pour ton bras. Mais pour ma réaction d'hier. C'est la première fois que je vois...ça."

Il souffle et se rapproche de moi.

"Écoute, Justelien, tu n'es pas le premier à avoir eu cette réaction et tu ne sera pas le dernier. Je ne t'en veux pas. Je ne demande pas à ce qu'on me comprenne. Je veux juste qu'on me laisse tranquille."

Il est décidé à repartir mais je m'approche à sa hauteur, je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas envie de le laisser comme ça. J'ai vraiment l'impression d'avoir fait une grosse boulette, j'ai envie de me racheter.

"Tu vas où comme ça ?

– Étant donné que vous avez ma bague, vous n'avez plus besoin de mes billets. Je vais aller m'acheter de nouveaux vêtement et aller laver ceux que je porte.

Cet été làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant