Chapitre 1

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"Embrasse-moi te dis-je !

– Je ne peux pas ! C'est interdit ! Nous n'avons pas le droit Robin...

– Et alors ? Nous avons contourné tellement de règles ces dernières semaines ! Ne crois-tu pas qu'il serait enfin temps d'enfreindre la dernière ? Celle dont nous avons envie tous les deux depuis que nos regards se sont croisés ? Je rêve de poser mes lèvres sur les tiennes depuis le premier jour... Et tu refuses encore de me faire ce présent.

– J'en ai envie, Roméo, très envie..." Dit-il en regardant fixement ma bouche. Il décide de s'approcher doucement, et pose finalement son pouce sur ma lèvre inférieure, juste au coin de ma bouche... Je le déteste en cet instant. Je veux faire ça avec lui, je le veux. Peu importe ce que disent nos parents, peu importe ce que disent nos familles, nos amis le roi et la reine... Je l'aime. On me fait vivre les pires atrocités parce que j'ose aimer... Autant aller jusqu'au bout, que ma torture ne soit pas veine.

"Qu'attends-tu ? Tu les dévores des yeux... Gouttes les. Je t'en prie. Je n'attends que ça depuis des jours...

– Ne me provoque pas."

Il n'a pas enlevé son regard de mes lèvres, et les siennes se rapprochent de plus en plus... Il suffirait que je m'approche à mon tour pour

J'entends un énorme "bam !", je n'ai pas le temps de finir ma phrase que je ferme le livre interdit et le cache sous ma couette. Je relève la tête et vois que ce n'est pas ma mère. Je souffle et redécouvre le livre.

"Ce n'est que toi.

– Que moi ? Il est huit heures du matin jeune homme. Et je suppose que tu n'as pas fermé l'œil de la nuit."

D'un coup du menton, Ketya montre le livre qui est entre mes mains. Je ne réponds pas et la voit ouvrir les rideaux, la fenêtre puis les volets. Je deviens presque aveugle. Ma vue était habituée à la lumière de ma lampe de poche, pas à celle du jour. Ketya doit sûrement voir mes cernes désormais. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, trop absorbé par les six cents quarante quatre pages de L'Amour au masculin, livre piqué à la bibliothèque dans la catégorie fiction amoureuse. Personne ne sait que je l'ai, sauf Ketya désormais, la femme à tout faire. Je n'ai pas le droit d'avoir des livres comme celui-ci en ma possession.

Je la vois qui arrive à lire le titre à l'envers, et je rougis d'un coup.

"Ne dis rien aux parents. Ils pensent que je reste enfermé dans ma chambre pour réviser mon histoire."

Il y a une pile de livres d'histoire à côté de mon lit que je n'ai jamais ouvert. C'est les vacances, je profite du fait d'avoir la bibliothèque à côté de la maison pour être un peu plus frivole qu'à l'ordinaire. J'aime m'évader dans l'interdit.

"Il sera enfin temps que tu sorte ! Regarde-moi ce beau soleil Juste. Il fait beau, il fait chaud, les jeunes de ton âge sortent, font des soirées avec leurs amis et vont se baigner à la rivière ! Qu'attends-tu pour aller les rejoindre ?"

J'entends des rires de filles en-dessous de ma fenêtre, avec un bruit de sonnette.

"Ce ne sont pas mes amis. Et c'est difficile de s'en faire quand tes parents sont réputés pour être les plus riches de la région.

– C'est un petit village, il n'est pas compliqué d'être plus riche que le maire d'ici. Et je te rappelle que tu es dans ta maison de vacances, Justelien. Dans moins de deux mois tu rentre à la ville, là où il pleut tout le temps et où même les serpents vont à l'école."

Je souris à sa dernière remarque, elle n'a pas tort sur ces points là. Elle me donne envie d'aller mettre un orteil dehors. Mais je dois être tellement blanc que je rendrais tout le village aveugle en seulement quelques secondes.

Cet été làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant