Chapitre 6

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Je crois que j'ai fini par m'endormir car quand je rouvre les yeux, le ciel est orange et le soleil est en train de se coucher. Je crois que j'ai passé ma journée à dormir... Au moins je suis sûr d'être reposé. Ou presque. Mon livre est sur moi, j'espère juste que personne n'a lu ce qu'il y avait dedans... Mais je n'entends plus rien, la radio est éteinte.

"...Et Léandre était là, près de lui. Il attendait. Il voulait son baiser. Il savait que pour Tobias les choses étaient différentes. Enfin, ça c'est ce qu'il pensait. Il les collectionnait, les baisers de, toute façon. Alors il attendait quoi ? Un baiser et tout serait fini entre eux, ce petit jeu malsain qui durait depuis presque un an... Léandre avait finalement accepté ses avances, mais c'est comme si Tobias avait fait machine arrière... Et puis, finalement, Tobias s'approcha et posa ses lèvres sur celles de Léandre. Un baiser différent, il l'avait ressenti. Ce n'était pas un baiser qui allait aller dans sa collection, celui-ci était privé... Celui-ci, c'était juste entre Tobias et Léandre. La collection était close."

Le livre se ferme entre les mains de Jo. Je ne sais pas du tout quand est-ce qu'il est arrivé, je ne sais pas du tout pourquoi est-ce qu'il est ici.

"Ce genre de choses ne se lisent pas à voix haute."

Dis-je en me redressant contre un arbre.

"Pourquoi ça ?

– Tu me veux quoi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi t'as ce livre avec toi ?"

Je suis super agressif et je ne sais même pas pourquoi. Les images qui s'étaient évaporées sont revenues à toute allure dans mon esprit. Je ferme les yeux et sert ma mâchoire sans même m'en rendre compte, un pur réflexe. Il reste muet.

"Franchement si tu te fous de ma gueule, c'est tout sauf drôle.

– Quoi ?

– Arrête ça. Pourquoi tu lis ça ? C'est pas pour toi ça, t'es un homme ! T'es pas censé lire ça ! Encore moins lire ça à haute voix ! Dis le si je te dégoute, j'ai pas choisis d'être comme ça ! T'es pas obligé de te moquer de moi comme ça.

– Juste, Juste..."

Il se lève et se met juste devant moi, le livre encore sur l'herbe et sa main sur mon épaule. Mais je l'enlève et m'écarte de lui.

"Je fais tout pour pas qu'on se rende compte de ça. Mais toi tu l'as remarqué et maintenant t'en joue ! Et puis cette, cette... pétasse ! Sérieusement, pourquoi est-ce que t'es venu ici Jo, pourquoi ?

– Je voulais m'excuser. J'aurais dû bloquer la porte avec une chaise, je ne pensais pas que quelqu'un allait entrer. J'aurais dû faire quelque chose."

Je reprends mon souffle et le regarde. Il a l'air un peu en panique à cause de ma réaction peut-être un tantinet abusé. Pourquoi est-ce qu'il m'a lu le livre alors ? Pourquoi avoir lu la fin alors que je viens à peine de me réveiller ? Je le dévisage et il n'a pas l'air de comprendre.

"Tu parlais de quoi à l'instant ? J'aurais remarqué quoi ? Je ne comprends pas ce que tu dis.

– Pourquoi est-ce que t'a lu ce livre ? Et pourquoi avoir lu la fin, juste devant moi.

– Je voulais te montrer que je savais lire un livre jusqu'au bout. Tu avais l'air de me prendre pour... un débile. Les gens ont tendance à prendre les soldats pour des incultes, pas capable de lire trois lignes. Je pensais que tu pensais la même chose."

Je ravale ma salive et essaie de comprendre ce qui est en train de se passer.

"Sérieux ? Donc tu sais pas que...

– Mais attends. Comment tu sais que c'est la fin ? Tu l'as lu ?"

J'ai l'impression de mettre trois ans à lui répondre.

Cet été làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant