Chapitre 9

31 4 0
                                    

"Justelien ! Justelien vient par ici !"

J'arrive alors dans ma chambre, Ketya était en train de ranger ma chambre comme elle le fait souvent. Je ne sais pas ce qu'elle a trouvé pour qu'elle m'appelle comme ça mais ça doit être important.

"C'est quoi, ça ?"

Elle tient dans ses mains un de mes livres interdits que j'apprécie beaucoup... Et certaines pages refusent de s'ouvrir.

"Ne touche pas à ça !"

Je lui prends le livre des mains et le referme.

"Il faut que tu arrête de toucher à ce genre de livre ! Et arrête de les ouvrir comme ça !"

J'avais oublié que j'avais fait... ça, hier soir. J'ai dû m'endormir tout de suite après. Ketya me demande de me calmer, mais ma honte prend le dessus et je lui crie dessus, je n'ai plus aucune envie qu'elle entre dans ma chambre sans autorisation. Il faut que je demande à mes parents de faire poser des verrous aux portes. J'ai de plus en plus besoin d'avoir mon intimité, et surtout en ce moment ! J'entends quelqu'un venir derrière moi et demander ce qu'il se passe.. . Il fallait que ce soit lui.

"Que se passe-t-il ici ?

– Snively.

– Jo... ça ne te concerne pas."

Il voit le livre que j'ai entre les mains et le prend. Je n'ai même pas le temps de réagir qu'il l'ouvre... Ou plutôt qu'il essaie de l'ouvrir. Je le vois rougir et rire. C'est un rire amusé mélangé à un rire de gêne.

"Je comprends mieux tout ce remue ménage. Tu sais, c'est normal ce genre de choses à ton âge.

– Je ne t'ai pas demandé de conseil.

– Je sais. Et je ne t'en donne pas. J'annonce seulement des faits.

– Jo' ?"

Il me redonne le livre.

"On est amis, non ?

– Jusqu'ici je suis d'accord.

– On ne parle pas de ce genre de choses entre amis."

Je jette mon livre sur mon lit et décide de sortir. Il fait beau, encore, et le vent est levé. Je pose mes lunettes sur mon nez et décide de marcher. Juste de marcher... Pendant longtemps... On a passé notre dernière nuit ensemble il y a déjà plusieurs jours. Et je ne sais pas trop comment je me sens depuis. Cette nuit-là, je voulais prendre mon temps pour briser mes chaînes, je voulais faire la part des choses, et j'étais à deux doigts de vouloir me révéler au monde entier. Mais c'est sûrement la pire idée que j'ai pu avoir jusqu'à aujourd'hui. Je suis tellement différent quand je suis avec lui. Je me sens bien, oui, ça c'est indéniable. Mais est-ce que j'ai vraiment envie de devenir cette personne là ? Est-ce que j'ai envie de devenir un dépravé et de coucher avec lui ? Lui. Un homme qui veut aussi tenter des expériences. Parce que oui, il ne veut qu'essayer. Mais je pense que je ne suis pas le seul à être comme ça. Alors pourquoi moi ? Est-ce qu'il ne peut pas aller ailleurs ? Ou s'en tenir à ces blondasses de merde qui servent de pensionnaires ? Je l'avoue, moi aussi je rêve de ça, moi aussi j'ai envie d'essayer, envie de voir jusqu'où je peux aller... Mais qu'est-ce que j'aimerais faire ça avec une femme. Et pourtant je ne ressens rien quand j'imagine ou que je regarde le corps des femmes. Un sein n'est rien d'autre qu'un membre comme un autre, elles ont des fesses rondes, un sexe avec des poils... Mais c'est tout. Elles sont comme une sculpture qui ne me fait ni chaud ni froid. Et je ne comprends pas pourquoi est-ce que le corps des hommes est si différent pour moi... Il n'y a pas que Joseph, il y a aussi tout ce que j'imagine, les beaux garçons à la rivière, ceux dans les magazines... Et je crois que je suis de plus en plus perdue sur la personne que j'ai envie de devenir. Et je suis en train de perdre la personne que j'étais.

Cet été làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant