Cela faisait une semaine que j'étais ici, et je trouve qu'il ne pleut pas assez à New York. Enfaite, même à Harrisburg je trouve qu'il ne pleut pas assez. Je ne voudrais pas qu'il pleuve tout les jours, en vérité j'aime bien le temps chaud. Mais la température devrait être partagée équitablement, un jour le soleil nous réchauffe et l'autre la pluie nous console. Je rêve d'un jour faire un séjour à Hawaï. Oui, pour le soleil, les plages, les paysages... Mais aussi car l'État détient trois des villes les plus pluvieuses au monde : Big Bob, Mont Waialeale et Kukui avec respectivement 10.272, 9.763 et 9.293 millimètres d'eau par an. En comparaison, il n'en tombe que 1.139 millimètres à New York chaque année et cela représente déjà « d'importantes précipitations » selon les météorologistes. Je n'irai pas plus loin car ce n'est certainement pas un livre sur le climat ou une revue scientifique, mais s'il pleuvait ne serait-ce qu'un peu plus ici, ça m'aurait peut-être retenu un peu, mais je n'avais qu'une envie, c'était partir d'ici.
Anthony continue de m'écrire tout les jours me faisant part de ses regrets et sa culpabilité. Mais est-elle vraie ? Et même si elle le serait, est-ce que le fait d'éprouver de la culpabilité sincère réduit la gravité du geste posé? C'est spécifiquement humain de se sentir coupable après avoir commis une faute. Comme si le fait de ressentir ce sentiment de culpabilité venait nous rassurer et nous prouver qu'on est pas complètement insensibles, et ce, peu importe l'insensibilité de l'acte. Mais ce sentiment n'efface en rien l'importance du geste, sinon, il n'y aurait personne dans les cellules. C'est à ça que servent les prisons, et je trouve ce principe étrange. Comment réparer l'irréparable? On ne peut pas remonter le temps, ni redonner la vie après un meurtre. L'irréparable ne se répare pas, justement, mais il s'échange. On échange l'irréparable contre l'irréparable, un crime contre du temps. On dit qu'il passe vite, mais le temps ne passe vite que quand on est libre, quand on l'est vraiment. Les réels adeptes de la liberté ne supportent pas d'être libres en devant vivre dans le mensonge.
Je pense que ma mère s'est rendu compte que je n'étais pas heureuse d'être là-bas. Elle m'a demandé quand est-ce que je serais prête à revenir, et je ne savais pas trop quoi lui répondre car je n'étais pas sûre. Donc elle a prit les devant et elle a dit que l'ont partiraient dès aujourd'hui. Je sais que ça pourrait paraître égoïste de sa part car ça devrait être mon choix. Mais ça ne me dérange pas, parfois c'est mieux de laisser les autres faire des choix pour soi, surtout lorsqu'on est indécis... Donc nous sommes parti, en direction d'Harrisburg.
À mon arrivée, Ni mon père, ni Jeremy n'était là. Mon père travaillait sûrement, mais je ne sais pas ce que Jeremy faisait. Sûrement des choses stupides. La maison était plongée dans la sombreur de l'automne et le vide d'un ciel dégagé. Je m'y sentais bien plus chez moi, mais l'atmosphère qui régnait ce soir là était étrange. Je me suis réinstallée dans ma chambre et ma mère est restée au salon.
Elle dormirait là, et partirait lorsque la plainte sera déposée. Ça m'angoisse énormément. Moi ? Porter plainte ? Pourquoi faire ? Je ne le sais même pas. Savoir Anthony derrière les barreaux ne me fera pas oublier. Pour tout dire, je n'y tiens pas vraiment, et je ne sais même pas si j'en aurai le courage.Jeremy rentra tard, et il ne fut pas spécialement surpris de me voir. Son visage paraissait fatigué, ses cernes paraissaient sans fin, et je lui paraissait étrangère.
- Tétais où ? Lui demandai-je
- C'est toi qui demande ? Je ne vois pas pourquoi je te le dirais, dit-il d'un ton nonchalant, toi tu ne me dis rien.
Il eut un silence alors qu'ont se regardaient, les yeux revolver. Encore une fois, il n'avait pas tort. Je ne lui avais toujours rien dis.
- Tu m'as un peu manqué tu sais... Lui dis-je les yeux détournés.
- Pas moi, répondit-il d'une voix enfantine.
Et il me suivi dans un rire.
Jeremy me dit qu'il y avait une « ambiance crado » toute la semaine avec papa. D'après lui, papa ne va pas bien et il serait content de me voir. Et il l'a été. Lorsque papa m'a vu, il s'est empressé de me prendre dans ses bras en pleurant. J'ai senti l'apesanteur de son soulagement, Puis lorsqu'il a allumé la lumière et qu'il a vu ma mère sur le canapé, il a essuyé ses larmes. Il eut ce regard habituel, mais cette fois, c'était différent. Ce regard était rempli de haine, du bord de mon père. Puis ils se sont lancés.
- Tu fais quoi ici ? Demanda papa.
- Quoi, je n'ai plus le droit d'être dans la maison de mes enfants ? Répondu maman.
- C'est ma maison aussi, tu sauras. Tu vas la prendre comme tu as voulu prendre les enfants ??
- Pourquoi faire ?? Il n'y a même pas l'espace pour eux deux !
Puis ils ont monté le ton, et Jeremy est sorti de sa chambre.
- Alors pourquoi tu es là ???
Après que papa ait posé cette question, il eut un silence. La faible lumière du salon ne suffisait pas à défaire les ténèbres de la scène. Le silence ne suffisait pas à défaire le bruit de la fâcherie. Mais mes pensées suffisaient à faire resurgir mes souvenirs d'enfance, trépas.
- Hein ? Pourquoi tu es là !?
Le silence perdura, comme si les mots ne venaient plus à la bouche de celle à qui ces mots étaient destinés, alors qu'elle regardait, avec hésitation, celui qui les a prononcés.
- Pourquoi tu es l-
- PARCE QUE TA FILLE S'EST FAIT VIOLER !
Le silence eut un troisième règne.
Ils me regardèrent tous, l'air abattus, et même si c'est parfois mieux de laisser les autres faire pour soi, je me suis senti assaillie par leurs regards obnubilés vers moi. On ne se rends souvent pas comptes du poids de nos mots. Les mots ne s'effacent pas, et ils blessent. Mais je pense que ceux qui blessent le plus, sont ces mots silencieux, ces mots qu'on ne dit pas. Mais qu'on entends par le bruits du regard. Et je pouvais entendre la haine que mes parents avaient l'un pour l'autre. Je me demande s'ils pouvaient entendre, eux aussi, le bruit de mes sentiments, la cacophonie de mon embarras.
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Jours de pluie
Teen FictionMalgré mon trouble bipolaire, je ressens rarement de « sentiments de bonheur extrême ». Est-ce parce que je préfère la tristesse à la joie ? La pluie au beau temps ? Je pense d'ailleurs qu'on ne devrait pas associer le beau temps au soleil et au cie...