Chapitre 14

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Ce costume me serre beaucoup trop. J'ai longuement hésité à l'enfiler mais j'ai finis par me résigner à le mettre puis mon père m'a déposé à l'école. Je suis arrivée en retard, mes amies ont crut que je ne viendrais pas. Je ne compte le nombre de fois où j'ai bien failli m'écrouler pitoyablement à cause de ces talons à la hauteur interminable. Je ne vous raconte pas pour monter les marches de l'entrée. À mon arrivée, la musique faisait déjà vibrer la salle alors que le Dj se dandinait dans son
costume de Batman. Il avait la totale: la cuirasse, la cape et la morphologie rappelant l'homme chauve-souris. Je me faufila entre Sonic et Lex Luther, trépassa entre Dora et Frankenstein puis trébucha sur une momie égyptienne. Elle me « grrrr » dessus impoliment en postillonnant alors que je m'excusais à répétition. Puis enfin, j'aperçus Son Altesse Julianna, princesse des contrées du lycée 𝑆𝑢𝑠𝑞𝑢𝑒ℎ𝑎𝑛𝑛𝑎 𝑇𝑜𝑤𝑛𝑠ℎ𝑖𝑝.

- Woow Sophy, t'es troop sexyyy! S'exclama t-elle en me voyant.

Moi ? Trop « sexy » ? Je trouvais plutôt que je ressemblais à une sardine dans un contenant trop serré. Alors que tout les regards étaient posés sur moi, le grand DJ fit voler sa cape en prenant une pose héroïque assez embarrassante. Puis il lança les classiques, les musiques qui feraient même bouger une statue. Une foule d'adolescents se mirent à se déchaîner sur une piste trop petite pour que chacun aille son espace de danse personnel. Tous entassés les uns sur les autres, ont se perdaient dans la foule comme les morceaux d'une même brochette et les perles d'un même collier. July se dandinait avec grâce, tandis que j'essayais de ne pas rester immobile : je ne sais pas danser. Mes mouvements étaient robotiques, presque qu'aussi mécaniques que ceux de Daniel Hooker déguisé en robot. Et c'est alors qu'un cercle se format. Le cercle de danse d'un bal d'un lycée, ce n'est pas qu'un simple cercle de danse. C'est une occasion de marquer les esprit, de briller, de se faire un nom parmi les plus aimés. Mais cela ne s'applique qu'à ceux ayant un minimum de talent... Dans le cas contraire, tout ce que j'ai cité seraient remplacés par la honte et la moquerie. Mais il arrive parfois, dans de rares cas, que même les performances désastreuses soient glorifiées. C'était le cas de Louis Warner, un binoclard qui se rapporte parfaitement au cliché de l'intello de l'histoire, l'année passée. Il a fait une danse rappelant un chevreuil en fin de vie. Mais ça a fait rire, si bien qu'il est quasiment devenue une légende le temps de quelques semaines. Mais moi je ne suis jamais entrée dans le cercle. Et je ne souhaitais pas y entrer mais je ne sais par quel moyen je m'y suis retrouvé. J'ai pris quelques secondes pour comprendre qu'on m'avait poussé à l'intérieur, et lorsque je l'ai réalisé il était trop tard pour reculer.

- Aller Catwoman ! Dit-un, impatient.

- Fait nous un striptease ! Dit-un autre en riant

Je ne bougeais toujours pas et j'ai commencé à stresser.

C'est alors qu'il est arrivé, mon sauveur. Batman, le DJ, avait quitté son poste et était venu - même si je ne pense pas qu'il était supposé le faire - faire voler sa cape de plus près, dans le cercle, à mes côtés. L'attention s'est donc penché sur lui. Mais c'est alors qu'il vint près de moi et pris ma main, me fit tourner et me rattrapa par la hanche, comme dans les bals dans les comptes de fées, un compte de fée à Gotham. La foule s'exclama de plus en plus attrayée par la danse des chauves-souris. Moi ça m'aurait fait peur, je haie ces bêtes. Et si leur danses se complétaient, que leur combat se déroulait à la perfection, le Joker fit son apparition, et qu'il est rusé, le Joker... Son masque tomba puis mon coeur manqua de s'arrêter lorsque je l'aperçu. Je me suis arrêtée, raide, pendant quelques secondes le contemplant d'un air effrayé. puis je pris mes jambes à mon coup, me frayant un chemin entre les elfes et les morts-vivants, sous les regards des colosses et des astronautes. July me suivit, peut-être que la princesse qu'elle incarnait avait des yeux rayons X car elle a réussit à me suivre malgré la noirceur de la salle et celle de mon costume. Je suis allé me réfugier dans les salles de bain et elle me rejoignit là-bas.

- Sophy ! Sophy qu'est-ce qu'il t'arrives !? Dit-elle essoufflée de sa course royale, est-ce que c'était...

- Oui, lui répondirent d'une voie tremblante, c'était Anthony.

July me regarda, bouleversée, pendant quelques secondes, puis elle serra le point.

- Mais qu'est-ce qu'il fait là bordel.. Qu'est-ce qu'il fou la !? Qu'en est-il de la plainte ?

Je lui expliqua que ma mère était finalement allée seule car je refusa de l'accompagner après qu'elle l'eut révélé à toute la famille. et qu'ils avaient pris la déposition mais sans plus. Ce sera sûrement une affaire classée sans suite car pas assez de preuves. Je pouvais sentir la rage de July, c'était dur de ne pas la prendre au sérieux même dans son costume de princesse. Et alors que l'âme de ma meilleure amie consolait la mienne, et que je me remettais encore de mon choc, deux coups puissants d'un même bruit se fit entendre, puis des cris.

- Des coups de feu !? S'exclama July, j'ai pas rêvé ? Quelqu'un à tirer en bas !

Elle n'avait pas tort, le bruit était trop fort, trop sec, trop meurtrier pour n'être que de simples petards, comme à chaque bal.

On se leva donc du sol de la salle de bain puis on se dépêcha de rejoindre la foule qui évacuait de la façon la moins sécuritaire possible.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé?? Demanda July lorsqu'on eut rejoint les autres.

- Quelqu'un est entré et a tiré deux fois! Expliqua Jennifer.

- Quelqu'un a été touché? Lui demanda t-elle encore.

- Touché? Dit Crystal avec ironie, il avait clairement sa cible en tête!

- Et qui était la cible? Leur demandai-je finalement.

- Batman! Dit-elles en coeur.

À ce moment précis, je ne savais pas ce que je ressentais. On avait tiré sur Anthony, mon agresseur. Que devais-je éprouver ? De la satisfaction ? De l'empathie ? De la tristesse ? Je crois que je ressentais de la culpabilité, mais une culpabilité étrange. Je me sentais coupable de ne pas réussir à m'en réjouir.

Les gyrophares et les sirènes n'ont pas tardé. Ainsi, une dizaine de voitures de police et deux ambulances se suivant sont arrivées l'une après l'autre. Puis les policiers ont parlé avec les autorités de l'école et finalement se sont engagé dans l'école. Mais étrangement, ça n'a pas duré longtemps. Ils sont ressortis peu après, un jeune homme menotté à leurs bras. Ont dit qu'il était resté là, assit, captif, attendant son enlèvement. Puis qu'il ne sembla même pas un brain apeuré lorsqu'ils entrèrent brusquement défiant sa tranquillité dans sa position de méditation. Mais moi, je suis sûre qu'il avait peur. Je suis sûre qu'il ne faisait que cacher la frayeur qui l'arborait par cet air zen. Lorsqu'ils sortirent avec lui accroché à leurs bras forts et fermes, tout le monde se tu et les regards de tous se déposèrent sur le jeune homme, qui ne cachait plus sa peine. Les larmes aux yeux, il pris son souffle puis cria haut et fort :

- JE L'AI FAIT POUR TOI, SOPHY!!!

Cette année, papa n'était pas venu me chercher assez tôt, avant que ça ne dégénère. Avant même qu'ont eu le temps d'une dernière danse, tout c'était envolé en deux balles de temps, ça c'était transformé en un bal de sang et sous les regards de tant :

Jeremy avait tué Anthony.

Jours de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant