Chapitre 9

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Mon père travaillait, je n'ai même pas eu à lui mentir. Mais Jeremy m'a demandé où est-ce que j'allais. Je ne lui ai pas dis, premièrement parce que c'est mon frère et que partager ma vie amoureuse avec mon frère me semble étrange, mais aussi parce que Jeremy n'arrive pas à garder un secret. Il ne le fait pas exprès mais il finit toujours par tout balancer.

Comme présumé, nous nous sommes vus. Mais cette fois, Anthony a dit que ce serait vraiment une surprise, il avait dû changer ses plans la dernière fois. Je suis embarqué à l'avant puis il a conduit jusqu'à un centre d'arcade. Il a dû se dire que comme j'aimais beaucoup les jeux, ça me plairait. Il n'a pas eu tort, j'ai adoré. Je n'y étais allée qu'une fois et avec Jeremy on s'étaient battus car ont n'arrivaient pas à se mettre d'accords sur le gagnant à chaque jeux. Il disait que le score ne voulait rien dire alors que c'est le principe même du jeu. Jeremy est un mauvais perdant, et moi je suis une mauvaise gagnante. Quand je gagne, je n'arrêterai de le proclamer que quand j'aurais perdu, et encore. Anthony n'est pas doué, je l'ai battu dans presque tout les jeux, à l'exception de la machine à coup de poings. Mon score fut pathétique comparé au sien, même si c'est cliché. Après ça, on est allés manger et la nourriture coûtait une petite fortune, il faut se l'avouer. Je lui ai parlé de l'offre de ma mère et il a dit qu'il ne voudrait pas me perdre alors qu'on vient à peine de se rencontrer. Et il a sourit quand je lui ai dis que je n'irai pas. Et finalement on est retournés dans la voiture. Il ne pleuvait pas mais la romance se faisait ressentir : on s'est embrassés, passionnément. Il a déposé sa main sur ma cuisse et a commencé à la caresser, doucement. Puis il a voulu aller plus loin, plus et plus encore... Mais je lui ai demandé d'arrêter car je n'étais pas prête à ça. Il a essayer de me rassurer, de me dire que tout irait bien en me chuchotant des mots doux, mais ses mains étaient encores déposées sur mon corps, je pouvais encore sentir la chaleur de sa paume sur ma poitrine, contre ma volonté, sans que je ne l'ai décidé... Pourquoi n'arrêtait t-il pas ? Pourquoi s'est t-il mit à nu et en a fait ainsi avec moi alors que je ne le souhaitais pas ? Pourquoi est-ce que j'ai ressenti son corps entrer dans le mien quand je ne désirais pas faire l'expérience d'une telle sensation ? À ce moment-ci, je me suis réveillé, j'ai compris pourquoi l'amour est un poison. J'ai compris pourquoi il détruit, pourquoi est-ce qu'il rend aveugle. Et alors que mon corps était sien, que je ne me sentais plus relié à celui-ci par le biais de l'âme, les larmes ont commencé à couler à flot, mais je n'ai pas crié, même si je l'aurais voulu je n'aurais pu. Sans même qu'il ne me bâillonne, je me sentais réduit au silence, comme si j'avais perdu le sens oral alors qu'il jouait avec moi dans la pénombre. Et quand il s'est enfin retiré, que la vie s'est réinstaller dans mon siège corporel, je suis sortie, mes vêtements en mains puis il m'a demandé :

- Où est-ce que tu vas ?

Je n'ai pas répondu. Je marchais tel un mort-vivant, à vrai dire, je me sentais plus morte.

- Eh ! Tu vas quand même pas rentrer à pied !

Puis je me suis tournée et je l'ai regardé, les yeux inondés, d'un regard rempli de désespoir, de haine, de dégoût, de peur. Puis il descendu, suivant mon geste, et m'a reconduit dans la voiture :

- Viens, monte dans la bagnole.

Je suis monté à l'arrière, et je me suis habillé. Puis il a conduit, dans le silence jusqu'à chez moi. Il ne parlait pas mais il s'est retourné plusieurs fois m'épiant d'un regard inquiet. Arrivés devant chez moi, il a affirmé :

- Écoute, je suis désolé, je sais que je n'aurais pas dû et je t'assure ça ne se reproduir-

Mais je ne l'ai pas laissé finir son discours. Je suis descendue, en frappant la porte si fort que j'aurais écrasé son score à la machine à coup de poing si je l'aurais frappé comme ça. Mais c'était moi, ma dignité, ma décence qu'il avait écrasé. Détruit en mille morceaux, comme un vase ou un verre qu'on échappe. Il s'est emparé d'une partie de moi et je ne la retrouverai plus jamais. Lorsque je sonna, et que Jeremy vint m'ouvrir, il vu mon visage, et même si j'essayais de les camoufler, il vu mes larmes, ma frayeur, mon désespoir. Il vu aussi les phares de l'automobile qui s'éloignaient et il comprit. Il comprit qu'on m'avait fait du mal, et que le responsable de mon malheur était à quelques mètres devant lui, et quelques mètres derrière moi. Donc il s'est empressé de sortir en criant « Eh, reviens connard !! » et en courant après lui, en vint. Je suis rentrée et même s'il n'a pas cessé de me demander ce qu'il m'était arrivé, je ne lui ai pas dis. enfaite, je n'ai pas dis un mot. Il m'a même averti que si je ne parlais pas il n'aurait d'autre choix que de le dire à papa. Mais malgré tout, je n'ai pas dis un mot, pas un seul.

Aujourd'hui, même s'il n'est pas tombé une goutte sur le sol asséché de la Pennsylvanie, il a plu des cordes, sur mon oreiller. C'est donc ça, la « profonde tristesse » ? Je pensais l'avoir déjà ressenti, mais c'était faux. Jamais je n'avais fais l'éxperience d'une telle douleur, d'un chagrin si fort. Ma chambre n'a jamais été aussi propre. Est-ce que c'est de ma faute ? Est-ce que je l'ai mérité ? Je ne pouvais répondre à aucune de ces questions, mais je n'avais qu'une chose en tête : Je devais m'éloigner de lui, je devais m'éloigner le plus loin possible. Si loin que je n'aurais plus jamais à croiser son regard ou à entendre sa voix qui jusqu'à là était pour moi une source de réconfort. « Qui sait ce qu'il fera ensuite ? » Après cette question, j'ai relevé la couverture qui me couvrait de la tête au pied comme on couvre un corps sans vie, sans espérance, et j'ai pris mon téléphone. J'ai appelé ma mère, et je lui ai annoncé que je partirais, dès demain.

Jours de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant