CHAPITRE 3

24 3 0
                                    

  Le chauffeur me dépose sur la grande place et j'apperçois Jeanne au loin, trotinner jusqu'à moi sous un grand parapluie.

— Dieu du ciel ! Qu'est-ce qui vous a pris de sortir sans votre parapluie ? Je vous ai dit qu'il allait pleuvoir ! Votre père va être furieux si vous tombez malade !

— Ne t'inquiètes pas Jeanne. Mon père me préfère au chaud dans ma chambre à attendre le prochain évènement mondain, plutôt que dans une salle de classe avec des gens de mon âge.

— Ne dites pas ça ...

— Ce n'est que la vérité.

Jeanne me guide jusqu'à l'entrée principale et m'ouvre la porte qui mène au PC Sécurité. Tout visiteur est obligé de passer par cette entrée. Il arrive parfois à père d'emprunter celle de derrière, mais seulement pour gagner du temps sur son trajet. Après tout, le site est énorme.

La fondation Delaunay s'est installé dans les murs d'un des chateaux secondaires qui appartenait à Marie-Antoinette. Mon père nous a fait construire un pavillon un peu plus moderne juste derrière et de grands jardins bien entrenues entourent les deux batiments et la dépendance. De quoi émerveiller la plupart des visiteurs, même si cet accès leur est interdit.

Avec hâte, je m'engouffre à l'intérieur de la fondation. Il n'y a pas à tergiverser, il fait meilleur ici.

Tandis que Jeanne égoutte le parapluie avec soin, je croise George, tout souriant.

C'est le chef du PC sécurité depuis que la fondation existe, soit presque aussi longtemps que je ne vis sur cette planète. C'est le seul à savoir que je ne vais pas réellement à la piscine quand je parle de cours de natation. Il est fidèle à mon père, mais encore plus envers moi. En même temps, il m'a vu grandir.

Malheureusement, c'est aujourd'hui son dernier jour parmis nous. L'heure de la retraite est arrivée pour George et ça m'attriste grandement. Qui pourra me couvrir quand j'irai explorer le monde extérieur ? Certainement pas Jeanne, en tout cas. Elle a beaucoup trop peur de perdre son travail pour contrarier mon père. George, lui, s'en fout royalement. C'est le meilleur agent de sécurité de la région. S'il perds son travail, il en retrouve un le lendemain. Il s'est souvent venté que mon père le payait grassement pour ne pas qu'il aille voir ailleurs.

— Qu'est-ce que tu fais dans cet état petit coquelicot ? me demande-t-il aussiôt.

C'est vrai que je n'ai pas fier allure. Je peine à sourire en pensant à la soirée qui m'attend dans quelques heures, sans parler de mes cheveux trempés. En plus de les lisser, je vais perdre du temps à les sécher. Tout ce qu'aime mon père.

Après avoir vérifié que Jeanne n'est pas derrière moi pour me presser le citron, je lui raconte l'incident sur la route et l'intervention de ce charmant jeune homme. Jeanne revient à ce moment-là époussetant sa blouse blanche impeccable.

— Tu as pris son numéro, j'espère ?

— Pourquoi l'auras-je fais ? Je ne suis pas comme ça, George, avoué-je à mi-mot.

— Tss, tu devrais faire attention à ce genre de choses ou tu vas finir marier à l'un des affreux amis de ton père! s'esclaffe-t-il.

Jeanne laisse échapper un claquement de langue désaprobateur.

— Ne raconte pas de bêtises George. Ces jeunes gens sont très bien pour elle. Ils peuvent lui offrir la garantie d'un bon avenir !

George la regarde suspicieusement.

— Un homme riche et méchant n'est certainement pas le mari idéale pour notre Azhlei.

— Un homme riche est-il forcément mauvais ? C'est le discours d'un homme pauvre, minaude-t-elle la tête haute.

— En attendant, je suis marié, MOI.

George tape là où ça fait mal, plongeant Jeanne dans une gène visible. Ses joues ont rosis et ses muscles se tendent, prête à lui renvoyer l'appareil.

— Ça suffit tous les deux ! Je ne veux pas de son numéro et je ne veux pas non plus des amis de mon père, c'est bien compris ?

— Profite de l'insouciance de la jeunesse, ou tu finiras comme Jeanne.

Jeanne lui frappe l'épaule en jurant, ce qui le fait rire.

— Suivez-moi mademoiselle, avant d'être pervertie par ce vieil homme !

Je souris à George qui me rend mon sourire en l'accompagnant d'un clin d'œil.

L'instant d'après, Thomas, l'un des agents de sécurité, nous fait signe de faire un crochet par le poste. J'entends Jeanne soupirer, c'est vrai que nous ne sommes pas en avance.

— Tenez Mlle Delaunay, un colis pour vous.

Au moins une bonne nouvelle aujourd'hui !

— Génial ! C'est ma dernière commande de peinture. Merci infiniement Thomas !

Ce dernier souris, un peu gêné. Tous les agents de sécurité du site sont gentils et amicale.

Sauf lui.

Mes yeux glissent sur le bureau du fond. Milo Falcone est en train de dévorer une barre de chocolat en visionnant les caméras de surveillance. Oh, il est sérieux au travail, c'est certain. Ce n'est pas comme si on avait des visiteurs indésirables tous les quatre matin non plus.

Comme s'il avait senti le poids de mon regard sur ses épaules, il lève le nez de l'ordinateur. Des yeux bruns, tous ce qu'il y a de plus banale, pourtant il y a quelque chose chez lui qui hurle "danger". Non, ce n'est pas dû aux tatouages qui ornent la quasi-totalité de son corps et qui lui valent d'ailleurs, des remarques désagréables de mon père. Ce n'est pas non plus dû à ses cheveux sombres en bataille qui lui retombe en parti devant les yeux. Non, tout ce qu'il dégage inspire le danger. Cependant, je ne peux m'empecher de le défendre quand père s'en prend à lui. Ce n'est pas parce qu'il ressemble à un gangster et qu'un frisson me parcourt à chaque fois que je le surprend à m'observer, que ça fait de lui un psycopathe.

Si c'est lui le prochain chef de la sécurité de la fondation, c'est qu'il doit être suffisamment fiable pour que mon père passe outre son physique de mauvais garçon.

Je hoche la tête pour le saluer, il en fait de même et replonge sur son ordinateur. Voilà à quoi se résume nos échanges depuis son arrivé il y a trois ans.

— Mlle Delaunay, il faut se dépêcher. Vos cheveux sont trempés, il faudra ...

— Je sais, rétorqué-je sèchement, bien que sachant qu'elle n'y est pour rien. Mes cheveux ont besoin d'être impecablement lissé pour plaire à mon horrible père.

Jeanne se pince les lèvres, elle meurt d'envie de me contredire, mais sait très bien que c'est un débat interminable car j'aurai toujours raison. Non, mon père ne m'aime pas. Le seul amour de sa vie, c'est l'argent. 

                                                                                      *****

Je dois avouer que Milo est mon personnage préféré. Vous comprendrez très vite pourquoi et ce n'est pas qu'à cause de ses tatouages. 

Avez-vous aimé le chapitre ? 

Pour plus d'infos concernant mes écrits: petitereinelouise.auteure

Si tu veux des avis de romans publiés: prl.stories

Pour savoir ce que le père d'Azhlei a planifié pour elle : chapitre suivant

MA PRÉCIEUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant