Je lui attrape le bras et le conduis rapidement dans la salle de repos des employés. Puis je l'assieds sur une chaise.
Pendant que je fouille dans la pharmacie, je lui lance des cotons qu'il réceptionne d'un geste.
- Évitez d'en mettre sur la moquette.
- Et bien, vous êtes à cran sur le ménage, vous ?
Mais je ne l'écoute pas...
- Mais, où sont ces foutus pansements !
Je vide le contenu de la boite sur la table et saisis un gros rouleau de bande velcro de 10 cm de large. Et lorsque je m'approche de lui en le menaçant de lui scotcher l'intégralité de son visage façon momie égyptienne, il me dit :
- Vous n'avez pas plus petit ?
- Non, désolée.
Je regarde les dégâts, l'ausculte en tournant sa tête dans tous les sens puis :
- On va laisser tomber le velcro. Bonne nouvelle, c'est superficiel, pas de points de suture.
- Vous avez l'air de vous y connaitre...
- Un peu, mon frère était un casse-cou.
Je prends un coton et de l'alcool.
- Je vous préviens, ça va piquer.
- Pas autant que vous...
Nous sommes terriblement proches et je m'en rends compte à peine maintenant.
C'est alors qu'une chose particulièrement étrange arrive : mon cœur commence à battre plus vite. Je porte une main sur ma poitrine comme si je pouvais y trouver un bouton d'arrêt d'urgence et il le perçoit.
- Olympe, ça va ?
Son visage, si proche du mien, inquiet, me provoque quelques autres palpitations incontrôlables.
Mais que se passe-t-il au juste ? C'est juste ton con de voisin, détends-toi et respire.
Ce que je fais les yeux fermés et malheureusement, j'inspire si fort que les effluves de son parfum commencent à me chatouiller les narines.
C'est pire que tout...
Il saisit alors mes mains comme s'il craignait que je tombe.
- Olympe, asseyez-vous. On dirait que vous allez vous trouver mal.
Je lui donne le coton imbibé d'alcool et m'assois sur la chaise à côté de lui.
- Vous voulez un verre d'eau.
Je fais non de la tête.
Je dois me reprendre, tout cela est évidemment dû au choc de la bagarre de tout à l'heure et certainement pas à mon voisin ni à tout ce sang qui est sur lui.
Peut-être un peu l'association des trois... finalement.
- Vous êtes sûr ?
J'ai toujours une main sur mon cœur.
- Oui, ça va.
- Ça arrive quand on a eu des émotions fortes, la descente peut être chaotique. Ça va passer dans quelques minutes, restez assise.
Il se lève alors et se dirige vers mon stock de t-shirts à l'effigie du « Pink », puis en prend un à sa taille.
- Je peux ? Je vous l'achète bien entendu.
- Heu, oui, si vous voulez.
Je regarde ses vêtements complètement tachés de sang, et je comprends immédiatement.
Mais lorsqu'il commence à le retirer, j'ai une bouffée de chaleur. Je souhaite quitter la pièce en hâte, c'est trop pour moi. Et visiblement, je ne sais plus du tout où j'en suis.
Lorsque j'arrive à sa hauteur, un vertige me reprend et je perds l'équilibre.
Il se rue vers moi et me retient dans ses bras.
Non, c'est pas possible... tous les Dieux de l'Olympe sont contre moi !
- Olympe, regardez-moi.
Une de ses mains soutient mon visage pour que je le fixe.
Je ne sais pas ce qui se passe, s'il n'était pas là, oui, je crois que je tomberais dans les vapes.
- Oly ?
Ma tête commence à partir en arrière, il saisit alors ma nuque pour la maintenir autant que possible droite face à lui.
De mon côté, j'agrippe fermement son dos pour m'y accrocher comme je peux quand le temps se suspend.
Nos visages se jaugent et je me noie dans son regard.
Je m'abime en lui et profite bien malgré moi du fait que je sois dans ses bras. Sa peau nue me brulerait presque.
Je me sens si bien, si protégée que je n'ai plus du tout envie de bouger.
Il chuchote maintenant...
- Oly...
Sa voix est comme une complainte. Doucement, son visage se rapproche et je fixe ses lèvres qui s'avancent vers les miennes.
Il est de plus en plus proche jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'à quelques centimètres de moi.
J'ai l'impression de vivre un genre de rêve éveillé. Je ferme les yeux pour en profiter et me laisser aller contre lui... La tête me tourne.
Soudain, la porte s'ouvre et d'un geste brutal nous nous détachons l'un de l'autre.
- Ho, pardon. Je dérange ?
Petit à petit, le chaos de mon corps s'estompe, je reprends possession de moi-même et lance :
- Non, ça va. J'ai eu un malaise...
Ulysse est déjà à l'autre bout de la pièce et vient de mettre son t-shirt.
Pierre balade ses yeux entre nous deux, je ne sais pas s'il me croit finalement.
- Vous voulez partir avec les pompiers ? Ils viennent chercher le mec que vous avez amoché tous les deux.
Ulysse récupère ses affaires et lance avant de disparaitre :
- Non, c'est bon, je rentre chez moi. Bonne nuit !
Et je reste plantée là, comme une cruche en ne sachant plus quoi dire à mon chef de bar qui a été manifestement témoin d'une scène particulièrement gênante...
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MB MORGANE - Mon voisin est un pauvre #%@$ ! [Terminé]
ChickLitHey, vous là... Oui, vous qui me lisez... Je me présente, je m'appelle Olympe... Oui, oui, je sais ce que vous allez me dire, un prénom tout droit sorti d'un vieux conte mythologique, mais, rassurez-vous tout le monde m'appelle Oly ;). Célibataire...