Chapitre 29

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Une semaine s'est écoulée...

Je vous fais un petit résumé rapide :

Moral : 0 quadruple pointé

Coup de téléphone de Luca : 87

Au dixième, j'ai bloqué son numéro, ce que j'ai fait d'ailleurs avec les douze autres numéros avec lesquels il m'a appelé...

Coup de téléphone, sms d'Ulysse : 0

Il n'arrête pas de faire des aller-retour depuis quelques jours, un remue-ménage de tous les diables. Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?

Oui, je dois dire que je ne quitte plus mon appartement depuis la fameuse nuit. Merci, Pierre, de me remplacer au club, je ne sais pas ce que je ferai sans lui.

Heures au téléphone avec Sara : 45...

Il faut bien organiser la « désorganisation » de mon mariage, heureusement, que je peux aussi compter sur elle. Luca a proposé de tout prendre en charge : c'est un minimum non ?

En parlant de ce connard, les quatre premiers jours, j'ai reçu toutes les heures des fleurs. J'en ai eu ma claque ! J'ai fini par descendre voir le livreur qui stationnait devant l'immeuble, attendant patiemment que la cloche sonne les heures, afin de lui demander d'offrir les bouquets hors de prix aux femmes qui passaient dans la rue. Depuis, je suis tranquille.

Mes amis ont décidé de faire la grève de l'amitié à Luca, et je les en remercie de me soutenir de cette manière.

J'ai dû prévenir toute ma famille, leur annoncer la vérité. Mon cousin a même bien failli monter exprès pour casser la tronche à Luca, mais je l'en ai dissuadé, il faut dire qu'il fait 1m50 cube aussi...

À l'évidence, tous mes rêves se sont envolés : mariage, bébé... tout. Je passe mes journées en jogging, à pleurer devant tous les mélodrames disponibles en VOD.

Aujourd'hui, ne déroge pas à la règle, je suis calfeutrée sous ma couverture avec un chocolat chaud et je regarde un film qui finit mal.

Les bruits de pas sont de plus en plus présents au-dessus de ma tête.

Ulysse n'a jamais été aussi bruyant, c'est insupportable ! Je vais lui envoyer un sms pour le calmer un peu.

« Merci de faire moins de bruit... »

Je ne peux m'empêcher d'avoir une réminiscence des moments que nous avons partagés, mais aussi de sa déclaration d'amour ce fameux soir. Je ferme mes yeux pour me reprendre quand j'entends la porte de mon voisin s'ouvrir pour se refermer aussi sec. Bien vite, on sonne à mon appartement.

Oh, putain c'est lui ! Comment je suis ?

Je me lève comme une folle, me regarde brièvement dans la glace pour remettre ma coiffure en place et vais ouvrir le cœur au bord des lèvres.

Je déchante d'un coup et adopte une mine bien plus sérieuse quand je vois que ce n'est pas lui.

Et clairement, je manque de m'effondrer.

- Linda ! Quelle surprise !

- Salut, Olympe. Comment vas-tu depuis l'autre jour ? Je sais, on fait un peu de bruit, désolée.

Elle s'avance pour me serrer contre elle, je marque un temps d'arrêt puis finalement me laisse faire, pendant que je fais le rapprochement.

Si elle est là, c'est qu'elle est avec Ulysse...

Bordel de putain de connerie de merde. Bon ça c'est dit et dans l'ordre en plus !

- Oui, c'est dingue. J'ai l'impression qu'il dém...

Elle n'hésite pas à me couper dans mon élan.

- Tu as raison, Ulysse déménage.

Mon cœur s'emballe puis stoppe net, je reste en apnée pour ne pas fondre en larme devant l'autre dinde.

- Quoi ?

- Oui, je lui ai proposé de venir chez moi et il a accepté.

J'ai comme un vertige tout à coup.

- Olympe, ça va ?

- Oui, oui, ça va, juste un problème d'hypoglycémie.

Non, bien sûr que non, ça ne va pas, merde ! Hypoglycémie ? Mon cul !

- Voilà, tu sais tout. Écoute, j'y retourne, on finit les cartons, à plus. On se verra à l'association ?

- Oui, oui évidemment...

Non, bien sûr que non... va te faire foutre... non en fait : ne va pas te faire foutre, ça m'arrangerait !

La porte fermée, j'hésite entre pleurer et hurler.

Mais je ne voudrais pas qu'Ulysse m'entende. Il s'est bien foutu de moi ! Et il en a profité pour bien me comprendre qu'il est vite passé à autre chose.

Finalement, je suis allée pleurer en douce dans ma chambre.

***

Après trois jours au bord de la dépression, j'ai enfin décidé de me reprendre en main, de passer à autre chose.

Dans mon salon, fin prête, je lance un regard nostalgique vers mon plafond. Il n'y a plus de bruit depuis quelque temps au-dessus de ma tête et je le regretterais presque. J'ai l'impression d'être seule dans l'univers.

Pourtant je me contemple dans la glace, me voilà donc prête pour retourner travailler au Pink. Il parait que le travail est salvateur.

En arrivant au club, j'admire la manière dont Pierre a tenu la boite. Il y a un monde fou alors que nous sommes tout juste en début de soirée. Je le vois s'activer pour donner ses ordres, il prend vraiment les choses à cœur et ça me touche.

- Pierre !

- Ha Patronne ! Quelle joie de te revoir ! Comment ça va ?

- Je me porte comme un charme !

- Fabuleux, je suis ravi.

- Alors quoi de neuf depuis tout ce temps ?

- Et bien, nous avons eu beaucoup de monde depuis qu'un influenceur a fait une vidéo ici.

- Mais c'est top ! D'où vient cette idée ? C'est toi qui l'as trouvée ?

Il me regarde en affichant une mine particulièrement fière.

- Ouaip !

Je le serre dans mes bras avant de dire :

- Bravo, tu es génial !

- Je sais ! Oly, excuse-moi, mais il y a du taf, je suis obligé de te laisser, tu trouveras sur ton bureau les résultats et le courrier.

- D'accord, je redescends tout à l'heure.

Une fois dans mon bureau, je me mets immédiatement au travail et deux heures plus tard, je décide enfin de faire une pause.

Je m'étends et rassemble les recettes de deux semaines pour les ranger dans une enveloppe bien scellée avant de descendre prendre un verre au bar et tâter l'ambiance.

Je suis obligée de sourire tant je vois que le club fonctionne à merveille, les gens s'amusent, la musique est géniale, le staff prend du plaisir à servir les clients. Je ne peux que me réjouir de tout cela.

Ne trouvant pas de place, je passe directement derrière le comptoir pour me servir et finis par retrouver les habitudes que j'avais perdu quand j'ai récupéré la direction : me voilà donc en train de confectionner des cocktails aux mille couleurs en dansant au rythme des sons du DJ.

J'ai l'impression de tout oublier.

MB MORGANE - Mon voisin est un pauvre #%@$ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant