XII

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Les jours qui suivirent cette soirée furent vraiment bizarres. Depuis ce soir-là, Drago m’évitait et ne m’adressait même pas un regard. Les vacances avaient suivi assez rapidement et notre situation ne s’était pas améliorée. Elle s’était même apparemment empirée et je fus très surprise de le voir arriver à la soirée des Serpentard avec Pansy Parkinson à son bras. Pansy... Non mais franchement ! Si son but était de me rendre jalouse, il aurait pu franchement trouver mieux. Je me sentais presque insultée.

Quoi qu’il en soit, Pansy ne le lâcha pas de la soirée, agglutinée à son bras comme une moule à son rocher. Je décidai de ne pas y prêter attention, préférant danser. Après un ou deux verres, j’étais complètement détendue et n’avais aucun problème à me déhancher au milieu de la foule.

Mon regard croisa celui de Drago entre deux têtes qui dépassaient dans mon champ de vision. Je m’arrêtai net de danser pour ne me consacrer qu’à son regard. Il était glacial et pourtant si familier... Si rassurant... Il passa lentement sur tout mon corps pendant que Drago s’humectait les lèvres. Par Merlin mais à quoi est-ce que tu joues ?  

Pansy arriva avec deux verres et coupa ainsi brusquement notre moment privilégié. Elle lui tendit un gobelet qui devait être rempli de bière car Drago le repoussa. Il ne buvait pas d’alcool et tout qui le connaissait un tant soit peu le savait. Pansy sembla faire la moue et elle lui remit le verre en main. Je décidai de m’approcher pour entendre ce qui se disait.

-         Allez poussin... Juste un verre, ça va pas te tuer !

Je ne pus réprimer un éclat de rire. Poussin ?! Je -  

-         Je t’ai dit non, Pansy. Et “poussin”, c’est non aussi.

Ah ! Tout de même...

-         Mais poussin !
-         Pas de “mais”.

Il lui rendit le verre avec fermeté et sortit en trombe sur le balcon. Je ne sais pas trop pourquoi je décidai de l’y rejoindre.

-         Hey... Dis-je en sortant doucement

Je n’eus pour toute réponse qu’un grognement.

La lune était claire ce soir et éclairait les cheveux parfaitement coiffés de Drago. Il était appuyé contre la rambarde et je pris quelques secondes pour vraiment prendre le temps de l’admirer.

Il portait une chemise blanche rentrée dans un pantalon cintré bleu marine. Malgré le vent frais de fin de soirée, il avait détaché le premier bouton qui laissait entrevoir son torse. Il vint m’arracher à mes pensées en marmonnant un “Jolie robe”.

Je ne pus réprimer un sourire à cette impression de déjà-vu.

Je marchais lentement vers la rambarde pour m’y appuyer également, à côté de lui. Je ne répondis pas à son commentaire sur ma tenue et me contentai de continuer la conversation.

-         Alors... “Poussin” ?
-         Oh la ferme !

Je fus surprise qu’il s’énerve autant pour une simple pique. Je n’avais plus de nouvelles de lui depuis je-ne-sais-combien de temps, il pouvait au moins me passer l’une ou l’autre blague !

Je le regardais avec de grands yeux et il détourna le regard vers le paysage. Je me retournai et appuya mon dos sur la rambarde. Puis, sans même m’adresser un regard, il me lança :

-         Tu devrais retourner à l’intérieur.
-         Je n’en ai pas envie.

Il soupira.

-         Bien... se contenta-t-il de répliquer, l’air exaspéré.

Je l’avais connu plus combatif...

-         Pansy alors... Pourquoi pas après tout ?

Je me pris à lever les yeux au ciel de manière hautaine. Argh ! Je détestais être jalouse comme ça ! Surtout qu'il ne me devait rien et je n’étais pas en droit de lui en vouloir. Il voulait se taper Pansy, soit, il se taperait Pansy. Je n’avais rien à dire là-dessus.

-         Tu ne sais pas de quoi tu parles...
-         J’ai des yeux pourtant... Et des oreilles, poussin.

Il contracta la mâchoire, le regard toujours fixé sur un point au loin. Je soupirai. Où était donc passé le Drago bourré de répartie que j’avais connu ?

-         Pourquoi c’est si compliqué entre nous, Helen ?

C’est lui qui me pose la question. C’est une blague ?

-         C’est pas moi qui m’en tape une autre.
-         Tu sais quoi... Laisse tomber, tu comprends rien.
-         Eh bien, vas-y. Explique-moi ! Je t’en prie ! J'attends que ça, des explications, Drago.
-         C’est pas si simple...
-         Oh si, c’est très simple. Tu te tapes Pansy et tu n’as fait que jouer avec moi tout le reste du temps, ça me paraît simple !

Le ton était monté très vite, échappant à notre contrôle.

Il marqua un temps avant de dire, plus pour lui-même :

-         Comment tu peux penser ça ?
-         Devine. Répondis-je du tac au tac.

Ses épaules retombèrent. Il ne dit rien. J’en avais assez entendu et je commençais à étouffer. Je tournai les talons et m’apprêtai à partir. Alors que j’allais passer la porte pour revenir à l’intérieur je l’entendis très nettement dire, toujours tourné vers le paysage :

-         Je t’aime Helen.

Cursed RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant