Le mec du bus | lujipeka

chapitre 7

Rennes, 01h37.

Mon instrument en main, en cette nuit lumineuse par le clair de lune, je fais vibrer les cordes de ma guitare en laissant la mélodie se balader dans mon appartement. Mes doigts se baladent, mon esprit se coordonne avec les accords qui deviennent de plus en plus spontanés. Ma fenêtre ouverte laisse entrer un léger courant d'air, s'associant à la musique qui s'échappe. Mes yeux se ferment, de temps à autre, je profite de la musique qui me porte et me berce.
Ce talent caché restera sans doute longtemps caché. J'ai décidé de laisser ma guitare dans l'ombre, tandis que je fais briller mon autre passion par le flash de mon appareil photo. J'ai choisi mon talent dans lequel j'avais le plus de compétence, n'est-ce pas plus sage de ma part ? Je pense qu'un grand nombre de personne serait de mon avis.

Je m'arrête de jouer, et ouvre à nouveau les yeux. Je retrouve mon habitat, peu éclairé. Faire de la guitare est plaisant, mais que faire d'autre pour éviter l'ennuie... je ne vais pas en faire toute la nuit.
Je sais que je ne vais pas dormir d'ici peu, la fatigue ne me vient pas du tout. Je suis même plutôt énergique, je pense qu'une petite balade ne serait pas de refus pour moi.
En me levant, une idée me vient instantanément.
Balade nocturne, l'envie de compagnie... difficile de ne pas deviner à qui je pense comme compagnon de route, Lucas. Et j'ai très envie de l'appeler pour lui proposer, mais n'est il pas déjà en train de dormir ? Je n'ai pas envie de le déranger, et puis, je ne sais pas si une balade a une heure si tardive l'enchanterai.
Je ne préfère pas tenter, une autre fois, peut-être.
J'enfile mes chaussures et une veste chaude qui me couvre un maximum. Non pas à cause du froid, mais plutôt pour éviter... une quelconque agression. Ça peut arriver à tout le monde et n'importe quand, surtout au milieu de la nuit et encore plus si c'est une femme qui marche seule. Ces risques sont bien tristes, et j'en suis la première à me plaindre, moi qui aime vivre la nuit assez souvent. Je ne m'étalerai pas sur ce sujet, tout le monde est d'accord pour dire que c'est scandaleux. Mais bon, c'est un fait logique et reconnu de tous.
Je prends soin de fermer mon appartement avant de dévaler les escaliers, puis de sortir de mon immeuble. Je réfléchis durant un court instant à l'endroit où je pourrai me rendre, et la seule option est le Parc de Beauregard. L'endroit où je suis allée l'autre soir avec Lucas. Je vais refaire cette escapade, mais cette fois ci seule et plus tard dans la nuit.
Je marche donc en direction de ce lieu, les mains dans les poches et la capuche rabattue sur la tête. Si je croise un ou des policiers, je risque de ne pas passer inaperçue. Tant pis, tant que je ne suis pas remarquée par d'autres personne, je m'en fiche puisque je n'ai rien à me reprocher.
Je passe par une rue qui donne sur l'entrée d'un immeuble. Cette entrée est très aérée et décorée par une grande allée entourée d'herbe. Habiter ici doit être très plaisant. De nombreux lampadaire éclairent cette allée et donne l'impression que cet espace est encore plus grand qu'il ne l'est vraiment.
Devant cette entrée se trouvent deux personne, l'une plus grande que l'autre. D'après ce que je peux voir malgré l'éclairage sombre, à cause de leur emplacement, c'est un homme et une femme. On pourrait penser à un jeune couple qui se retrouvent tard la nuit car ils se manquent, et les trouver mignon, ce que je me suis dit à la première seconde. Mais en me rapprochant petit à petit, j'ai fini par entendre ce qu'ils se disent. Les voix sont élevée et les paroles semblent assez virulentes.

« - Pourquoi tu m'oublies si vite ? Dit la fille. »

Ça m'a l'air d'une conversation avec un sujet sensible. Dommage pour eux que j'ai à passer à côté d'eux pour me rendre au parc.

« - Tu poses vraiment la question, après ce que tu m'as fait ? Rétorque-t-il.

- Ce que je t'ai fait ? Sérieusement ? C'est toi le méchant dans l'histoire je te signale !

- Je suis le méchant, donc c'est moi qui ait ramené quelqu'un dans mon lit en étant en couple ? C'est moi qui aie été infidèle, c'est ça que tu veux dire ? Tu te fous de moi j'espère ?

- Tu ne m'as pas laissé le temps de m'expliquer, tu es parti direct et m'a supprimée de partout ! On aurait pu arranger les choses en discutant !

- Arranger les choses ? Mais tu t'entends parler Lise ? Dit-il désespéré.

- Oui Lucas, si tu m'avais laissée t'expliquer la situation, on aurait pu arranger les choses ! »

Tiens, Lucas... quelle coïncidence.

« - D'ailleurs, c'était qui la fille avec qui t'étais l'autre soir, au parc Beauregard ? »

Une coïncidence encore plus grande.

« - Qu'est-ce que ça peut te faire ? Ça fait bientôt 1 an qu'on n'est plus ensemble, j'ai plus de compte à te rendre.

- Et tu vas me dire que tu ne m'aimes plus ? Dit-elle en changeant de voix, prenant un air vicieux.

- Et oui, malheureusement pour toi, je ne t'aime plus. Donc maintenant arrête de venir en bas de chez moi et laisse moi tranquille ! Dit-il en levant un peu plus la voix. »

Mais... ne me dites pas que...

« - Tu vas le regretter, Lucas. »

Suite à ces mots, elle s'en va sans se retourner. De là où je suis, le garçon a le visage éclairé par un lampadaire.
C'est bien ce que je pensais... toutes ces informations n'étaient donc pas qu'une simple coïncidence.
Donc cette fille est l'ex de Lucas, et d'après ce que j'ai entendu, c'est une fille qui n'arrête pas de forcer avec lui. Une folle qui ne compte pas le lâcher bien qu'ils soient séparés.
Son regard semble vide, et son corps reste statique. Je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour lui. J'aimerai pouvoir aller le rassurer, mais je ne suis pas censée être là et risque de me prendre moi aussi pour une folle.
Il fait demi tour et retourne dans son immeuble, pendant que je reprends ma route pour aller au parc. Sa soirée ne risque pas d'être très joyeuse.

L'amour peut être une vraie plaie, parfois.