Burn, beautiful Crow ( Version Française )

Chapitre 13-6

Adriana était d'excellente humeur, ce soir. June et elle ne me fit aucun reproche pendant le repas.

Après un diner rapidement avalé, je me dépêchai de débarrasser la table et de faire la vaisselle. Au moment de monter à l'étage, le téléphone au salon sonna.

— Blue, c'est pour toi, cria ma cousine depuis le séjour.

Je m'arrêtai au milieu des escaliers. Ma cousine apparue en bas des marches, le combiné à la main.

— C'est Paolo. Il dit que c'est urgent.

J'avais refusé de répondre à tous ces appels depuis notre rendez-vous de cet après-midi avec le juge au tribunal. Je descendis, hésitante, avant de faire marche arrière. Je n'avais pas envie de lui parler. Sa trahison ne passait toujours pas. J'avais besoin de temps.

— Dis-lui que je suis occupée, lâchai-je froidement.

June fronça les sourcils puis plaqua lentement le téléphone sur son oreille.

— Paolo, je suis désolée. Blue...

Déjà dans ma chambre, je n'entendis pas la fin de sa phrase. Arrivée près de mon lit, je me laissai tomber sur le dos et m'autorisai à respirer profondément. Cette journée n'avait été qu'une succession de désillusion. Pour la première fois de ma vie, Paolo ne m'avait pas soutenu. Pire, il m'avait rabaissé plus bas que terre. Et puis Desya. Je passai mes mains sur mon visage puis tirai sur la racine de mes cheveux. Desya n'avait rien fait. Il avait le droit de vivre une vie normale, je n'avais pas à être jalouse de sa liaison avec Angèle. Je détestai ce que je ressentais pour lui. Cet homme faisait émerger une autre femme que je refusai d'être. Une femme qui le désirait, qui le voulait rien que pour elle.

— Merde ! jurai-je furieuse.

Je me relevai et partis allumer les bougies sur mon meuble qui éclairait la statuette de la vierge Guadalupe. Je m'accroupis et commençai à réciter mes prières avec plus d'ardeur que d'habitude.

Le lendemain après-midi, Bernardo arriva le dernier à l'église. Je lui confiai le carton avec le goûter à donner aux enfants après l'activité puis nous traversâmes ensemble le jardin pour rejoindre tout le monde, au fond, à l'abri du soleil.

Après avoir posé le matériel par terre, je parcourais le groupe d'enfants. Mon regard se posa sur Desya qui aidait la petite Julieta à enfiler sa blouse. La scène était attendrissante. Il n'avait plus rien de l'homme que j'avais rencontré il y a cinq semaines. Son visage était moins tendu, il souriait. Julieta devait encore lui parler de la fée Lola. Il promena son regard autour de lui puis revint brusquement sur moi. Nous nous fixâmes un instant avant que je décide de tourner la tête pour m'obliger à garder mon esprit en ordre. Heureusement, Valentina, la maîtresse de maternelle, s'approcha de moi pour me parler :

— Merci, Blue pour toutes les fournitures. Les enfants sont tellement heureux de faire cette fresque.

— Les habitants d'East Harlem ont joué le jeu. Les dons arrivent plus vite quand ça concerne les enfants du quartier.

Valentina remua la tête ce qui fit bouger sa queue de cheval bien haute.

— Et toi ? Que comptes-tu dessiner ?

Le sourire aux lèvres, je réfléchis à la question avant de répondre avec une grimace :

— Je ne suis pas douée en dessin. Sûrement un nuage. C'est le moins risqué, je pense.

Valentina éclata de rire puis regarda autour d'elle.

— Les membres de ton association sont très investies. J'apprécie vraiment leur implication dans cette activité.

En effet, chacun d'entre eux s'occupait d'un petit groupe d'enfants. Ils distribuaient les pinceaux, leur donnaient à boire, les aider à peindre. Même Desya s'y était mis et aidait Bautista à dessiner un ange sur le mur.

— Je suis toujours surprise de voir les progrès qu'ils font au contact des enfants, murmurai-je lointaine.

Valentina m'invita à me joindre au groupe. Les enfants étaient ravis de me voir. Ils venaient à tour de rôle me faire des câlins et me confier leur petit secret ou tracas du moment.