Chapitre 1 : Jules

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En sortant du train à la gare du Nord, je distingue des têtes amicales au loin. Presque deux mois que je ne les aie pas vu ! Hercule, mon ami de toujours, accompagné par sa petite sœur Justine qui patiente sagement, les yeux rivés sur son téléphone. Il recoiffe sa touffe blonde en la plaquant en arrière et capte mon regard. Il sourit à pleines dents et me fait un grand signe de la main au moment où le train quitte la gare par un coup de klaxon.

Je m’approche de mon ami, mon paquetage sur le dos et un grand sac qui renferme des affaires pour les nuits blanches à venir. Justine lève enfin le nez de son écran et met quelques secondes avant de me sourire, sans doute le temps que ses yeux s’accommodent à la réalité.

— Salut Hercule ! Salut Justine ! Vous allez bien ?

Mon ami m’étreint en tapotant mon dos, réflexe inutile effectué par beaucoup de personnes, y compris par moi.

Je fais ensuite la bise à sa sœur.

— Tu as quel âge maintenant ? Dix-huit ans ?

Elle pose ses mains sur ses hanches et ouvre grand ses yeux bleus étincelants qui resplendissent entre ses mèches blondes.

— Dix-neuf ans depuis deux semaines ! Et pourquoi tu me parles comme un vieux ? Tu n’as que deux ans de plus que moi à ce que je sache ! me dit-elle en s’esclaffant.

Je me gratte la tête sur laquelle reposent mes cheveux bruns coupés en brosse. Elle a raison, mais une fois que la majorité s’éloigne, elle ne revient jamais. Et bien souvent, on la voit partir de plus en plus vite, jusqu’à ne plus s’en rappeler correctement. Et puis, une fois dans la vie active, les mentalités changent ! En un an à l’armée, j’ai bien plus grandi que durant mes deux années d’étudiant.

— C’est vrai, c’est vrai, mais tu verras quand tu travailleras !

— Oh, arrête de draguer ma sœur, plaisante Hercule en me donnant un coup de poing amical sur l’épaule qui lui fait s’agrandir les yeux. Dis donc, t’es encore plus musclé qu’il y a deux mois ou quoi ? Je crois que je vais m’inscrire à l’armée si je veux des biceps comme les tiens !

— Ah ah, si c’était si simple, ça se saurait.

Justine frotte frénétiquement les manches de son gilet rouge, puis regarde subrepticement son téléphone.

— Il est dix-huit heures. Je commence à avoir froid. Vous ne voulez pas rentrer à la maison pour attendre Baptiste et Marie ?

À l’entente du prénom de mes autres amis, je ne peux m’empêcher de plonger dans une multitude de souvenirs datant d’une époque où le lycée faisait encore partie intégrante de notre vie. Le jour où nous nous sommes tous les quatre rencontrés.

Je me rappelle du porche sous lequel je m’abritais par temps noir. Un jour, alors que je bouquinais tranquillement un roman fantastique, Marie est venue me voir pour me demander ce que je lisais. Au bout de quelques minutes à bavarder avec ma nouvelle camarade, Hercule et Baptiste se sont approchés. J’ai cru un instant qu’ils voulaient me brutaliser, une idée néfaste véhiculée par les films et les livres certainement. La vie n’est pas une fiction. Et c’est pour ça que nous devons en profiter au maximum et prendre ce que l’avenir nous offre.

Et justement, après quatre ans d’amitié, je compte bien en profiter !

— Allons-y, dis-je en souriant à Hercule.

La soirée s’annonce mortelle ! Jamais je n’aurais cru si bien dire…

Cardiaque (Thriller) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant