Chapitre 9 : Jules

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Emmitouflé dans mon duvet, je ne parviens pas à m’endormir tout de suite. Un mauvais pressentiment me gagne. Sans compter que la nuit est fraîche. Tous les autres ne m’ont pas cru lorsque je leur ai dit ce que j’ai vu. Pourtant, je n’ai pas rêvé ! La silhouette était là et je ne sais pas ce qu’elle voulait. Le plus étrange, c’est qu’elle correspondait parfaitement avec l’histoire d’Hercule.

Habituellement, je ne crois pas aux fantômes, mais que faire lorsque l’explication ne vient pas toute seule ? Je me sens désemparé, je perds le fil de ma propre vie et me remets en cause.

Je tente d’oublier tous les évènements passés, nous avons fait le plus dur. Il suffit que je trouve le sommeil et demain je me réveillerai entre les arbres encore endormis et le pépiement des oiseaux environnants. De là, ce ne sera plus qu’une question de temps avant que nous reprenions la route.

Sur cette idée rassurante, je sens mon cœur ralentir et un fluide invisible et apaisant traverser mes membres. Je respire lentement. Le sommeil n’est plus très loin désormais. Je fais le vide et me tourne sur le flanc. Demain sera une journée meilleure.

Ensuite, Morphée m’emporte loin, dans un monde où la violence n’existe pas.

Quelques secondes plus tard, j’ai l’impression de dériver sur un océan. De chavirer. Le ciel passe d’un bleu azur à un noir de jais. En d’autres termes, un temps irréaliste. Mais la mer se déchaîne. Elle vit. Du stress est dégagé par mon corps. Je suis de plus en plus balancé par les vagues jusqu’à ce que mon radeau se retourne. Je coule, incapable d’effectuer le moindre mouvement, toujours aspiré vers le fond, malmené par une force effroyable. Une voix résonne, comme l’écho final avant le point de non-retour.

— Hé… Hé…

Je l’entends, perceptible, lointaine, mais familière. Je frissonne. Tout disparaît.

— Hé… Réveille-toi Jules !

Je me lève, le front dégoulinant. Mon cœur pulse à mille à l’heure. Je ne porte pas attention à l’odeur de sueur que je dégage. Je ne sais même pas comment fait Marie pour la supporter. Elle se contente de me secouer. Il a dû se passer quelque chose de grave. Ma vue s’accommode.

— Je suis réveillé, c’est bon, dis-je en me frottant les yeux.

Elle s’excuse pour ce réveil brutal. Je regarde ma montre. Les aiguilles indiquent une heure vingt-quatre. J’ai dormi plus ou moins deux heures. Je suis exténué. Mes yeux piquent, suppliant mes paupières de se refermer. Pas maintenant. Je parviens à m’asseoir convenablement à côté de Marie sur mon duvet. Elle porte un pyjama d’hiver assez épais. Ses formes ne sont pas dérangeantes, je ne comprends pas pourquoi elle en fait un complexe. Ses yeux verts sont humides laissent entrevoir un sentiment de peur. Elle triture ses longs cheveux bruns.

— J’ai entendu des craquements dehors. Je pense que quelqu’un rôde autour de la cabane.

— Il peut s’agir d’un animal tu sais. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, nous sommes dans une forêt, dis-je un peu sèchement, déçu que Marie m’ait réveillé pour si peu.

Elle ne réagit pas à ma pique et reprend, toujours avec les mêmes tocs.

— Je sais différencier des bruits de pas humain et animal. Je me trompe rarement. Dois-je te rappeler que mon père est chasseur et qu’il m’emmenait souvent avec lui lorsque j’étais petite ?

Je soupire. C’est vrai qu’elle n’aime pas la cruauté de l’homme. Son père l’a choquée lorsqu’ils partaient en chasse. Elle fermait son clapet mais, au fond, elle ne voulait pas que les bêtes souffrent davantage. Elle les adore. Je bredouille :

Cardiaque (Thriller) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant