Une rafale de tirs me réveille, me permettant d’entrevoir un visage familier. Des yeux aussi gros que deux billes rondes me dévisagent. Lorsque je comprends qu’il s’agit de Marie, un coup de fouet retentit en moi. Je saute du lit sur lequel les pompiers m’ont allongé.
— Que s’est-il passé ? Tu n’as rien !
Elle pose délicatement ses mains sur mes épaules et me réconforte d’une voix aussi douce que de la soie :
— Ne t’inquiète pas. C’est fini.
J’incline la tête sur le côté pour manifester mon incompréhension. Elle rentre davantage dans les détails.
— Notre agresseur est mort. Ils l’ont abattu il y a environ une dizaine de minutes.
Je me touche le front, comme sortant d’un cauchemar. Un cauchemar réel. Les derniers évènements me fracassent le crâne. Je titube légèrement, mais suis rapidement rattrapé par un des pompiers qui se tient derrière moi. Étant de dos, je ne vois pas son visage, mais ressens qu’il a une poigne d’enfer. Je me retourne.
— Jules ? Mais qu’est-ce que tu fais là ! Tu es en vie nom d’un chien !
— Merci, moi aussi je suis content de te voir, dit-il en rigolant.
Justine est à ses côtés. Elle me sourit à pleines dents et m’explique, impatiente de nous révéler leur exploit :
— En fait, peu après avoir été séparés, nous sommes sortis du sentier et avons pris la route de la ville la plus proche. Sauf que Jules a pensé à quelque chose ; nous n’étions plus dans la forêt et le réseau téléphonique était revenu. Il a donc tout simplement appelé la police qui nous a expliqué qu’une patrouille ratissait déjà la zone.
J’acquiesce. Un pompier immobile et fin, les bras croisés, me fixe avec un casque de protection teinté qui recouvre son visage. D’instinct, je le remercie. Aucune réponse. Je racle ma gorge, puis réitère mes paroles. Il daigne enfin répondre. Je m’écroule littéralement sur les fesses quand il extrait le casque de sa tête.
— Mais de rien mon ami, me lance un Hercule joyeux.
Décidément, le ciel me tombe sur la tête. D’autant que je semble être la seule personne choquée ici. Que se passe-t-il ? Je craque.
— L’explosion, comment as-tu pu y survivre ! dis-je, les larmes aux yeux.
Inconsciemment, je tire mes cheveux roux dans tous les sens, presque à me les arracher. Marie me calme, tandis qu’Hercule ricane, puis se tourne vers Jules avec un regard malicieux.
— Je te laisse expliquer ?
Mon ami militaire me laisse enfin entendre le fin mot de toute cette histoire ahurissante.
— Nous avons été piégés Baptiste, toi et moi. En réalité, tout était un scénario écrit par Hercule. Justine et Marie étaient aussi complices. C’est pour ça d’ailleurs qu’elles n’ont pas utilisé leur téléphone. Nous étions tellement préoccupés que nous n’avons même pas plus que ça fait attention à ce détail tous les deux. Hercule a été repéré par un réalisateur de renom un peu par hasard lors d’une conférence à laquelle il assistait pour un exposé concernant ses cours d’audiovisuels. Très vite, notre ami s’est rapproché de lui et a montré ses travaux personnels. Le réalisateur lui a fourni un budget permettant de créer un court-métrage digne de ce nom. Lorsque j’ai appris tout ça, j’avoue lui en avoir voulu, mais si j’étais à sa place, comment refuser une offre pareille ?
— Et s’il est content de mon travail, rajoute Hercule, il m’embauchera certainement ou au moins appuiera ma candidature dans ce milieu très compétitif.
— Et l’explosion, j’ai vu la voiture, les débris !
Une équipe de trois personnes se pointent bruyamment derrière moi. La seule femme sur le groupe, petite aux cheveux courts, m’explique d’une voix de fumeuse :
— Ça, c’est un travail assez long de plusieurs semaines. À l’intérieur de la voiture, il n’y avait qu’un homme de cire, dont le visage était moulé à celui d’Hercule. Tout le reste n’était qu’effets spéciaux et bruitages. Entre votre départ et la simulation de la mort d’Hercule, nous avons échangé le monospace avec une réplique.
Je reste bouche bée, ne comprenant pas tout. La moitié des informations sont floues. Je demande bêtement :
— Et lu tueur alors ? Le comédien que tu as engagé et qui a été décapité sous nos yeux ?
Mes amis se mettent autour de moi et me rassurent :
— Tout faisait partie du scénario, ne t’inquiète pas. Le cadavre du comédien décapité était également un homme de cire.
À peine m’a-t-il répondu, que je m’offusque de quelque chose de grave.
— Mais sa jambe va comment ! Je l’ai poignardé bon sang !
Hercule met un peu de temps avant de comprendre que je reparle du tueur et me répond au bout de quelques instants, les bras croisés.
— Le couteau n’était pas aiguisé et notre cascadeur portait des protections.
Je plonge mes mains sur mon visage, puis me redresse.
— T’es vraiment un bel enfoiré, dis-je furieusement envers Hercule.
Trois secondes de silence passent.
— Qu’est-ce que t’es con, mais qu’est-ce que t’es bon aussi, j’ai eu la peur de ma vie !
J’enlace Hercule en le priant de ne plus recommencer ce genre d’aventure. Mais il est vrai que s’il nous prévient à l’avenir, les réactions risquent d’être moins authentiques puisque nous ne sommes pas acteurs justement.
Quelle nuit horrible !
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Cardiaque (Thriller)
Mistério / SuspenseCroyez-vous aux légendes ? À ces histoires généralement effrayantes ? Si oui, vous tombez bien. Jamais il ne vous lâchera. Jamais il n'arrêtera. Ce qu'il veut, c'est se venger des humains. Une fois à l'intérieur, attendez en pleurant votre mort. Jam...