Chapitre 11 : Jules

25 2 0
                                    

Hercule et moi courrons sans but. Simplement, il faut fuir ce qui nous pourchasse. La mort est derrière. L’avenir, devant. L’espoir n’est pas vain tant que nous sommes capables de respirer.

À bout de souffle, nous nous asseyions. Hercule, haletant, me demande :

— Tu penses qu’on l’a semé ?

Je hausse les épaules difficilement.

— Je n’en sais rien.

Bizarrement, je me sens épié.

— Je ne suis pas bien ici. On devrait rentrer. Les autres vont s’inquiéter. On appellera la police. J’espère qu’on aura pas de mal à retrouver notre chemin.

— Tu as raison. Dépêchons-nous.

Et c’est ainsi que, accompagnés par le clair de lune, nous refaisons le chemin inverse. Ma montre indique deux heures du matin. Espérons qu’il ne soit rien arrivé aux autres.

Nous repartons en trottinant, attentifs aux moindres bruissements aux alentours. J’empoigne mon couteau fermement dans ma main gauche. Ce n’est pas forcément le moment, mais Hercule me pose une question à laquelle j’aurais souri en temps normal :

— Alors, avec ma sœur ?

Je pense que discuter me fera oublier le passé, même si nous devons rester sur nos gardes.

— C’est bon, dis-je en m’imaginant lui caresser les cheveux et l’embrasser une fois de plus.

À cette pensée, je prie de tout mon cœur pour qu’il ne lui soit rien arrivé. C’est égoïste par rapport à mes autres amis, mais l’être humain est ainsi fait, pas vrai ?

— Tu vois, je te l’avais dit.

Hercule pose une main amicale sur mon épaule. Nous nous détendons. La scène est peut-être irréaliste au vu des circonstances que nous venons de traverser, mais pas irrationnelle pour autant. Au moins, la panique ne nous gagnera pas ce soir. Pas maintenant en tout cas. Nous pouvons réfléchir. Et c’est une bonne chose.

Au loin, j’aperçois une lueur extérieure. Une lampe torche. Mais je me rappelle d’une chose importante ; nous n’avons que la faible lumière de nos téléphones pour nous éclairer. Celle-là est plus grosse, plus puissante.

Mais ce qui m’inquiète encore davantage, c’est que la lumière vacille près d’une habitation.

— Notre cabane ! s’écrie Hercule.

Le mouvement de rotation que j’ai pour observer mon ami suffit à faire disparaître l’individu. Peut-être une autre vision ? Il n’est plus l’heure de se poser des questions. Nous devons rentrer et rester ensemble. Se séparer n’est pas bon.

Au fond de moi, la seule image que j’ai est celle de nous cinq en train de manger au restaurant pour les vingt-deux ans de Marie il y a deux mois environ, juste avant que je ne parte en expédition à l’armée. Je dois les revoir en vie. Tous. Il le faut.

Cardiaque (Thriller) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant