Chapitre 1 🌹

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_ La victime a été identifié comme étant le fugitif du nom de Marc Abedin, recherché depuis quelques mois pour avoir tenté d'assassiner le maire de Montpellier. Rappelons que la victime a été retrouvée morte, plantée sur le haut de la fontaine de la place Carmot.

Dans un grand salon blanc, illuminé par la lumière du soleil s'infiltrant par la fenêtre, la petite télévision crachait les paroles de la femme qui détaillait les faits avec une mine sans expression. Accompagnant ce bruit dérangeant, le dernier titre d'Imagine Dragons se faisait entendre légèrement, la musique sortant de la salle de bain, la pièce au bout du couloir.

Je coupai la journaliste de la chaîne trois en éteignant la télévision sans détourner le regard de mon bol de céréales. J'appréciais écouter les informations tout en déjeunant, mais ce matin là, une migraine m'empêchait de ma concentrer. Je soufflai une nouvelle fois sur le lait trop chaud avant de refaire tourner mes céréales dans le bol.

_ Cassy ? Tu as mis où ma brosse à dents ? Tu l'as encore cachée ? Je ne t'insulterais pas parce que je sais que je ne survivrais pas à la journée, mais ce n'est vraiment pas sympathique. Sâches-le.

_ Tu l'as rangé dans le placard au-dessus du lavabo, soufflai-je en levant les yeux au ciel.

Il eut un petit silence qui me prouvait que j'avais raison.

_ Qu'est ce que l'on dit ? demandai-je avec une voix enfantine.

La porte de la salle de bain claqua et l'individu qui se trouvait être mon colocataire apparut dans l'encadrement de la porte. C'était un jeune d'un an de plus que moi qui, avec ses cheveux longs sur le dessus et assez courts sur le dessous, et ses tatouages présents sur l'entièreté de ses épaules, semblait en avoir trente. Son corps finement musclé témoignait de ses activités semblables aux miennes, tout comme ses nombreuses cicatrices que j'avais pu observer lorsqu'il se promenait torse nu dans notre appartement.

Son sourire sentait vraiment l'hypocrisie et je pouvais voir la lueur meurtrière dans ses yeux verts.

_ Merci madame, réussit-il à dire avant de s'étouffer.

_ De rien Lucas.

Je rigolai pendant qu'il faisait semblant de cracher ses poumons.

J'avais rencontré Lucas lors d'une de mes nombreuses soirées dans le bar du coin, deux mois plus tôt. Nous avions fait un concours pour savoir qui tenait mieux l'alcool, puis avions dansé sur les tables comme deux fous , avant de se faire virer. C'était à ce moment-là qu'un groupe, à qui Lucas devait beaucoup d'argent, est venu pour le tabasser. Comme j'avais un peu trop d'alcool dans le sang, et rien d'autre à faire de ma nuit, je me suis battue à ses côtés.

Nous nous étions rendus compte du potentiel de l'autre et depuis, nous restions ensemble. Il sait que je suis une mafieuse sans réelle mafia et je sais qu'il est un jeune qui doit échapper à de nombreuses mafias.

_ Viens là, que je te coiffe, lui ordonnai-je en désignant le sol devant moi.

Sans rechigner il se mit à genoux dos à moi et je commençai à tirer le haut de ses cheveux noirs pour faire un chignon. Lorsque je l'avais rencontré, il avait encore sa couleur naturelle, le blond, alors je lui avais conseillé de se les teindre en noir pour être plus discret.

_ Tu as des nouvelles de ça ?

Il savait très bien de quoi je parlais. Depuis que chaque membre de la tête d'Infinity s'était éloigné, je cherchais ardemment à toutes les retrouver. Je ne m'étais rendue compte que quelques semaines après, que notre séparation était une grande erreur.

D'ailleurs, j'avais rendu visite à l'unité de la grande motte. Cette dernière fonctionnait toujours, comme les neuf autres unités. Alors, je savais qu'il fallait reconstituer la tête d'Infinity, malgré le retour impossible de Katell.

Lorsque Lucas m'avait fait part de toutes ses capacités, j'avais appris qu'il pouvait m'être d'une grande aide. Comme Lucie, il avait de vastes connaissances en informatique, alors retrouver des individus était sa spécialité. D'autant plus qu'il savait pirater les caméras de surveillance comme personne.

Mais, comme moi, les autres filles avaient su se fondre dans la masse, disparaître. C'était pourquoi il me paraissait quasiment impossible de les retrouver.

_ Je ne t'en ai pas encore parlé parce que j'ai bien peur que ce soit un faux espoir, m'expliqua-t-il.

_ Toutes les pistes sont à étudiées, dis-je en haussant les épaules. Qu'est ce que tu as trouvé ?

_ Il y a deux jours, une grande banque de Nantes a été dévalisée. Selon les vidéos des caméras de surveillance, la personne est une femme et vu sa technique, ce n'est pas une petite voleuse. Elle a agit seule, pourtant elle a réussi à voler une grosse somme.

Après avoir fini son chignon, je suivi Lucas jusqu'à sa chambre, une grande pièce rouge et noire remplie d'armes, d'ordinateurs et machines informatiques dont je ne connaissais pas le nom. Il ouvrit son ordinateur portable et rechercha la vidéo.

_ La voilà, je l'ai gardé en me disant que tu pourrais peut-être reconnaître sa façon de se battre.

Lucas lança la vidéo et je pu voir le grand hall de la banque. Soudain la porte blindée menant aux coffres explosa et une silhouette en sortit, chargée d'un énorme sac de sport.

Avec un calme étonnant, la femme, selon sa corpulence, posa le sac au sol, et fit face à la vingtaine d'hommes l'attaquant. Pendant dix minutes elle se battit avec souplesse, agilité et précisions. Elle enchainait des prises et techniques très complexes, roulait pour esquiver, frappait...

Un homme failli l'atteindre avec son arme à feu, mais la femme sortit un couteau de sa poche et le lança avec rapidité. Le couteau se planta avec force dans le crâne de l'opposant.

En laissant échapper un cri, je mis la vidéo sur pause.

_ Quoi ? s'exclama Lucas. Tu l'as reconnue ? C'est un membre de ta mafia ?

_ Cette technique, c'est celle que Leïca m'a apprise. J'ai mis plusieurs jours avant de l'intégrer et j'ai même dû m'entrainer sur des cibles mouvantes.

En répondant à Lucas, les images de cet entrainement me revinrent. Leïca avait obligé toutes les autres à porter des cibles peu solide et à courir dans le jardin pendant que je les visait. Ce jour-là Lucie avait failli perdre un bras et Maud une oreille.

_ Alors c'est elle ? demanda l'homme, impatient.

_ Non, Leïca se bat plus souvent à mains nues, mais ses compétences de combat avec couteau sont inégalables. Là, on peut clairement voir quelques défauts. Leïca ne m'a pas seulement appris à moi. Il y avait aussi Anaïs. C'est elle ! On a trouvé Anaïs !

Je criai en prenant mon ami dans mes bras qui criait lui aussi. A force de nous secouer mutuellement l'ordinateur tomba du lit ce qui nous calma immédiatement.

_ Qu'est ce qu'on fait maintenant ? me demanda-t-il, enthousiaste.

Je perdis mon sourire et baissai la tête. Même si on savait qu'Anaïs était à Nantes quelques jours plus tôt, dans notre logique, elle avait dû fuir la ville, la police étant certainement à ses trousses.

_ C'était il y a deux jours, expliquai-je, elle doit être ailleurs à cette heure-ci. Mais ne nous décourageons pas !

Lucas esquissa un petit sourire désolé avant de me frotter les cheveux comme si j'étais un enfant. J'attrapai sa main pour lui faire une prise de karaté et le lancer par terre.

Comme un enfant il pleurnicha en se frottant le derrière qui venait de rencontre le sol avec brutalité. Me moquant de lui, je roulai sur le lit, jusqu'à à mon tour rencontrer le sol.

_ On est vraiment mal, à nous deux, dit Lucas en rigolant comme un corbeau.

Infinity : Retour aux originesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant