CHAPITRE 18

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- PDV LIVAÏ -

Il était plus de midi, et Belle dormait encore. J'arrivais pas à croire qu'elle s'était mise dans un état aussi pitoyable la nuit dernière. Elle savait que l'alcool pouvait être dangereux, et que n'importe qui pouvait lui faire du mal si elle n'avait pas la pleine maitrise de ses moyens. Même si elle avait toujours de bons réflexes au combat - puisque j'en avais fais les frais -, elle restait vulnérable et ça me foutait en rogne qu'elle ait pu être aussi inconsciente. Le simple débardeur qu'elle portait était transparent et ils avaient tous pu apercevoir sa poitrine à travers le tissus fin qui l'habillait. Je bouillonnais de l'intérieur à la simple pensée que ces petits merdeux ait pu se rincer l'œil.

Et en même temps... je leur en voulais pas. Pour la première fois depuis son arrivée ici, presque deux mois auparavant, Belle avait rit. Et entendre le doux son qu'était son rire avait fais exploser mon coeur de bonheur. J'aurais pu rester sur le pas de la porte toute la nuit pour l'écouter discrètement, et profiter de ce court moment de joie que ses collègues lui avaient offert. Même si l'alcool donnait l'illusion que tout allait bien, et que la redescente risquait d'être difficile, j'espérais qu'elle garde un petit souvenir de cette soirée, que ces moments euphoriques restent imprégnés dans son cerveau afin qu'elle vienne s'y réfugier quand la tristesse prenait le dessus dans cette vie qui ne l'avait pas épargnée.

Tout l'argent du monde ne pourrait pas lui offrir le bonheur. Tout l'argent que je pouvais gagner grâce à mon poste ne permettrait jamais de la faire rire comme elle l'avait fais hier. Et j'espérais pouvoir être capable de la faire s'esclaffer encore et encore, qu'elle puisse toucher à nouveau du bout des doigts cette vie parfaite à laquelle on aspirait tant, autrefois. Cette vie où nous détiendrions une petite boutique de thé, une maison dans la campagne, et un ou deux mômes qui foutraient le bordel dans le jardin. Une existence calme et rangée. Tout ce que nous n'avions jamais connu.

Belle méritait bien plus que de faire partie de ce bataillon de merde, le seul corps de l'armée qui partait risquer sa vie à l'extérieur, mais qui se faisait traiter comme des moins que rien par l'ensemble du pays. Je ne voulais pas qu'on puisse porter ce regard dédaigneux que j'avais reçu à plusieurs reprises, en rentrant d'expédition. Je serais capable de crever les yeux à ces foutus civiles pour un regard de travers sur mon épouse. Et il fallait vraiment que j'apprenne à contrôler mes pulsions lorsqu'il s'agissait d'elle, car nous ne vivions plus dans les bas fonds, et mon grade ne permettait plus d'agir selon mes instincts animal.

Je caressais doucement son bras pour la réveiller, et une pluie de frissons se formèrent sur sa peau douce. Elle grogna et enfonça sa tête dans l'oreiller. Je me penchais un peu plus vers elle, déposant un baiser sur sa nuque.

- 'Faut se lever, marmotte.
- Encore un peu, supplia-t-elle, la voix cassée par le trop plein de sommeil.

Je glissais mes doigts dans ses cheveux, et massait l'arrière de son crâne pour la soulager du probable mal de tête qui devait l'assaillir. J'avais jamais eu de gueule de bois, mais je savais qu'Hansi, Erwin et les autres se plaignaient toujours de la tête lorsque ça leur arrivait. Elle gémit, me remerciant entre deux soupirs puis son petit visage s'était tourné vers moi, un sourire en coin sur les lèvres. Je ne pus m'empêcher de sourire en retour. Elle avait ce pouvoir particulier de me faire tout oublier. De me faire oublier que ma vie n'était qu'un tas d'emmerdes depuis toujours mais qu'avec elle dans les parages, tout était toujours plus facile.

- Je suis désolée pour hier, murmura-t-elle en se frottant les yeux, je me souviens de pas grand choses...
- Si tu veux te mettre dans un état pareil, fais le avec moi. Je serais plus rassuré.
- Oh non, je ne veux plus jamais toucher à l'alcool ! Rétorqua-t-elle, la mine dégoûtée, je ne me suis jamais sentie aussi vaseuse de ma vie.

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