CHAPITRE 25

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- PDV BELLE -

La tête posée contre l'épaule de mon mari, nous demeurions muets face à la tombe de notre fils. Le vent balayait doucement les quelques feuilles mortes qui s'y étaient déposées, dévoilant les jolies fleurs qui poussaient çà et là. Son prénom, gravé sur cette pierre blanche, me paraissait toujours aussi difficile à regarder. Cette inscription de quatre lettres était la marque que le destin avait laissée sur la minable existence que je menais. Une marque qui brûlait toujours mon coeur, comme si le fer bouillant qui avait servit à l'y inscrire, était toujours collé aux tissus de mon organe vital, l'empêchant de battre correctement.

Ange n'avait été que de passage dans ma vie.

Et j'aurais tout donné pour n'en être qu'un dans la sienne.

Mais j'étais celle qui était restée. Celle qui mourrait certainement, un jour, de cette foutue souffrance qui me bouffait le cœur.

— J'ai un petit quelque chose à te rendre, dit doucement le père de mon enfant, en fouillant dans la poche intérieure de sa veste.

J'allongeais légèrement mon cou pour tenter de percevoir ce qui se cachait dans ce coton noir et délicat, et je sautais presque de joie en voyant le ruban rose glisser contre sa peau laiteuse.
Je l'avais presque oublié. J'étais certaine que Livaï s'en était séparé, ou qu'il avait fini par le perdre. Mais il était là, en parfait état, comme si je le lui avais confié la veille. Alors que cela faisait six ans déjà.

— Tu pensais que je l'avais perdu, avoue-le ? Plaisanta-t-il, un sourire fier sur les lèvres.
— C'est vrai, avouais-je, mais tu arrives toujours à me surprendre, visiblement.

Je me redressai pour mieux apprécier ce petit amas de fibre rose, impatiente de pouvoir le nouer dans mes cheveux à nouveau. Il était profondément stupide d'être autant attaché à quelque chose qui ne signifiait rien, mais en mon fort intérieur, et ce, depuis toujours, une petite voix me chuchotait qu'il était important que je le garde. Que quelqu'un qui m'était cher avait, un jour, enroulé ce petit ruban autour de mon poignet. Je ne désespérais pas d'en connaître l'origine, d'autant plus maintenant qu'une équipe entière m'aiderait dans cette quête.

— Tu pourras le porter au poignet maintenant, comme quand tu étais petite.

Il s'empara de ma main, présentant mon poignet à la hauteur de ses pectoraux.

— J'ai fais rajouté des attaches aux extrémités, ça t'évitera de le perdre, expliqua-t-il en clipsant le fermoir de couleur argentée dans la chaînette qui pendant à l'autre bout, et puis... ça, aussi.

Bien trop concentrée sur ses gestes adroits, plaçant soigneusement le bracelet sur ma peau, je n'avais pas prêté attention au petit coeur argenté qui pendait sous mes veines radiales. Une inscription y était gravée, celle là même qui figurait sur la pierre tombale de notre fils.

Son prénom.

Mes yeux firent plusieurs allers-retours entre le bijou et les yeux de mon époux, qui attendait, impatient, une réaction de ma part. Son sourire s'évanouissait au fil des secondes qui s'écoulaient, bercées par mon silence presque pesant.

Tu n'aimes pas, c'est ça ? Demanda-t-il tristement, en baissant la tête.

Je secouais la mienne doucement, pour remettre mon cerveau en état de fonctionnement.

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