CHAPITRE 2

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Une violente nausée me tira du sommeil, et j'amenais instinctivement ma main devant ma bouche en me redressant sur le matelas. Je n'avais strictement rien avalé la veille, je cherchais donc quel aliment aurait pu me donner la gerbe avant ça. Sans attendre plus longtemps, je courus jusqu'aux toilettes et ressortis le faible contenu de mon estomac, soit de la bile atrocement acide qui m'avait brûlé la gorge. Deux mains chaudes caressèrent mes joues en encerclant mes cheveux pour me les maintenir loin de ma bouche, alors que je continuai à me déverser, les mains maintenant fermement la cuvette.

- Ça va aller ?

La voix réconfortante de ma meilleure amie résonna dans la petite pièce. Isabel avait toujours été un soutient, même dans des moments aussi gênant. Je me laissais glisser le long du mur et ramenais mes jambes contre ma poitrine.

- J'ai un mal de crâne atroce.

Elle s'accroupit devant moi et me tendit ma brosse à dent pour que je puisse retirer le goût horrible du vomit dans ma bouche.

- Tu devrais retourner te coucher, t'as peut être besoin d'un peu de repos, me conseilla-t-elle en appliquant du dentifrice sur ma brosse.

- Non ça va, fallait juste que ça sorte. Les gars sont partis ? Tentais-je de prononcer avec la brosse à dent dans la bouche.
- Ouais, Livaï a insisté pour que tu te reposes.

Je me levais enfin, ignorant le léger vertige que m'avait infligé mon redressement trop soudain et crachais le contenu de ma cavité buccale dans le lavabo. Livaï avait cette fâcheuse tendance à me traiter comme un petit objet fragile et ça avait le don de m'énerver. Ce n'était pas la première fois qu'il m'écartait d'une mission, mais il n'avait jamais imposer à Isabel de rester avec moi. Il était sûrement inquiet de la légère fièvre qui était montée hier. Je n'étais jamais tombée malade, et mon corps était habitué à la crasse des souterrains, alors je mettais ça sur le compte d'un aliment que j'avais mal digéré quelque jour plus tôt.

- Bon, allez, on a assez traîné.

Assise sur le bord de mon lit, j'enfilai les sangles de mon équipement, réparé soigneusement par mon mari la veille et enfilais ma cape avant de sortir. Isabel avait suivit le mouvement, trop impatiente de s'envoler dans les airs comme le petit oiseau qu'elle avait aidé à guérir l'année dernière. Elle avait déboulé à la maison, un oisillon blessé à la main alors qu'elle se faisait pourchasser. On ne la connaissait pas encore, mais elle avait l'air bien trop précieuse pour que je la laisse s'en aller. Et vivre toute seule avec deux hommes c'était barbant. Isabel avait été une bouffée d'air frais dans mon quotidien, la touche féminine qui manquait cruellement à ma vie. Et lorsqu'elle avait franchit cette porte, et qu'on l'avait tous aidé à soigner l'animal volant pour qu'il puisse retrouver sa liberté, ni moi, ni les garçons ne voulions qu'elle s'en aille. Elle était une boule d'énergie, toujours pleine d'enthousiasme et d'entrain qui savait redonner le sourire à tout le monde, même au Livaï constamment boudeur.

- Tu sais où ils sont allés ? Lançais-je à ma coéquipière par dessus mon épaule alors que nous nous élancions au dessus des habitations.

La sensation de légèreté que me provoquait l'utilisation de l'équipement tridimensionnel m'avait tout de suite fait oublier à quel point mon cerveau menaçait d'exploser tant il me faisait mal. Je ne comprenais pas d'où provenait cette douleur et encore moins pourquoi j'en étais sujette, mais le fait de me sentir aussi légère qu'une plume en sautillant d'immeuble en immeuble, comme si la notion de gravité n'existait pas, me faisait tout de suite me sentir mieux.

- Quartier nord, on doit se débarrasser d'un chef de gang qui terrorise tout le monde là bas. Ils ont déjà tué plusieurs gamins et sans aucunes raisons valables, m'expliqua-t-elle en effectuant des figures aléatoirement dans les airs.

BROKEN HEARTS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant