CHAPITRE 38

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POINT DE VUE EXTERNE

Annie tentait de garder son calme, et son air habituellement impassible. Mais les choses avaient mal tourné durant sa dernière attaque. La jeune fille, détentrice du titan féminin, s'était faite surprendre par la femme du soldat qu'ils redoutaient tant.

Ils.

Elle et ses deux frères d'armes. Ces petits guerriers entraînés à vaincre les démons de cette minuscule île. Les démons, il s'agissait là du surnom que les gens de leur pays avait attribué aux habitants de Paradis, pays cloîtré aux creux de ces trois murs.

La blonde effectuait les cents pas dans la petite ruelle débouchant sur un cul de sac, où elle avait donné rendez-vous à Reiner et Bertolt, respectivement titan cuirassé et colossal. Des petites gouttes de sueur perlaient sur son front, qu'elle essuya d'un geste rapide, du dos de sa manche.

— Enfin ! Vous voilà ! S'exclama-t-elle en apercevant le géant d'un mètre quatre-vingt-dix et le plus petit des deux adolescents, à la carrure imposante.
— On prend des risques en venant ici, tu te rends compte de ça ? S'énerva légèrement Bertolt, dont le tempérament était pourtant si doux habituellement.

Le brun croisa ses bras sur son torse, et tapait nerveusement du pied contre les pavés qui recouvraient le sol. Reiner, lui, semblait moins impatient de connaître la raison qui avait poussé sa camarde à les réunir d'urgence. Lorsqu'il avait reçu sa lettre, les forçant gentiment à la rejoindre le lendemain, plusieurs questions s'étaient accumulées dans sa tête, sans qu'il ne puisse répondre à aucune d'entre elle. Il était effrayé à l'idée d'être démasqué, tout d'abord parce qu'ils n'avaient pas encore honoré leur devoir en ramenant le titan originel à sa place légitime, chez eux. Deuxièmement, car au moment même où leur réelle identité éclaterait aux yeux de tous, cela signerait également la fin des liens forts qu'il avait tissé avec les autres gamins de la 104 ème brigades d'entraînement. Reiner était de plus en plus mal à l'aise à l'idée de trahir ses nouveaux amis et il était certain qu'ils n'avaient rien des démons décrits durant ces cours, à l'école militaire. Rien en Connie, Sasha, Eren, Armin, Jean ou encore Mikasa n'était terrifiant. Bien au contraire. Tous était aimants avec lui, sincères et tellement attachants. Alors parfois, le cuirassé était certain que leur mission était noble, et la seconde d'après, il aimait croire que sa vie de soldat au sein du bataillon d'exploration était réellement la sienne.

— J'ai faillis crever, annonça enfin Annie, tripotant l'embout pointu de la bague qu'elle portait à son index.
— Ouais, ça on l'avait compris, ironisa Reiner, va droit au but.
— Non, je crois que vous saisissez pas bien, dit-elle en reprenant les cent pas qu'elle effectuait plus tôt.

Les deux jeunes hommes la regardèrent aller et revenir. Il était inutile de tenter de la calmer lorsqu'elle était dans un état pareil, ça ne conduirait qu'à empirer les choses.

— Au delà du fait que j'ai complètement foiré cette mission, j'ai été à deux doigts de perdre mon durcissement. Ça ne m'était jamais arrivé !

Leurs yeux s'écarquillèrent, alors qu'ils comprirent enfin la gravité de la situation.

— J'ai fais face à la dernière Elenia du clan, déclara la détentrice du titan féminin, qui s'était stoppée devant les deux autres.
— Quoi ?! C'est impossible !
— Ils nous ont dis qu'elle était certainement morte ! Ajouta Bertolt, tremblant d'effroi.
— « Certainement » ne veut pas dire sûr à cent pour cent. Elle a fissuré mon Crystal à main nue. Elle ne s'en ai pas rendu compte, et heureusement. Si le caporal-chef avait cru en ses capacités à ce moment là, elle n'aurait eu aucun mal à m'extirper de mon titan.

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