CHAPITRE 47

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— Le gouvernement central en a après Eren et Historia, annonça Livaï, alors que notre humble demeure n'était plus qu'un tas de cendre fumant en contre bas.

Je terminai de resserrer les ceintures de mon équipement, tandis qu'Hansi tenait son menton entre son pouce et son index, les sourcils froncés.

— S'ils savent qu'on en a après les Reiss, alors ils cherchent forcément à préserver le secret qui entoure les murs, en conclut-elle, le regard perdu dans le vide.
— Ils en ont aussi après nous, ajouta le haut gradé, un mandat d'arrêt a été lancé envers le bataillon dans son ensemble, et les explorations sont suspendues jusqu'à nouvel ordre.
— Des membres des brigades spéciales sont déjà chez le major, je les ai vu arriver lorsque je venais ici pour vous ramener sa lettre, ajouta Nifa.

La situation était bien plus préoccupante que nous le pensions. Si les brigades avaient la main mise sur le cerveau des opérations que nous menions en douce depuis plusieurs semaines, nous allions devoir nous débrouiller seuls. Les adolescents avaient l'air déboussolés, et il était évident que les problèmes politiques paraissaient incompréhensibles à leur jeune âge. Pourtant, ils restaient là, près à en découdre alors que nous ne connaissions que trop peu notre ennemi.

— Nous nous rendons à Trost, annonça Livaï, à la surprise générale, le chaos qui y règne nous permettra de nous fondre dans la masse, et l'utilisation de ça, dit-il en écartant légèrement sa cape du haut de sa cuisse pour dévoiler l'équipement qu'elle dissimulait, nous sera plus simple là bas.
— Bien, moi je rejoins Erwin, déclara la scientifique en grimpant sur son cheval. On se tient rapidement au courant !

Elle était partie avec Moblit, tandis que le reste de son escouade avait été réquisitionnée par le caporal-chef, en personne. Il avait établi un plan, simple et rapide afin d'attirer l'ennemi dans nos filets. Jean et Armin se déguiseraient en Eren et Historia, dans le but de faire diversion. Si la première division cherchait à s'emparer de nos adolescents, il suffirait de mettre les doublures en avant, et de positionner les deux autres dans un charriot que nous laisserions en déplacement constant, et que nous garderions toujours à l'œil.

Les rues de Trost étaient bondées de monde ce jour là, et pour cause. Le roi distribuait des vivres en grande quantité pour fêter la mise en place de la monarchie au sein des murs. Quoi de mieux que de nourrir un peuple convenablement pour l'amadouer et lui faire oublier les tensions qui régnaient au sein de son royaume ? Les cœurs étaient en fêtes, et nous, nous nous faufilions, comme les fugitifs que nous n'étions pas réellement. Les mains posées sur les sangles de mon sac à dos, je scrutais les alentours, à la recherche du moindre indice, du moindre mouvement pouvant alerter mes sens. Si tout fonctionnait bien, Armin et Jean se feraient enlevés, tandis qu'Eren et Historia continueraient de sillonner les rues dans leur roulottes, à l'abris.

Mon oreille eut un mouvement léger, imperceptible aux yeux des autres, alors qu'un bruit de roues frappant les pavés me fit faire volte face, stoppant net l'avancée de mes partenaires dans mon dos, et de mon mari à ma droite. Personne n'avait la permission de rouler ici, les grandes avenues avaient été fermées aux calèches pour permettre les festivités.

— Un pas en arrière ! Ordonna Livaï d'une voix puissante.

J'attrapai le sac de Sasha et la tirai contre moi, alors qu'elle avait laissé son regard se balader sur toutes les jolies denrées alimentaires, étalées un peu partout autour de nous, sur des stands tenus par des civils. Je ne pris pas le temps de la réprimander sur son manque de concentration, bien trop accaparée par le chariot qui avait manqué de nous renverser, emportant sur son passage Armin et Jean, comme prévu.

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