NIGHTMARE 2 - Dystopique [MxM] [terminé]

10 - Wagon bar [partie 1/3]

 Durant de longues minutes, je fus incapable de restreindre les pleurs qui dévalaient mes joues. Je ne comprenais pas pourquoi j'agissais de la sorte. J'avais pourtant passé un excellent moment avec lui, alors, pourquoi avais-je l'impression de souffrir le martyr ?

Une fois la crise de larmes terminée, j'allais me rafraîchir aux lavabos. Cette fois, j'étais certain d'être en retard. Face aux miroirs, mes yeux boursouflés et rouges me firent de la peine. Maintenant que je me sentais un peu mieux, je pouvais réfléchir, mais j'avais beau retourner la situation dans tous les sens, il n'y avait que son départ qui m'avait brisé le cœur. En baissant le regard, je vis la constellation de suçons qui parait mon cou et je ne sus pas trop quoi en penser. Quand je tentais de décrypter le comportement de Nightmare, il était évident que quelque chose clochait. Nos retrouvailles d'aujourd'hui s'étaient révélées être bien plus intimes que prévu. Ce n'était pas tant le fait que nous soyons allés aussi loin, mais plutôt la façon dont nous avions agi l'un envers l'autre. Notre attitude induisait bien plus qu'un banal plan cul et pourtant, il refusait toujours que je le voie ou que je l'entende.

Sur le chemin du café, je faisais franchement la tronche. J'en étais arrivé à la conclusion que seul un ultimatum pourrait déverrouiller la situation. En me rendant au bureau, j'allais m'installer derrière mon ordinateur afin de partager les tâches envoyées par Carole à Anastasia et Chris, puis je pris naturellement la voie des archives. Une belle demi-heure plus tard, alors que j'étais assis au milieu de plusieurs tas de dossiers éparpillés, le grincement de la porte retentit. J'entendis bientôt Logan m'appeler et je l'invitai à me rejoindre. Lorsqu'il débarqua dans ma rangée, il siffla.

— Eh ben, quel bordel !

— Ne m'en parle pas, j'ai trois cartons à classer, c'est l'enfer. Tu as besoin de quelque chose ?

En me tournant vers lui, je le trouvais à me fixer.

— Tout va bien ? m'inquiétai-je.

— C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question. T'as pleuré ?

Je baissai les yeux, embarrassé qu'il ait pu le remarquer.

— Tu sais que tu peux me parler s'il y a quelque chose qui ne va pas, hein ?

Je pris sa phrase en considération. Logan était un ami loyal et je savais qu'il traînait en soirée libertine, alors... Je ne risquais pas grand-chose à lui en dire un peu plus sur Nightmare.

— En fait... J'ai rencontré un gars, débutai-je.

Il s'assit à côté de moi, dos aux étagères, visiblement prêt à écouter.

— C'est... Comment dire... Je l'ai croisé sur une appli et même si on s'est déjà donné rendez-vous, je n'ai jamais vu son visage. Quand on est ensemble, je ne dois pas le regarder et il ne prononce pas un mot. Sauf que... enfin, on s'entend très bien, vraiment très bien, mais je veux plus. Et lui... il m'a dit que notre relation lui plaisait comme ça. Mais moi, elle me frustre.

— Mais comment vous pouvez vous donner rendez-vous sans vous voir ni vous parler ? Dans quoi tu t'es embarqué, Bébéliah ?

Mes joues prirent une teinte rosée. Est-ce que je pouvais me permettre de tout lui dire ?

— Est-ce que... Si je t'avoue quelque chose, tu me promets de pas me juger ?

Il secoua la tête.

— Je promets rien du tout. Si tu te mets en danger, crois-moi que je te jugerais très fort.

Je fis la moue.

— Je me mets pas en danger. En fait, je suis sur une appli pour rencontrer des gens pour... pour...