6 - Les autres passagers [Partie 1/3]

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 Lorsque je m'éveillais le lendemain, j'eus l'agréable sensation d'avoir fait une bonne nuit. Je me sentais reposé et plein d'énergie. Cependant, ce sentiment d'apaisement ne dura que l'espace d'une seconde ; les souvenirs de la veille m'assaillirent avec une violence que je n'aurais pas pu soupçonner. Les courbatures restreignaient mes muscles et ma langue, bien que plus vraiment douloureuse, demeurait gênante.

Mes premières pensées allèrent à Mickaël. Ne pas pouvoir lui parler était dur, mais j'étais certain qu'il ne voulait pas me voir et que je devais lui laisser quelques jours pour que sa colère retombe. Néanmoins, l'obligation de réparer l'écran de mon portable était pressante, car il n'avait aucun autre moyen de me joindre.

Je me levais laborieusement, m'extirpant du lit vide avec quelques grognements pour me rendre dans la pièce de vie à la recherche d'un café. Je lançai un bonjour approximatif aux deux zombies, affalés dans le canapé et ils me répondirent sur le même ton. Apparemment, nous étions trois à ne pas être du matin.

Une fois le liquide chaud accompagné de deux sucres ainsi que du lait versé dans une tasse, j'allais les rejoindre au salon et pris place à côté de Logan.

— Bon les gars, j'ai un cours à onze heures, donc je vais devoir vous laisser, nous annonça Ambre en bâillant.

Elle finit son café d'une traite puis, après avoir rangé son bol dans le lave-vaisselle, elle prit la fuite en nous souhaitant une bonne journée. J'en profitai pour scruter mon ami. C'était drôle de le voir avec sa tête du matin ; ses cheveux noirs allaient dans tous les sens. En réfléchissant un peu, j'en vins à la conclusion que les miens ne devaient pas être en meilleur état.

— Alors, on va où ? investiguai-je en soufflant sur le contenu fumant de mon mug.

— Je ne te donnerai pas la satisfaction de me tirer les vers du nez. Mais on va pas tarder si c'est bon pour toi, comme je t'ai dit, on a un peu de route.

— Longtemps ?

— Une bonne heure et demie.

Je fus étonné qu'il veuille m'emmener si loin, mais même si la curiosité me titillait, je fis mon possible afin de me hâter. Je bus mon café, allai prendre une douche rapide qui soulagea mes douleurs et trente minutes plus tard, nous étions de nouveau assis dans sa voiture qu'il démarra en trombe.

Nous passâmes aussitôt dans une boutique de mon opérateur afin que je laisse mon téléphone en réparation. Ils me l'échangèrent avec un autre que j'allumai immédiatement. Sans surprise, je n'avais aucune nouvelle de Mickaël. Devant l'évidence de son rejet, mon cœur se serra ; il devait vraiment être en colère contre moi. Attristé, je rangeais mon appareil et nous reprîmes la route, quittant vite la ville pour l'autoroute sans que Logan ne veuille me dévoiler quoi que ce soit. Après quelques kilomètres passés dans un silence reposant, je me décidais l'interroger sur un sujet qui me brûlait les lèvres depuis des mois.

— Logan, je peux te poser une question ?

Il haussa un sourcil, attendant que je poursuive.

— Pourquoi tu détestes tant Mickaël ?

Un long soupir s'extirpa de mon collègue.

— Tu veux vraiment parler de lui maintenant ?

— J'aimerais seulement comprendre..., avouai-je.

Il laissa quelques secondes s'écouler avant de me répondre.

— OK, je vais te raconter. Lui et moi, on est entrés à peu près en même temps dans la boîte. Je ne t'apprends rien en te disant qu'il est ambitieux, eh bien, sache qu'il l'a toujours été. On m'a proposé le poste de responsable de service environ deux ans après mon arrivée. L'actuel partait en retraite, j'avais les capacités pour le remplacer donc, le choix des grands chefs s'est posé sur moi. Il n'y a eu que lui pour clamer que c'était une mauvaise idée. Alors, bien sûr, je n'ai aucune preuve, mais j'ai la certitude que c'est lui qui m'a créé cette réputation de « monstre » au boulot. L'une de mes collaboratrices a perdu ses parents dans un accident, elle a eu beaucoup de mal à rebondir et a fini par démissionner à cause d'une lourde dépression. Seulement quelques jours après son départ, tout le monde prétendait que c'était de ma faute. Je sais que travailler avec moi est dur. Je pousse mes collègues à leur maximum et les résultats sont là, cependant je ne crée pas de burn-out chez mes subalternes.

NIGHTMARE 2 - Dystopique [MxM] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant